A voir les grandes pancartes portant les prix de la tomate ou de l'oignon sur les bords des routes, nous avons l'impression que l'Algérien moyen coule des jours faciles'' pour nourrir sa famille, mais ce n'est qu'un leurre depuis deux semaines environ, puisque les prix des fruits et légumes ne sont bas que pour ces deux produits. A cause de la profusion, la tomate est cédée depuis près d'un mois entre 20 et 35 DA avec une qualité plutôt mauvaise alors que l'oignon vaut entre 35 et 45 DA le kilo. En outre, dans de nombreuses régions du pays, il existe deux mercuriales, pour ne pas dire trois, l'une pour les marchés des grandes villes et des quartiers huppés, l'autre pour ceux des petits patelins et une troisième pour les marchands des bords de route qui ne paient ni impôts, ni location, ni autres charges. Ce sont généralement ceux qui vendent leurs produits au plus bas prix, obligés qu'ils sont de tout vendre le plus rapidement possible car ils n'ont pas d'endroit pour stocker leurs marchandises et veulent éviter une éventuelle saisie de la part des services de sécurité. C'est une différence qui va de 10 jusqu'à parfois 40 DA par kilo, selon la qualité du produit. Dans ce contexte, si la tomate coûte actuellement entre 20 et 35 DA sur les bords de la route, elle vaut entre 40 et 60 DA dans les marchés et chez les épiciers des quartiers. L'oignon ne descend pas non plus à moins de 50 DA. Pour les autres légumes et, après avoir été vendus relativement peu cher durant la fin du mois de juillet et la première moitié d'août, leurs prix ont entamé une hausse qui fait grincer le porte-monnaie du fonctionnaire et des smicards. Il faut commencer bien sûr par la reine, dame patate qui, après avoir coûté 35 DA durant une quinzaine de jours seulement, commence à se hisser à des niveaux de plus en plus hauts, au grand désarroi de ceux qui en font leur plat principal et quotidien. Vous pouvez quand même trouver dans certains endroits de la pomme de terre sur les bords des routes, de très mauvaise qualité, à 35 DA mais il faut être véhiculé pour cela. Dans les marchés, le prix de la pomme de terre atteint 45 et 50 DA pour celle produite au nord alors que celle du sud, de meilleure qualité, elle vaut entre 60 et 75 DA le kilo. Le poivron, le piment, la salade verte, l'aubergine, la carotte et la betterave qui coûtaient entre 40 et 50 DA le kilo sont proposés actuellement entre 70 et 100 DA le kilo, soit le double de leurs prix d'il y a quelques jours. La tendance est la même pour le haricot vert qui passe de 80 à 120 DA et plus, pour le haricot à écosser qui arrive à 200 DA alors que la courgette, à un mois de l'Aïd El Adha, a pris des ailes pour être cédée entre 120 et 150 DA au lieu de 60 DA comme elle coûtait il y a juste une dizaine de jours. D'ailleurs nombreux sont les pères de familles qui ont refusé, pour le moment, d'en acheter à cause de son prix hors norme. Pour tous les autres légumes, la tendance est la même et les citoyens commencent déjà à compter leurs sous lors de ces achats quotidiens, contraints qu'ils sont de le faire. Les viandes blanches et rouges ont aussi connu des augmentations importantes malgré la chaleur et une demande plutôt moyenne, ce qui devrait faire baisser leurs prix, mais, en Algérie, les normes sont très perturbées. Pour les fruits, vous pouvez avoir du raisin et des poires entre 60 et 100 DA le kilo, mais il faut dire que la qualité est vraiment médiocre car vous devez en jeter au moins la moitié car impropre à la consommation, soit parce que c'est pourri, soit parce que pas encore mûr. Pour une qualité consommable', il faut compter entre 200 et 300 DA pour le raisin, la même chose pour les poires et les pommes. En fin de saison, la pastèque est passée à 40 et 50 DA le kilo contre 20 et 30 DA il y a une semaine et le melon vaut 100 DA actuellement pour 50 DA il y a quelques jours. Quant à la figue et la figue de barbarie, il faut compter entre 150 et 300 DA le kilo, selon la qualité et l'endroit, bien que les dernières pluies les aient quelque peu détériorées. Quant aux autres produits de large consommation, leurs prix augmentent aussi, mais de manière plutôt discrète, sauf peut-être pour les produits soutenus par l'Etat, comme le sucre, le lait, la farine, la semoule, mais certains individus trouvent toujours un moyen pour augmenter leurs prix de manière détournée. Mais la tomate en boite, les légumes secs, les limonades, les fromages, les yaourts, les chocolats voient leurs prix augmenter rapidement mais sans faire de bruit, peut-être à cause des petites augmentations, mais qui se répètent à quelques semaines d'intervalles seulement. Ainsi, le kilo de pois chiche atteint les 180 DA contre moins de cent dinars l'année dernière, de même que pour le haricot blanc, les lentilles et autres pois cassés. Même si nous ne nous en rendons pas compte aussi, les produits de nettoyage et cosmétiques sont acquis régulièrement par tous les ménages et leurs prix ont aussi connu des hausses sensibles et répétées en un laps de temps assez court. Il serait fastidieux de les citer tous ici, mais le savon de toilette qui valait 50 DA il y a quelques mois en coûte 100 aujourd'hui, c'est le même cas pour le dentifrice ou les couches pour bébés. Et comme la rentrée scolaire intervient dans une quinzaine de jours, les commerçants proposent déjà les fournitures, les cartables et les tabliers aux parents qui se pressent d'en acquérir pour éviter la ruée du début septembre. Les prix, non affichés, ont tous connu une augmentation assez forte, mais ils préfèrent acheter ce dont ils ont besoin maintenant car ils savent pertinemment qu'ils seront plus élevés dans quelques jours. Il ne restera ensuite que le mouton de l'Aïd qui affiche déjà une prétention démesurée à se hisser au plus haut, hors de portée de la majorité des bourses qui feront tout pour l'acquérir, même en empruntant de l'argent ou en vendant les bijoux de famille.