Un vibrant hommage a été rendu avant-hier à certains chouyoukh du malouf, z'djel, istikhbar, mahdjouz et autres références du patrimoine musical constantinois par le département du patrimoine immatériel et arts vivants du Commissariat de l'année également musicale Constantine capitale de la culture arabe''. Ce département signale sa remarquable présence parmi les autres départements de ce commissariat, par une luxueuse exposition Aswat à la Nouba'' qui s'étalera du 12 juin au 12 novembre 2015 au palais de la culture Malek-Hadad. Ainsi, la soirée musicale animée avant-hier, par l'artiste Touati Toufik, a puisé dans l'original répertoire musical des chouyoukh à l'honneur, Hassouna Ali Khodja (1896-1971), Ahmed Bastandji (1875-1946), Abdelkrim Bastandji (1886-1940), Belamri Mohamed Elaarbi (1893-1966). Avec la promesse faite par ce département de continuer sur cet élan, une fois par mois, jusqu'à ce que cette exposition prenne fin, pour saluer la mémoire de tous ces artistes chanteurs et musiciens, qui ont marqué et la mémoire des Constantinois par leurs personnalités hors norme et le patrimoine musical. Le principe de cette exposition audio, « première du genre en Algérie », souligne ses concepteurs, est de faire intégrer le visiteur dans le scénario de l'exposition. Tout a été méticuleusement scénarisé, chaque planche numérotée, retraçant une étape marquante de l'épopée de la musique andalouse, est accompagnée d'un court texte et un tableau de peinture en lien avec le thème et pour ce faire, une collaboration des artistes peintres algériens a été nécessaire, dira-t-on. Partant du constat que le visiteur n'est pas souvent attiré par la lecture des planches exposées, les concepteurs ont opté pour faire parvenir les textes jusqu'aux oreilles du visiteur assis confortablement sur l'un des poufs dont est judicieusement meublée l'exposition, sans dépenser trop d'énergie de concentration. Muni d'un kit oreillettes et d'une télécommande, le visiteur n'aura qu'à taper le numéro de la planche, sur sa télécommande pour écouter, s'il le désire, le texte auquel il fait face, dans son entière intégralité; « on fait vivre le visiteur dans le scénario », ajoutent les concepteurs. La musique et le chant arabes trouvent leur origine, selon des historiens arabes auxquels ce département a fait appel pour l'accomplissement de cette exposition, dans le Houla'', les sons émis par les bédouins dans la péninsule arabe, avant l'islam, au rythme de la marche des chameaux. Des Moallaquates'', ces célébrissimes poèmes écrits en or sur les pans couvrant la 'Kaaba'', jusqu'aux Omeyyades, ensuite les Abbassides, de Damas à Bagdad, la saga des Mawsili et le génie de Ziriab, de Cordoba au Grand Maghreb, aucune note ne manque à la symphonie qui a donné naissance à la musique andalouse. On apprendra par ailleurs que Aswat'' sont ces sept compositions correspondant à sept anciens poèmes, appelées aussi les sept forteresses de Abi Ayad, ce poète mort en l'an 704. L'islam était en pleine expansion à Médine, la priorité était donc à la conquête de nouvelles contrées, s'occuper de la musique était pendant cette période très humiliant. On doit, donc, aux Grecs, Perses et autres Byzantins installés en terre d'islam, la conservation de cet ancien héritage. Toujours selon le même procédé, des films documentaires sont proposés aux visiteurs qui n'auront qu'à diriger leur télécommande vers l'un des écrans et en un clin d'œil, ils se retrouvent dans la plus absolue des intimités dans cet univers si lointain et si proche aussi de cette musique andalouse, ses poètes, ses musiciens, ses chanteurs, et ses toubou' propres à chacun des pays du Grand Maghreb. Avant de franchir la porte de sortie, le visiteur s'offrira le plaisir de répondre aux questions d'un quiz proposé sur des écrans, afin de tester ses connaissances acquises à travers les stands de l'exposition et les fixer. Les congrès marquant la transcription de cette musique, l'histoire du luth'' ou ôud, la qaada des musiciens, les lieux de partage de ce patrimoine, les bouyout et les f'nadek, les sites de villégiature et la fabrique de tabac de Bentchicou.