La question grecque et celle des drames en Méditerranée des migrants fuyant les guerres seront les principaux sujets à l'ordre du jour du Sommet européen qui s'ouvre aujourd'hui à Bruxelles. Le Sommet de l'Union européenne (UE) qui se tient ce jeudi et vendredi à Bruxelles mettra-t-il fin au désordre qui mine les politiques communes de l'Union, menace son avenir et celui de l'équilibre géostratégique autant dans la région euro-méditerranéenne que dans le reste du monde ? Plusieurs sujets d'intérêt international sont à l'ordre du jour, dont ceux relatifs à la crise grecque, la question de l'afflux des réfugiés en Méditerranée et celle de la sécurité, défense et lutte contre le terrorisme international. Des dizaines de réunions de ministres, d'experts et de diplomates ont précédé et continuent de se tenir ces derniers mois, avant et après les rencontres des chefs d'Etat et de gouvernement, pour mettre en place une stratégie commune de l'Union face au bouleversement des données géostratégiques mondiales sans que l'UE trouve le chemin de sortie définitive de la crise économique et financière dans laquelle elle patauge depuis 2008 et surtout de crise politique qui ouvre des boulevards aux partis d'extrême droite qui frappent aux portes des pouvoirs dans beaucoup de pays européens. C'est pourquoi la problématique grecque devrait trouver une solution, au moins provisoire, qui permettrait à ce pays de rester à la fois dans la zone euro et d'éviter de revenir à un régime d'austérité qui a aggravé son sort depuis 2010. C'est que le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a surpris les experts du FMI et de la Banque centrale européenne en étalant sur la table des négociations un plan financier et économique imparable : il augmentera la TVA sur les biens de consommation de luxe (tourisme et produits technologiques de haut de gamme entre autres), taxera plus le capital financier et les grosses fortunes, mais maintiendra le filet social pour la protection des plus faibles (maintien des plafonds de retraites, subvention des médicaments, de l'éducation, etc.) et soutiendra les produits de large consommation. Quant aux réforme structurelles, il s'attaquera à la délinquance fiscale, ne renouvellera pas pour les trois ans à venir les départs à la retraite des fonctionnaires, etc. Une batterie de mesures qui évitera des pressions supplémentaires au peuple grec et permettra de dégager des marges dans le budget de l'Etat (1% du Pib pour 2015) aux fins de satisfaire les créanciers. L'UE autant que les créanciers de la Grèce ont donné des signes de satisfaction aux propositions grecques dès la réunion de lundi dernier à Bruxelles. Une façon pour les deux parties, Grèce et reste de l'UE, de sortir par le « haut » de cet affrontement qui n'en finissait plus. La question grecque « apaisée », il reste à l'UE de s'entendre sur l'autre gros sujet de discorde : l'afflux des réfugiés en Méditerranée et aux frontières Est de l'Union. REFUGIES DES GUERRES Les chefs d'Etat et gouvernement devront se prononcer sur les propositions de la Commission européenne du mois dernier : le partage du nombre de réfugiés qui affluent régulièrement par mer et par terre, fuyant les guerres et violences politiques. Rappelons que la Commission européenne avait proposé la répartition des réfugiés entre les 28 Etats en fonction de critères bien définis : niveau du Pib, taux de chômage, nombre de population, nombre de réfugiés déjà accueillis, etc. Cette proposition a soulevé des réactions ridicules, absurdes et des discours à connotation raciste chez certains dirigeants européens (France, Royaume-Uni, Danemark, Hongrie, Pologne). En parallèle, l'UE a lancé le 22 juin son opération « Eunavfour Med » en Méditerranée. But annoncé : s'attaquer à la logistique des trafiquants en mer et jusqu'aux côtes libyennes. Autrement dit c'est une armada militaire considérable qui est engagée dans une guerre en Méditerranée contre les rafiots et autres barques utilisés par les passeurs. C'est flou et imprécis : comment couler des rafiots en mer tout en sauvant les réfugiés qui s'y entassent ? Encore une fois, l'UE centre ses forces pour s'attaquer aux effets et non aux causes qui poussent des milliers d'enfants, de femmes, de jeunes et moins jeunes sur les routes de l'exil au prix de leur vie. Au-delà de la responsabilité de l'Europe dans le désastre et les guerres qui frappent des pays au Sud Méditerranée, l'Europe n'a, à ce jour, pas fait appel aux pays sud-méditerranéens pour réfléchir et travailler ensemble sur la question des réfugiés. Les pays sud-méditerranéens sont devenus, eux aussi, des pays d'accueil et de transit de migrants africains et moyen-orientaux (Syrie, Irak). Entre guerre, misère sociale, dictatures au sud et crise économique et politique au nord de la Méditerranée (Europe), les ingrédients d'un risque pour la stabilité et la sécurité de tous sont réels et pèsent de plus en plus sur la paix régionale d'une manière générale. Il est clair que tant que dureront les crises et guerres, le flux des réfugiés continuera et prendra des proportions toujours plus importantes. C'est pourquoi l'UE ne devra pas se contenter d'y opposer la seule force des armes et construire des murs. Elle est en devoir d'assumer sa part de responsabilité en accueillant de façon plus généreuse les victimes de guerres et surtout de s'engager pour aider à la paix dans les régions en guerre.