Le premier forum économique algéro-français, organisé, jeudi à Paris, a lancé un appel aux PME à investir dans les deux pays pour redynamiser leurs liens économiques et peser, ensemble, sur le marché africain, en dépit des freins rencontrés de part et d'autre. «Mes amis, qu'attendez-vous pour venir prendre part au «miracle économique» algérien?», a lancé le président de la Chambre algérienne de Commerce et de l'Industrie (CACI), Mohamed Laid Benamor. «Nous avons besoin de l'apport des PME françaises pour diversifier notre économie et renforcer notre tissu industriel», a, pour sa part, souligné Ali Haddad, président du Forum des chefs d'entreprises (FCE). «Nous sommes convaincus que les investissements français, qui sont de moins de 2 milliards d'euros, aujourd'hui, peuvent évoluer, rapidement, pour atteindre les 10 milliards, au cours des 5 prochaines années », a-t-il ajouté devant quelque 300 participants, réunis dans la capitale française. « Nous marquons notre grande disponibilité à accompagner les entreprises françaises, sur le marché algérien pour leur éviter les embûches bureaucratiques et rendre viable et simple la règle 51/49 », a déclaré M. Haddad, dans son intervention, à la 1re édition du Forum économique algéro-français. L'Algérie prévoit, elle-même, de débloquer plus de 260 milliards de dollars d'investissements publics en 5 ans. M. Haddad a dit vouloir que les entreprises françaises qui bénéficient «d'avantages considérables» en Algérie «privilégient désormais» les options à «long terme» dans leurs relations avec les entreprises algériennes. «Nous avons besoin de leur apport pour diversifier notre économie et renforcer notre tissu industriel», a-t-il expliqué. «L'Algérie est un terrain prioritaire et facile d'investissements », a assuré Jean-Claude Volot du Medef, la principale organisation patronale française. «C'est plus simple que de s'installer en Chine». Les Chinois, justement, sont devenus les premiers fournisseurs de l'Algérie, en 2013, au détriment de la France qui avait gardé ce rang pendant un demi-siècle. «PEUT MIEUX FAIRE» Actuellement, 450 entreprises françaises, dont quelques grands groupes comme Alstom, Lafarge, Danone ou encore Renault, mais surtout des TPE et PME, sont implantées, en Algérie, ce qui représente 40.000 emplois directs et 100.000 emplois indirects, selon la CACI. Il y a 7.000 entreprises françaises qui exportent, vers l'Algérie, dont l'économie dépend, entièrement, des hydrocarbures. «Peut mieux faire» des deux côtés, s'accordent à dire tous les intervenants au forum qui s'inscrit dans un «partenariat stratégique», signé par les deux pays, en décembre 2012. D'autant que stratégiquement, la France représente une «porte d'entrée vers l'Europe» et l'Algérie une «ouverture sur le continent africain». «On ne peut aller en Afrique qu'avec un partenariat franco-algérien», soutient le vice-président du FCE, Brahim Benabdeslam. «Utilisez l'Algérie comme un «hub» pour vos exportations vers l'Afrique». Les atouts d'une économie francophone, aux fondamentaux solides, dotée de grandes réserves minières et d'un «riche capital humain» de 40 millions d'habitants, sont égrenés à l'envi. DES FREINS PERSISTANTS Mais certains investisseurs étrangers sont découragés par le principe dit des 51/49 qui les oblige à constituer une co-entreprise avec un partenaire algérien, qui la détienne à hauteur d'au moins 51%. De plus, la bureaucratie freine, aussi, l'investissement, reconnaissent certains participants. Au Medef, « on préfère un «49/51» dans la structure du capital, affirme M. Volot qui comprend le réflexe algérien de protection, concernant les investissements stratégiques mais «pas pour les activités courantes». Cette règle «n'est peut-être pas amenée à être éternelle» mais «elle est indispensable, à ce stade, pour garantir la pérennité des projets», rassure-t-on côté algérien. Autres handicaps de l'Economie algérienne: le marché informel et les conditions de transfert de devises compliquées. L'Algérie, qui a été contrainte de réviser son budget, en raison de la dégringolade des prix du pétrole, s'est engagée, cette année, à durcir la lutte contre la corruption, le commerce informel et les transferts illégaux de devises. «L'Algérie est le seul pays au monde où il faut une autorisation pour créer de la richesse», avait déploré, mardi, le patron de «Cevital», le groupe algérien qui a racheté le fabricant d'électroménager «Brandt», en avril.