Prenant des accents triomphalistes, un représentant de la direction du commerce de la wilaya de Constantine a déclaré hier à la radio locale que le programme de permanence des commerçants mis en place pour les deux journées de l'Aïd el-Adha a été appliqué à 100%. «Et par endroit même, a-t-il cru bon d'ajouter, l'adhésion des commerçants à la permanence à dépassé toutes nos prévisions parce que, il faut le dire, même des commerçants qui n'ont pas été réquisitionnés se sont joints volontairement au mouvement et ont ouvert leurs commerces durant ces deux journées de l'Aïd». M. Ayad, chef de service par intérim à la direction du commerce, impute cette réaction positive des commerçants «à un éveil des consciences». «Les commerçants ont senti qu'ils avaient de la responsabilité. Nous pensons aussi qu'ils ont dû craindre les sanctions prévues par la loi contre ceux qui se dérobent aux réquisitions qui leur ont été adressées par la direction du commerce», ajoute-t-il. A la suite de cette déclaration, une demi-heure n'est pas passée quand nous avons reçu des appels provenant de citoyens d'El-Khroub et de Constantine disant qu'ils ont rencontré, dès le premier jour de l'Aïd, beaucoup de difficultés à s'approvisionner en pain et autres denrées alimentaires de première nécessité. «Nous jurons par tout ce que vous voudrez, ont-ils affirmé, que nous avons fait, jeudi matin, le tour des villes d'Ali-Mendjeli et d'El-Khroub sans trouver une seule boulangerie ouverte, rien qu'un seul point de vente de pain sur le trottoir au chef-lieu de daïra». Pour leur part, les citoyens de Constantine se sont plaints de n'avoir trouvé aucune boulangerie ouverte à partir de midi. Dans l'après-midi du jeudi, diront-ils ensuite, à part quelques taxis de fraude, nous n'avons pas trouvé de moyens de transport public pour rendre visite à nos familles». Par contre, selon les échos que nous avons reçu hier de Hamma-Bouziane, le programme de permanence aurait bien fonctionné à tous les niveaux «sauf pour le lait où nous avons enregistré une pénurie», nous ont affirmé les citoyens que nous avons contactés. A la suite de cela, nous avons interrogé le coordinateur du bureau de wilaya de Constantine de l'Union nationale des commerçants et artisans d'Algérie (UGCAA), M. Bouhenguel Laid, qui s'est montré tout étonné des déclarations faites par les citoyens de Constantine et d'El-Khroub. Selon lui, «quoiqu'on fasse, les citoyens ne sont jamais satisfaits. Pourtant, a-t-il ajouté, les sondages faits par la direction du commerce ont montré que seuls deux commerçants qui ont été réquisitionnés n'ont pas participé à la permanence. Et on ignore encore les raisons de cette défection. La permanence à été appliquée à plus de 99 % dans la ville de Constantine. Et puis, remarquez bien que les gens qui se plaignent d'avoir trouvé les commerces fermés prennent souvent comme référence la période allant de midi jusqu'à 15h. Vous savez, explique alors notre interlocuteur, que les commerçants sont des gens comme les autres et ils doivent eux aussi faire la fête. Ils ont été donc autorisés à fermer pour aller faire la prière de l'Aïd et le rituel du sacrifice, et revenir pour rouvrir leurs commerces». Ainsi, selon M. Bouhenguel, le citoyen qui se plaint est généralement celui qui ne trouve pas à portée de main le produit qu'il cherche. «Il ne prend pas la peine de se déplacer ailleurs où les magasins sont certainement ouverts, mais il commence tout de suite à râler en voyant tout noir», a soutenu le représentant de l'UGCAA.