Les fortes relations entre le Royaume d'Arabie Saoudite et la France auraient dû faire que François Hollande accueille avec le plus spectaculaire du faste protocolaire le prince héritier saoudien Mohamed bin Abdelaziz Al Saoud qui lui a rendu visite à l'Elysée le 04 mars. Il n'en fut rien et c'est même à la sauvette que le prince héritier saoudien a été reçu par le président français qui ne tenait manifestement pas à s'afficher publiquement à ses côtés. Etrangement la presse française a elle aussi fait silence sur la visite de l'hôte princier saoudien. Elle aurait dû au moins susciter quelques commentaires aux médias qui disent désapprouver que la France entretienne d'étroites relations avec une monarchie dont la nature n'est à tout point de vue guère ragoûtante. Le silence médiatique qui a entouré cette visite induit le soupçon que la presse française aurait été engagée à ne pas en faire état. L'Elysée a dû probablement lui faire valoir la « raison d'Etat ». Laquelle est en l'occurrence que la France se doit de ménager la monarchie saoudienne de laquelle elle obtient de juteux marchés dont l'économie française en difficulté en a grandement besoin. Malgré cela, l'Elysée s'est abstenu de dérouler le tapis rouge pour le prince héritier saoudien parce que son locataire est conscient que « l'amitié » franco-saoudienne ne passe pas auprès de l'opinion publique nationale qui la considère comme inconciliable avec les valeurs et les principes qui sont ceux de la République française. L'hôte de l'Elysée a été accueilli avec d'autant plus de discrétion que sa visite est intervenue à un moment où plus que jamais l'entente franco-saoudienne déjà mal admise par les Français soulève une réprobation et des condamnations que François Hollande ne tenait pas à raviver en le recevant avec le faste protocolaire spectaculaire. Pour atténuer aux yeux de son hôte le côté très discret de la réception à laquelle il a eu droit, François Hollande lui a décerné le cordon de la Légion d'honneur. Une distinction faite elle aussi en catimini puisque pour être connue il a fallu que Ryadh en fasse état. Officiels et médias français ont été sur la même longueur d'onde au sujet de la visite de Mohammed bin Abdelaziz Al Saoud à savoir ne pas la médiatiser pour ne pas donner matière à étaler ce que le comportement de la France officielle et de la bien-pensance dominante à l'égard de la plus rétrograde de la planète a de cyniquement pragmatique et mercantile alors que les deux n'ont que morale et respect des principes civilisationnels à la bouche. Pour Paris en ces temps de disette, la vente de Rafale justifie tous les reniements et tous les baisemains même faits à celles qui dégoulinent de sang.