Le combat mené contre la violence à l'égard des femmes et des filles ne peut pas se faire sans les hommes. Telle est la conviction du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a appelé d'Alger, au changement de mentalité chez les hommes, sachant que certains d'entre eux occupent souvent des hauts postes de responsabilité, autrement dit ils sont souvent à des niveaux de décision. En visite à Alger, le secrétaire général de l'ONU a demandé aux hommes, à travers son discours prononcé lors de l'ouverture des travaux de la 5e Assemblée générale de la Conférence de Kigali, organisée par la DGSN, à la résidence Al Mithak, de «changer de mentalités». Et de préciser «que chaque personne devrait prendre conscience que les femmes sont des partenaires pour édifier une société homogène et harmonieuse». Le secrétaire général de l'ONU a également appelé à l'augmentation des effectifs du personnel féminin au sein des forces de défense et de sécurité. Il a justifié cette demande par le fait que les victimes souvent se confient beaucoup plus facilement aux femmes qu'aux hommes. Elles se sentent beaucoup plus à l'aise, a-t-il précisé. Ban Ki-moon a cité l'expérience réussie de la police du Liberia et des unités indiennes chargées de la lutte contre la violence faite aux femmes. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a affirmé que la lutte contre la violence faite aux femmes et contre les filles s'inscrit parmi les priorités du programme de développement à l'horizon 2030. Un programme dont l'objectif consiste à réaliser l'égalité entre les deux sexes et à concevoir un monde débarrassé de toute forme de violence et de discrimination. Mais pour Ban Ki-moon, cet objectif ne peut être atteint qu'avec le renforcement du rôle des organes de sécurité dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes et des filles. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a affirmé, lors de son discours, qu'en dépit des efforts consentis et malgré les réponses positives à l'appel lancé par le secrétaire général de l'ONU en 2008, pour lutter contre les violences faites aux femmes, «des cas de violence sont encore enregistrés». Il dira qu'on est arrivé à enregistrer quelques avancées mais on est encore loin de l'objectif à vouloir atteindre. Il a également affirmé que ces travaux permettront des échanges entre les services de sécurité des pays africains, dans le cadre de l'Afripol, pour arriver à un diagnostic exhaustif afin d'élaborer ensemble les meilleurs mécanismes de lutte contre ce phénomène «qui est en fait une violation des droits de l'homme». Le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), le général Abdelghani El Hamel, a affirmé devant l'assistance que l'Algérie poursuit ses efforts et ses réformes pour donner plus de garanties aux droits des femmes. Et de souligner que la Constitution algérienne consacre légalité des sexes, plutôt le principe de l'égalité entre les femmes et les hommes. Le patron de la DGSN a affirmé par ailleurs que la femme occupe une place très importante dans le corps de la police. Il dira sur la base des chiffres que 20.000 femmes sont aujourd'hui dans les rangs de la police, dont 427 occupent des postes de responsabilité. La capitaine de la police de la Côte d'Ivoire, Tralou Irie Clarisse Felecia, s'est dite, pour sa part, étonnée des avancées enregistrées par la police algérienne. «Je suis impressionnée par le nombre des femmes au sein de la police, nous n'avons pas cet effectif dans notre pays». Elle enchaîne «vous êtes à 20.000 femmes policières et nous sommes à 12% de l'effectif total, autour de 2.000 femmes seulement», précise-t-elle. Elle a estimé que la politique de l'Algérie peut servir de modèle pour les pays de la région et de l'Afrique. Clarisse Felecia a affirmé qu'elle a constaté beaucoup d'évolution consentie par l'Algérie pour la promotion des droits de la femme et pour l'émancipation de la femme. «On a constaté cela à travers l'engagement de la presse et de la société civile et celui des institutions», dit-elle. Elle a affirmé que même la Côte d'Ivoire a fait des efforts dans ce sens, mais a encore besoin de voir ce qui se fait ailleurs de positif. Elle décortique en affirmant que les femmes et les enfants subissent les mêmes formes de violence que celles déjà connues, les violences conjugales, les violences domestiques, les mutilations, la maltraitance des enfants, les sévices corporels faits aux enfants. Mais, elle atteste qu'il y a une certaine prise de conscience. Car, il y a aujourd'hui en Côte d'Ivoire une prise en charge au niveau de la police, les agents sont formés à l'accueil par les agences des Nations unies et il y a une prise en charge au niveau judiciaire. Elle a également évoqué la création en cours des cliniques de prise en charge des victimes de violences sexuelles. Des structures qui sont en création par un groupe d'experts. Elle a tenu à préciser en outre que la Côte d'Ivoire a validé un projet récemment, où des mesures sont prises pour protéger les victimes, que ce soit d'un agresseur militaire ou civil.