Les augmentations salariales des travailleurs du secteur public économique devraient s'opérer selon la viabilité et la rentabilité de chaque entreprise. C'est ce qu'a déclaré le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, jeudi, lors d'une cérémonie du lancement officiel des négociations entre le gouvernement, le syndicat et les organisations patronales. Le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, est optimiste : «Toutes les entreprises publiques sont capables de revoir à la hausse les revenus des travailleurs.» Le bras de fer est désormais engagé. Les mouvements de grève enclenchés depuis début janvier ont accéléré le processus de mise en œuvre des résultats de la dernière tripartie, notamment les questions d'ordre salarial. Jeudi, la salle des actes du ministère du Travail n'a pas pu accueillir les délégations invitées, dont on peut citer les PDG et les responsables des sociétés publiques (Air Algérie, Sonatrach, Sonelgaz, SNVI, ports…), ainsi que les responsables syndicaux de l'UGTA et des fédérations sectorielles. Les présidents des organisations patronales étaient également présents. Devant ce parterre, le ministre du Travail a tenu à souligner les engagements du gouvernement en matière de prise en charge des revendications des travailleurs, traduits dans les différentes réunions triparties et le code du travail de l'année 1990. Partant du fait que le dialogue et la concertation sont consacrés dans le pacte économique et social, approuvé en octobre 2006, Tayeb Louh a souligné que «l'Etat œuvre pour la paix sociale et le bien-être des travailleurs et du peuple». Cela se fait, selon lui, par l'institution de mécanismes de négociation et de discussion, notamment à travers la tripartite, où les trois partenaires (gouvernement, UGTA et patronat) évoquent l'ensemble des préoccupations». Tayeb Louh a dressé un bilan positif sur les relations de travail, surtout durant la période 2006-2009, où un pas qualitatif a été accompli en matière de conclusion d'accords et de conventions collectives. Depuis 1990, pas mois de 55 conventions sectorielles et 93 accords collectifs sectoriels avaient été conclus, précisant qu'un taux de 77,7% de ces accords avaient été signés entre 2006 et 2009. Il s'agit, selon lui, de conventions et d'accords signés entre les fédérations nationales de l'UGTA et des sociétés de gestion des participations de l'Etat ou certains groupes comme Sonatrach, Sonelgaz et Saidal. La dernière tripartite (2 et 3 décembre 2009) avait planché sur la question du pouvoir d'achat des travailleurs, argumente-t-il, rappelant que la décision qui a été prise était celle de «la nécessité de lier les négociations sur les salaires et la politique salariale en général à l'amélioration du niveau de productivité et des résultats de l'économie nationale mais aussi à l'évolution de certains indicateurs économiques comme le taux d'inflation et la cherté de la vie». L'augmentation salariale se fera, selon le représentant du gouvernement, selon la réalité de chaque entreprise de manière à permettre la préservation des emplois, de la productivité et en tenant compte des programmes d'assainissement et de modernisation engagés par l'Etat. Des précisions qui sont de taille et qui laissent comprendre que des préalables sont fixés avant de revendiquer une augmentation de revenus. Un appel a été lancé pour que l'UGTA relance les négociations avec les organisations patronales représentant le secteur privé afin de se doter de conventions de branches. Le ministère de Travail se dit prêt à contribuer aux différents travaux à travers ses services, à l'instar de l'inspection du travail ayant un savoir-faire et un rôle déterminant dans le monde du travail. L'avis de l'UGTA Du côté de l'UGTA, une vingtaine de fédérations sont concernées par les négociations, y compris la nouvelle fédération nationale des journalistes algériens qui sera appelée, selon Sidi Saïd, à engager des négociations avec les éditeurs et les patrons de médias. Les négociations dans le secteur économique public seront engagées sous la responsabilité des secrétaires nationaux de la centrale syndicale, dont on peut citer Mustapha Hadj (chargé des affaires économiques et études), Abdelkader Messous (chargé de la législation et relations de travail) et Achour Telli (chargé des conflits sociaux). Les négociations au sein du secteur privé seront suivies par Salah Djenouhat (chargé de l'administration et des finances) et Rachid Aït Ali (chef de cabinet du secrétariat général de l'UGTA). Au niveau de l'UGTA, la question de rentabilité ne se pose pas, «les sociétés publiques ont les moyens de revoir les salaires», a tenu à souligner M. Telli, à la tête de la fédération nationale des travailleurs des industries électriques et gazières, en marge de la rencontre, et ce, présence de M. Sidi Saïd.