Les plus brillants politiques se sont, passez-moi l'expression, cassés les dents, quand ils eurent à gérer le ministère de l'Education nationale. Dans pratiquement tous les pays. Pas facile de convaincre le corps enseignant de se changer en enseignant, dans le plein sens du terme, c'est à dire à transmettre aux enfants, aux jeunes filles et jeunes gens, les outils pour comprendre le monde dans lequel ils doivent s'insérer, y trouver leurs places et, pourquoi pas, le changer quand cela s'impose. On ne pourrait pas lui en vouloir, à ce corps enseignant, de se comporter ainsi. Il est victime de décennies de formatage. De tsunamis successifs. Alors, il se contente de transmettre ce «savoir» implanté. Pas toujours vérifié. Résultat ? Nous nous trouvons avec des diplômés, à la valeur douteuse, dont les connaissances acquises sont sans lien avec les besoins de la nation. C'est le constat que l'on pourrait faire. Pour s'« actualiser», toutes ou tous n'ont pas la possibilité de se recycler ailleurs. Mais enfin. Curieusement, si je m'en tiens aux chiffres auxquels j'ai pu avoir accès, et par delà la qualité de l'enseignement, ce sont les jeunes filles qui réussissent, ces dernières années, le mieux dans leur cursus. Malgré les entraves sociales. Aussi bien dans le domaine de la médecine, de l'enseignement, que du droit, elles s'imposent en nombre et en qualité. Ce qui est une bonne nouvelle en soi. Une femme éduquée est un atout majeur dans la vie d'un pays, n'est-ce pas ? Il n'y a pas que cela. Là où, souvent, elles sont absentes, c'est dans le domaine politique. Curieux. Le mandat électif ne semble pas les séduire. Ou qu'on ne les laisse pas prendre la place qui leur revient. Certes, il y a bien Mme Louisa Hanoune qui préside un parti, le Parti des Travailleurs. Un peu excessive peut-être, souvent dans le mille, mais toujours de bonne foi, même quand elle se trompe de cible. C'est un avis. Qui n'engage que moi. Je serai curieux de connaître le nombre de ses militantes et si en dehors de toute parité systématique et imbécile, celle qui tue les ambitions justifiées et plonge tout le monde dans le doute quant aux compétences réelles des femmes en charge de dossiers dans son encadrement, il existe quelques perles. Et si, au sein d'autres partis, des militantes sont prêtes à faire leur chemin sans qu'on leur demande « qui garde les enfants ». Les enfants, il en est une qui s'en occupe. Bien, semble-t-il. Mme Benghebrit. Elle semble avoir inauguré une nouvelle politique dans la gestion d'un ministère en recourant à la consultation du corps enseignant sans perdre de vue sa vision dont elle a dévoilé beaucoup d'aspects encourageants. Elle a pour elle le niveau requis pour comprendre le monde, l'âge qui indique ce mélange d'expérience et de sagesse, et un volontarisme mesuré. Toutes les qualités requises pour Pour être Présidente, tiens ! Pourquoi pas ? Pourquoi, quand on passe en revue tous les candidats au mandat présidentiel on ne pense qu'aux hommes politiques ? Pourquoi pas une femme. Qui ne remplacerait personne. Neuve. Répondant au profil du siècle. Sans casserole trainant à sa suite ? Sans déviation ? Avec des capacités pédagogiques incontestables, aussi bien quand elle enseignait qu'en gérant son département ministériel. Qui représente la majorité sociologique. Cette fine fleur éduquée de notre pays. Qui a montré des capacités d'écoute, surtout. Qui ne prend pas de décisions à l'emporte-pièce. Voyez-vous, oui, cette femme-là, moi, je la vois bien candidate à la Présidence de la République. Ca nous changera. Et puis, quand elle s'adressera à nous, elle utilisera la darija.