Le Conseil exécutif de la Fédération des industries électriques et gazières se réunira demain à la Centrale syndicale pour lancer un préavis de grève des travailleurs de la Sonelgaz. Ce sont près de 100.000 travailleurs qui se préparent à se mettre en grève vers le 10 janvier prochain en raison de l'annulation par le ministre de l'Energie, d'un protocole d'accord dûment négocié et signé en juin dernier, collectivement par les responsables de l'entreprise et les représentants des travailleurs, validé par le Conseil d'administration de Sonelgaz et l'inspection du travail territorialement compétente et enregistré auprès du tribunal. L'accord en question prévoit «la validation des diplômes universitaires des travailleurs de l'entreprise, un hommage à ses retraités qui ont plus de 40 ans de service (sur les années 2015-2016-2017), et la validation des avantages des fils de chahids conformément à la loi», nous dit le secrétaire général de la fédération, secrétaire national de l'UGTA. La mise en œuvre de cet accord se fera avec un montant de 21,6 millions de centimes. «Le ministre de l'Energie a peut-être compris que c'est un montant en dinars parce qu'il a annulé l'accord en raison de l'austérité, nous dit-on», nous explique Achour Telli. Le SG de la fédération estime que «le ministre de l'Energie n'a pas prérogative d'annuler cet accord collectif parce qu'il a été négocié et signé conformément aux règles en vigueur». Il affirme ainsi qu' «au lieu de s'occuper du secteur de l'Energie qui en a tellement besoin, il perturbe les travailleurs et déstabilise l'entreprise». Le représentant des travailleurs de Sonelgaz nous fait savoir qu'une réunion a été pourtant tenue entre le ministre et la fédération «où il s'est engagé à régler le problème mais il n'a pas tenu ses engagements». Selon lui, «l'instruction du 1er ministre et l'intervention du secrétaire général de l'UGTA n'ont pas réussi à le faire changer d'avis ; il n'a pas daigné respecter ses engagements». Telli pense que «le seul moyen pour l'amener à le faire, c'est la protestation des travailleurs». Demain, mercredi, le Conseil exécutif de la fédération qu'il préside se réunira donc au siège de la Centrale syndicale pour lancer un préavis de grève des travailleurs de la Sonelgaz. Le début de la nouvelle année pourrait ainsi être marqué par un débrayage de près de 100.000 travailleurs activant dans les 40 filiales du groupe Sonelgaz, avec toutes les conséquences qui pourraient en découler auprès des usagers d'une entreprise qui «donne de la lumière» mais qui peine à voir clairement ses comptes en raison des difficultés financières qu'elle accuse depuis plusieurs années. «Le groupe Sonelgaz traîne 3000 milliards de dinars de dettes dans les banques à cause des tarifs qui restent toujours bas, l'augmentation prévue par la loi de finances 2016 gonfle simplement les taxes. En plus, depuis 2005 tous les investissements sont financés par les crédits bancaires et actuellement, Sonelgaz a des difficultés pour payer les entreprises sous-traitantes publiques, privées et même étrangères», nous affirme le SG de la fédération. «Ce qui nous interpelle aujourd'hui, c'est la machination de déstabilisation du ministre de ce secteur névralgique pour la collectivité nationale et l'économie», continue de dire Telli. «Au lieu d'apporter une contribution positive, ce ministre fait tout le contraire pour l'ensemble du secteur de l'énergie». Le responsable syndical avertit : «Devant cette agression qui n'honore nullement le principe du dialogue social que nous avons instauré depuis des décennies. Et partant de ce constat, il doit s'attendre à des ripostes rudes et difficiles». Les représentants des travailleurs dénoncent aussi «l'ingérence du ministre dans la gestion de Sonelgaz et d'autres entreprises, malgré l'instruction du 1er ministre ; il s'occupe des nominations, des limogeages, des recrutements et autres ; il n'en a aucun droit». La contestation des travailleurs par le déclenchement d'une grève a été, nous dit Telli, «annulée à trois reprises par le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd». Aujourd'hui, «les choses vont aller vite et autrement», affirme-t-il.