Depuis que la coalition arabe qu'ils pilotent procède à des frappes aériennes au Yémen contre les rebelles houtis et leurs alliés, partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, les Saoudiens organisent de temps à autre des points de presse pour informer les médias du déroulement et des résultats des opérations. Ils ont par contre fait le black-out sur celles terrestres que l'armée saoudienne renforcée par des contingents de troupes émiratis mène sur le sol yéménite. La réalité d'une intervention terrestre saoudienne que Ryadh a cherché à masquer relève désormais du secret de Polichinelle et qui plus est elle tourne à la déconfiture pour les contingents saoudo-émiratis qui y sont engagés. Le bilan des pertes qu'ils ont enregistrées tel qu'officiellement annoncé et par Ryadh et par Abou Dhabi démontre que l'intervention terrestre arabo-émiratie ne se déroule pas avec la facilité à laquelle leurs stratèges militaires ont pu croire à l'estime que les frappes aériennes menées par la coalition arabe auraient grandement émoussé les capacités de résistance et de réplique des rebelles houtis et de leurs alliés. La déconfiture et les pertes pour le corps expéditionnaire saoudo-émirati risquent même de devenir insoutenables pour Ryadh et le Emirats au cas où ils le lanceraient dans une offensive vers Sanaa aux mains des antigouvernementaux et les régions du Yémen où ils bénéficient de l'appui de la majorité de leurs populations. Pourtant c'est bien ce que les Saoudiens sont déterminés à entreprendre avec pour illusoire objectif d'éradiquer la rébellion contre le gouvernement du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi. Lequel partageant ce projet saoudien a fait capoter les négociations de paix entre son gouvernement et ses adversaires organisées par le représentant de l'ONU pour le Yémen. Peu regardant sur les pertes civiles yéménites qu'occasionnent les frappes aériennes aveugles de la coalition arabe qu'ils pilotent et indifférents aux protestations internationales qu'elles soulèvent, les Saoudiens ont même opté pour leur amplification en guise de représailles contre les coups durs que la rébellion a infligés à leurs troupes au sol et probablement comme préparation à l'offensive qu'ils comptent lancer vers Sanaa. Les fidèles du falot président yéménite en « exil » à Ryadh épaulés par le corps expéditionnaire arabo-émirati pourront peut-être prendre le contrôle de la capitale Sanaa, ils ne s'en trouveront pas moins enlisés avec leurs alliés dans une sanglante confrontation avec les milices houties et leurs alliés. Au Yémen il faudra bien revenir à la solution politique, car il ne peut y avoir d'issue militaire au conflit qui le déchire. Ce que les Saoudiens s'entêtent à refuser au prétexte que les Houtis n'auraient rien de Yéménites et agissent pour l'agenda iranien consistant à concrétiser l'hégémonie de l'Iran sur le Moyen-Orient. Aux yeux de l'opinion international l'Arabie Saoudite est l'un des principaux pyromanes qui ont allumé les feux qui embrasent le Moyen-Orient et persistent à les alimenter dans une fuite en avant au bout de laquelle il va arriver que le royaume lui-même connaîtra l'incendie qu'il a provoquée chez ses voisins et les autres Etats arabes ou musulmans ne s'étant pas alignés sur sa stratégie exclusivement anti-Iran.