Services - Les prix sont évidemment majorés, le sachet de lait à 50 dinars et la baguette à 20 dinars. Le pain et le lait ont été difficiles à trouver depuis la veille de l'Aïd. Les magasins d'alimentation générale et les boulangeries ont commencé à fermer dès lundi. «Je ne peux retenir de force les ouvriers. Ils ont le droit d'aller passer l'Aïd en famille», dit le propriétaire d'une boulangerie à Bab El-Oued pour justifier l'indisponibilité du pain dans son magasin où sont exposées pourtant de grandes quantités de gâteaux et de pâtisseries. «Les gâteaux sont fabriqués par des pâtissiers qui habitent à Alger. Mes ouvriers boulangers sont originaires de Jijel», ajoute le patron de ladite boulangerie. Durant l'Aïd et les jours qui ont suivi, la recherche du pain et du lait est devenue l'occupation première des ménages. Les vendeurs à la sauvette ont trouvé le filon pour gagner de l'argent. Détourné du circuit officiel, le lait est vendu à 50 dinars le sachet, mais les quantités proposées sont infimes. Le pain est proposé à 20 dinars la baguette et des fourgons livrent continuellement les jeunes vendeurs qui ont squatté les trottoirs. Selon des sources sûres, ce pain est fabriqué par des boulangeries clandestines installées dans les localités reculées de la banlieue algéroise. Les responsables du ministère du Commerce avaient pourtant rassuré les citoyens. Ils avaient promis que toutes les denrées seraient disponibles durant les jours de fête. Sur le terrain c'est pourtant le contraire. Les lève-tôt arrivent à trouver ce dont ils ont besoin, mais au-delà de 7 heures, rien n'est disponible. Tous les magasins sont fermés. Echaudés par le fiasco du dernier Aïd el-Fitr, cette fois les responsables du département du Commerce ont chargé les directions de wilaya de dresser une liste de commerçants devant assurer la permanence durant les jours de l'Aïd. 11 000 commerçants (boulangers, épiciers, marchands de fruits et légumes, transformateurs de lait et minotiers» ont été retenus pour assurer les permanences. Ils ont été informés à temps (une semaine avant la date de l'Aïd). Cela n'a pas empêché la débandade et chacun a agi à sa guise. Les boulangers ont négocié une formule bizarre : «Les ouvriers commencent à faire le pain à 21 heures. Les boulangeries ouvrent tôt le matin et le patron est autorisé à rentrer chez lui dès qu'il n'a plus de pain», explique Boulenouar Hadj Tahar porte-parole de l'Union nationale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Les boulangers ont évoqué le peu de marge bénéficiaire pour justifier leur incapacité de faire travailler leurs ouvriers durant les fêtes car le salaire est majoré de 100%. Le porte-parole de l'UGCAA estime que cette année les choses ont évolué même si beaucoup reste à faire. Il se plaint des APC qui refusent de jouer leur rôle. «Nous avons appelé des APC pour voir si les commerçants réquisitionnés ont ouvert, des gardiens nous ont répondu pour nous informer que tous les fonctionnaires étaient en congé». Il regrette aussi l'absence de communication : «Il aurait fallu afficher les listes des magasins ouverts au niveau des APC et dans les quartiers». Des efforts ont certes été consentis mais sur le terrain cela s'est avéré insuffisant. Comme d'habitude, les magasins sont restés fermés et hier vendredi le pain et le lait étaient introuvables.