Si la ministre de l'Education a bien su gérer le partenariat avec les syndicats cette année, avec pratiquement «zéro» contestation pour une année scolaire 2016 «normale», après les soubresauts permanents de ces dernières années, elle semble avoir ouvert une brèche dans son dispositif dans le dossier des enseignants contractuels ou vacataires. Le conflit, certes, ne date pas d'aujourd'hui, et la relation entre le ministère et cette frange d'enseignants n'a pas été réglée depuis le début des années 2000. Aujourd'hui, il revient comme un «boomerang» à la face de la ministre qui, jeudi dernier, n'a laissé aucune chance aux enseignants vacataires d'être entendus, encore moins leurs revendications satisfaites. Devant cette impasse et, surtout, la tournure catastrophique prise par le dernier sit-in prévu devant la Présidence, le comité des enseignants contractuels et vacataires a annoncé dans un communiqué samedi qu'il compte organiser ce dimanche une «marche de la dignité et de l'intégration des enseignants contractuels dans le secteur de l'éducation» sur Alger, à partir de la ville de Béjaïa. «Suite aux différents procès-verbaux parvenus des différentes wilayas, le jeudi 24/03/2016, le comité des enseignants contractuels et vacataires organise une marche nationale sur Alger, le dimanche 27/03/2016 dont le point de départ sera la ville de Béjaïa». «Cette marche de la dignité a pour but d'exiger l'intégration sans concours et sans conditions de tous les enseignants contractuels et vacataires dans le secteur de l'Education nationale», explique le comité dans son communiqué. Le comité a appelé «tous ses militants et enseignants à rejoindre la marche nationale du dimanche», et «leur demande de rester vigilants et mobilisés en vue d'arracher l'intégration dans le secteur de l'Education». En outre, cette marche nationale sera suivie, selon le même communiqué, par «une grève de la faim ainsi qu'une série d'actions çà et là jusqu'à satisfaction de la revendication de l'intégration dans le secteur de l'Education nationale». Cette marche nationale, selon les membres du comité, est également une dénonciation de «la violence et la répression des services de l'ordre à leur encontre au moment de leur rassemblement pacifique», la semaine dernière à Alger. Et «au lieu de régler le problème de l'intégration des enseignants contractuels et vacataires et éviter le pourrissement de la situation, les autorités ont répondu par une pratique qui leur est chère et qui est de réprimer les enseignants afin d'étouffer leur mouvement de protestation pacifique et légitime», ajoute le comité dans son communiqué, avant d'interpeller «les pouvoirs publics sur la recrudescence de la répression, des poursuites judiciaires ainsi que l'atteinte à la liberté d'expression à l'encontre de militants des droits de l'homme pendant les rassemblements». La marche lundi vers le siège de la Présidence avait été empêchée par la police nationale, qui a dispersé les manifestants qui voulaient ensuite organiser un sit-in devant la maison de la presse Tahar Djaout. Selon le porte-parole du comité des enseignants contractuels et vacataires, Bachir Saïdi, les enseignants sont déterminés à poursuivre leur mouvement de protestation jusqu'à leur «intégration» dans le corps des enseignants «sans conditions, ni concours», qualifiant d»'irresponsables» les récentes déclarations de la ministre de l'Education nationale sur l'éventualité d'une démission collective de ces derniers. La ministre avait indiqué lors d'un point de presse la semaine dernière que «celui qui veut démissionner n'a qu'à le faire». «C'est une provocation. Par ses déclarations, la ministre a jeté de l'huile sur le feu alors qu'il fallait apaiser les esprits», a-t-il affirmé, sans écarter la menace du comité d'une démission collective et d'aller vers une grève illimitée à partir du troisième trimestre. Youcef Hemissi, membre du même comité, est catégorique: «Nous demandons l'intégration sans passer par le concours national de recrutement». Ils accusent également Mme Benghebrit de les soumettre «à un concours malgré leurs compétences acquises grâce aux années d'expérience et d'exercice sur le terrain». En fait, le bras de fer entre le ministère de l'Education nationale et les enseignants contractuels et vacataires porte sur ce point précis: l'admission au corps de l'enseignement national sans passer par le concours national de recrutement, que le ministère organisera le 30 avril prochain, après l'avoir prévu une première fois à la fin du mois de mars. Pour la ministre de l'Education, il n'est pas question de céder aux revendications des enseignants contractuels et vacataires, qui menacent de recourir à une démission collective, de boycotter le concours national de recrutement d'enseignants et les examens de fin d'année, s'ils n'obtiennent pas gain de cause. Elle a appelé jeudi dernier, au détour d'un entretien à l'APS, à «la responsabilité de chacun». «Je leur conseille cependant d'y renoncer (...) sachant que la loi ne leur permet pas une intégration directe car la fonction publique a l'obligation d'équité». Elle ajoute que «la fonction publique a ses règles». «Ceux qui ont vocation pour l'enseignement sont déjà à l'intérieur», a-t-elle lancé. Fin février dernier, elle avait déjà affirmé qu'il «n'y aura pas d'intégration ni de priorité pour les enseignants contractuels dans le secteur de l'Education, car le concours est ouvert à tous». Pour elle, «l'expérience acquise leur permettra de répondre aux questions de l'épreuve écrite, qui requiert des connaissances dans les domaines de spécialisation». Pour 2016, le concours de recrutement d'enseignants porte sur 28.084 postes à pourvoir, donc autant de candidats à recruter à travers ce concours, qui va prendre en compte cette année 28 spécialités universitaires, rappelle-t-on.