L'ouverture, hier samedi, du jardin citadin aménagé sur le prolongement de « Front de mer » de la ville était fortement empreinte de la candidature d'Oran aux Jeux Méditerranéens 2021. Cet étendu espace de verdure donne vue sur la « Grande Bleue » et côtoie l'immobilier de grand standing d'El-Bahia sur la frange maritime. C'est la raison pour laquelle les autorités ont trouvé en ce coin l'endroit idéal pour tenir lieu de « fief » de la campagne promotionnelle et publicitaire sensée être l'expression de la société civile qui revendique l'accueil par leur ville des JM-2021. Il est vrai qu'à la veille de cette cérémonie inaugurale, les pouvoirs publics locaux se sont lancés dans un exercice communicationnel - sans pour autant forcer le trait pour ne pas mettre en saillie la mobilisation institutionnelle des masses - à l'endroit du mouvement associatif et civil à l'effet de faire de l'animation sur le thème « JM-2021 » simultanément avec l'inauguration de ce parc citadin, baptisé d'ailleurs « Méditerranéen ». Néanmoins, il y avait une bonne part de spontanéité dans la réjouissance collective et la joie populaire qui se sont étalées sur ce pan de verdure fraîchement créé, car il n'y avait pas que des foules au profil associatif et partisan arborant des banderoles ainsi que des troupes folkloriques qu'on loue en pareille circonstance, mais également des milliers d'Oranais venus, selon toute apparence, de leur propre chef et de leur plein gré pour exprimer, chacun à sa façon, leur soutien à la candidature de leur ville pour cet évènement dont la portée va au-delà du sportif. Or, le plus grand acquis, celui permanent en tout cas par rapport au fait éphémère des JM, pour les citoyens de la ville, ce sont ces dizaines d'hectares de verdure, et lieu de rencontre et de loisir de familles. En effet, selon des sources bien au fait des rouages de la gestion locale, ce foncier de haute valeur immobilière était convoité de toute part, depuis l'histoire ancienne du fameux mégaprojet d'investissement du groupe saoudien « SNASCO », qui aurait voulu mettre un sacré paquet de 400 millions de dollars sur une assiette de 150 000 m2 comprise entre le tribunal administratif (Es Seddikia) et le Méridien, jusqu'au dernier épisode du non moins fameux parc d'attraction, comprenant roue géante, montagnes russes et jeux aquatiques, qu'un privé aurait voulu réaliser sur place en partenariat avec des Portugais, en passant par bien d'autres projets promotionnels privés. Ainsi, il aura fallu résister à une série de tentatives de « privatiser » ce foncier, mais surtout mettre en place, depuis fin 2013, un bouclier « étatique » protecteur autour de ce domaine trop désiré, esplanade de Sidi Mhamed comprise, pour le sauvegarder au profit des citoyens sous forme d'un lieu de détente sans passer via la formule de mise en concession. Le jardin citadin méditerranéen d'Oran - pour s'en tenir à l'intitulé officiel - réalisé en 11 mois (de août 2014 à juillet 2015) sur 50 000 m2, par une entreprise privée via la direction de l'Environnement (maître d'ouvrage) ainsi que l'EPIC Oran Vert pour le lot relatif à la plantation, aura sa propre structure de gestion, a précisé hier le wali. Tout est pris en charge par ce gestionnaire interne : l'entretien, la sécurité, les prestations de services pour les visiteurs, la pépinière, etc. Cet espace vert grandeur nature ne se veut pas un simple jardin public, à l'instar de celui de M'dina Djdida, d'El-Othmania ou la «Promenade de Létang», c'est-à-dire un terrain enclos, paysagé et planté, destiné à la promenade et à l'agrément du public, mais plutôt un parc citadin conçu de la même façon que les lieux urbains et bénéficiant des mêmes attentions que les bâtiments officiels, avec à la clé une architecture et un mobilier spécifiques dans cet espace à mi-chemin entre la ville et la nature. En fait, ce jardin n'est pas implanté sur 25 hectares d'un seul tenant, mais sur deux sites très légèrement séparés l'un de l'autre. Le premier, celui inauguré hier, côtoie la frange maritime d'Oran, pratiquement entre le tribunal administratif sis Es Seddikia et l'hôtel Méridien. Quant au second site, dont les travaux n'ont pas encore commencé, il se trouve du côté du boulevard Millenium. En marge de l'inauguration, le chef de l'exécutif de la wilaya a souligné « l'importance de ce jardin qui vient d'être réapproprié par les citoyens d'Oran », une ville qui accuse toutefois un déficit en matière d'espaces verts, de loisirs et de détentes. D'un coût de 18 milliards de centimes, la 1ère tranche de ce projet de jardin citadin a consisté en la réalisation, dans un premier temps, d'un parc aux multiples facettes, avec principalement la mise en place d'un rideau de verdure doublé de palissades et d'une ceinture d'arbres. La seconde étape a consisté en le boisement d'au moins le tiers du terrain, à l'aménagement d'une aire gazonnée, d'un pont en bois, de passerelles permettant de passer d'une aire de détente à l'autre, de kiosques en bois et de cafétérias, construites à l'aide de structures préfabriquées en bois. Le tout sera entouré, le cas échéant, de nombreux espaces de jeu pour enfants, dont des balançoires, toboggans, mini-trains en bois, glissoires, sablières, radeaux et autres, qui feront la joie des plus petits. Ce lieu idyllique sera également clairsemé de chemins dits de santé, d'une petite centrale photovoltaïque et, côté pratique, de parkings gardés, etc. Et, enfin, cerise sur le gâteau, un grand lac artificiel y sera aménagé.