El-Mawlid Ennabaoui est à nos portes, rien qu'à observer le retour de certaines activités saisonnières de vente d'une panoplie d'objets, propres à cette fête religieuse traditionnelle que chaque famille algérienne voudrait bien accueillir, avec beaucoup de recueillement, surtout. Sauf que l'ambiance générale est délétère par un climat social des plus moroses, accentué par une conjoncture économique dégradante. Tout cela fait que le citoyen est dans l'embarras, lorsqu'il s'agit de joindre les deux bouts, allant jusqu'à se faire des restrictions ou se priver de certaines choses. Les gens semblent se préparer comme d'habitude pour fêter le Mawlid dans la joie, en pétant les pétards et en allumant les bougies, en se concoctant un repas pour la circonstance. Côté jardin, on achète sans folie, côté cour, la cherté de la vie, les lendemains incertains, l'érosion du pouvoir d'achat chez la grande majorité de nos concitoyens fait réfléchir les uns et les autres avant de se décider. Sur les étals, le signal est déjà donné pour une hausse automatique, sans attendre l'entrée du prochain exercice où selon les prévisions, la tendance haussière est plus que jamais inévitable, malgré toutes les assurances avancées par les pouvoirs publics. Un Mawlid Ennabaoui où le poulet traditionnel risque de n'être pas au rendez-vous dans nos plats. En dépit de toutes les rumeurs colportées sur une histoire de grippe aviaire, d'ailleurs démentie, la volaille est à son zénith, pas de boycott en vue, les prix affichés (350DA/le kg) indiquent bien que la baisse escomptée n'est que le rêve d'un smicard, en manque de moyens, n'ayant à son compte que cette éventualité pour se rassurer. Ainsi donc, le fameux poulet ne sera pas présent dans beaucoup d'assiettes, faute de quoi, les petites gens seront obligées, une fois encore, de recourir à d'autres denrées de secours, des pâtes alimentaires, pourquoi pas, et la face est sauve, une «aâcida» comme au bon vieux temps, garnie de miel et de beurre maison. Même son de cloche pour ce qui est des fruits, là aussi, il faut plus de 150 DA pour pouvoir s'offrir un kilogramme d'oranges ou de mandarines. Quant aux enfants, on va leur offrir quelques produits pyrotechniques qui, malgré l'interdiction de leur vente, sont toujours les premiers en matière d'achats des Algériens en cette période de fête.