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Ce que révèle la lettre des 19
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 09 - 11 - 2015

Le président Bouteflika est-il au courant de ce qui se passe dans le pays? Est-ce lui qui prend les décisions politiques et économiques ? Mesure-t-il le degré de déliquescence des institutions et tout ce que cela implique pour le pays ? Louisa Hanoun en doute. Khalida Toumi est formelle : non, ce n'est pas lui qui gère le pays, dit-elle. Elle connaît son président et elle estime que ça ne lui ressemble pas.
Mais poser ces questions, c'est déjà y répondre. C'est le principal mérite qu'on peut trouver à l'initiative des 19, un regroupement très improbable qui a rendu public un texte après avoir échoué à se faire recevoir par le président Abdelaziz Bouteflika pour lui faire part de ce constat et, éventuellement, vérifier s'il est encore président, si c'est bien lui qui décide, ou si on décide à sa place.
A part cet aspect, le contenu du texte rendu public par les 19 est cruel aussi bien pour ses auteurs, pour le président Bouteflika que pour le pays. Il confirme l'incroyable dérive politique et institutionnelle qui amène des hommes et des femmes politiques ayant des postes officiels et des tribunes à agir en dehors des de toute règle. Quand Louisa Hanoun, chef d'un parti représenté au parlement, et Khalida Toumi, ancienne ministre, demandent à être reçues par le président de la République pour l'informer de l'état du pays, cela relève du grotesque. Le président n'a-t-il pas un gouvernement, des ministres, une police «normale» et une police politique, des partis de gouvernement et une administration tentaculaire ?
DRAME INSTITUTIONNEL
Pour ses auteurs, cette initiative est pathétique. Khalida Toumi, ministre du président Bouteflika pendant de longues années, l'a soutenu avant et après sa maladie, avant et après l'avènement de son frère Saïd. Elle a fait campagne pour tous ses mandats. Louisa Hanoun, présidente d'un parti, affirme déceler aujourd'hui des «renoncements à la souveraineté» nationale, «au moment où le niveau des menaces extérieures est si élevé». Elle critique «un fonctionnement parallèle, obscur, illégal et illégitime», qui aurait remplacé le «fonctionnement institutionnel et légal». Comme si le fonctionnement lors des trois premiers mandats était un modèle de transparence.
En fait, le respect des institutions est probablement ce qui a le plus manqué au président Bouteflika. Il n'a d'ailleurs jamais manqué d'humilier le parlement, en choisissant de faire voter nombre de lois par ordonnance, sommant les parlementaires de les adopter sans y apporter la moindre retouche.
Mais la déclaration va plus loin, en affirmant que «l'extrême gravité de la situation» ne serait conforme ni à l'éthique, ni aux convictions, ni au sens de l'Etat de M. Bouteflika. Une manière de dédouaner le chef de l'Etat de ce qui se passe, d'imputer la gravité de la situation du pays à d'autres cercles, selon la bonne vieille recette du Bon Roi et des mauvais Vizirs : si les choses marchent bien, c'est grâce aux qualités et à la bonté du Chef. Si ça tourne mal, c'est parce que ses conseillers, ses ministres, sa cour, n'ont pas fait correctement leur travail.
IMMUNITE
Pour le président Bouteflika, le texte rendu public est cruel. Sérieusement diminué par la maladie, il a réussi à passer en force pour le quatrième mandat, malgré de sérieux handicaps physiques. L'opinion s'est résignée, mais le pouvoir n'a pas mesuré l'impact de cette décision sur les institutions, d'autant plus que ce mandat a coïncidé avec la chute des prix du pétrole. Le pays ne fonctionne plus, et des anciens proches du chef de l'Etat, dont des zélateurs qui lui doivent beaucoup, ont commencé à prendre leurs distances. Et malgré les précautions de langage, leur lettre montre bien que le doute est bien ancré : Abdelaziz Bouteflika ne peut plus exercer les fonctions de chef de l'Etat.
Liamine Zeroual avait mis en garde contre ce qui apparaît comme une évidence avant le quatrième mandat. Il y a des charges officielles et protocolaires que M. Bouteflika ne peut assumer, avait-il déclaré. La constitution algérienne et la tradition politique attribuent au chef de l'Etat des charges qui étaient, visiblement, au-dessus des capacités physiques de M. Bouteflika, comme le fait de présider les cérémonies officielles, de «s'adresser directement à la Nation», et d'«incarner l'Etat dans le pays et à l'étranger» (article 70), ou encore en prévoyant qu'il «arrête et conduit la politique extérieure de la Nation» (article 77).
Cette situation était visible depuis avril 2013, lorsque M. Bouteflika a été victime d'un AVC un an avant le début du quatrième mandat. Les 19 le rappellent aujourd'hui. Peu importent leurs raisons, mais ils mettent le doigt dans la plaie : le pays est si désarmé qu'il n'a pas été capable de réagir face à une situation que plus personne ne peut désormais nier. On pardonnera dès lors au groupe des 19 ses propres incohérences, mais on notera que si le coup est cruel pour le président Bouteflika, au final, c'est l'Algérie qui subit le coup le plus dur. Car cette affaire confirme que le pays a perdu son système immunitaire.


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