La ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, apparemment surprise par l'étendue de la fraude durant la session 2015 du baccalauréat, a annoncé, hier samedi, qu'elle compte éradiquer ce phénomène, tout en annonçant la nécessité d'introduire des réformes le plus vite possible de l'école algérienne. Dans une conférence de presse au Lycée de mathématiques de Kouba à Alger, elle a indiqué qu'il y a eu lors de cette session 456 cas de fraude avérée, et a affiché sa volonté de sévir contre ce phénomène. Pour elle, il est impossible «de passer sous silence» ce phénomène, comme elle a affirmé qu'elle oeuvrera toujours à permettre l'égalité des chances entre tous les candidats. «Des mesures draconiennes seront prises par le ministère en 2016 pour éviter ce type de comportements par l'utilisation des nouvelles technologies de communication», a-t-elle souligné, indiquant qu'un large débat sur ce dossier sera engagé au mois de juillet prochain lors des assises du secteur. Pour autant, elle va plus loin et affirme que ces manoeuvres délictueuses visent directement l'Etat. «C'est l'Etat qui est visé par les événements qui ont caractérisé le baccalauréat session 2015'', a-t-elle dit. Mieux, elle affirme que «ce n'est pas moi qui suis visée, mais l'Etat on a voulu atteindre, par le biais du baccalauréat, le cœur même de l'Etat», ajoute-t-elle. Quant à la possible implication d'enseignants dans ce phénomène de fraude, elle a expliqué que pour elle, «la majorité des enseignants est intègre. Il serait injuste de blâmer tous les enseignants». «L'école est l'affaire de tous, et le ministère prendra ses responsabilités en luttant contre la fraude dans les examens», a-t-elle encore relevé, avant d'annoncer qu'elle compte «introduire un changement radical dans certaines méthodes pédagogiques d'enseignement, demandant à tous les concernés de préparer le cadre de demain». Elle a dans ce cadre rappelé le projet des pouvoirs publics de revoir le fonctionnement actuel du système scolaire, en particulier la mise en place de réformes dans le cycle primaire. «Il est grand temps de revenir aux fondamentaux de l'éducation», a-t-elle indiqué. La session 2015 du baccalauréat a été émaillée de certains faits d'armes peu glorieux dans certains des 2500 centres d'examen, par des tentatives de triche par l'utilisation des réseaux sociaux avec l'introduction de smartphones équipés de puces 3G. Dans une première réaction à ce phénomène, au 1er jour des épreuves de cet examen, l'inspecteur général du ministère de l'Education nationale, avait annoncé que le ministère pense d'ores et déjà à mettre en place en 2016 des brouilleurs, pour éviter de tels stratagèmes de fraude. «Nous comptons demander à l'ONEC de se doter de brouilleurs pour les prochaines années, et que nous devons développer pour que tous les centres d'examen puissent avoir leurs brouilleurs, ainsi que des détecteurs de métaux», a-t-il dit, ajoutant qu'il «faut un budget spécial pour cela et pour cet aspect, on va avancer les arguments nécessaires pour avoir ce type d'appareils». Mais tout n'a pas été parfait pour ce Bac 2015, notamment avec l'erreur dans l'énoncé d'une épreuve d'arabe. Si la ministre de l'Education avait promis des sanctions, M. Messeguem, lui, estime que «l'ONEC fonctionne depuis 20 ans, le dispositif a pris de l'âge, il va falloir l'inscrire comme dossier à réformer».