Selon la responsable chargée du service de la prévention des accidents de travail et des maladies professionnelles au niveau de l'agence CNAS de Constantine, Mlle Birouk Moufida en l'occurrence, les accidents de travail sont en progression de 8% par rapport aux cinq dernières années dans la wilaya de Constantine. «L'année dernière, nous avons enregistré dans la wilaya de Constantine, notamment sur les grands chantiers de construction de logements comme ceux d'Ali Mendjeli et Massinissa, plus d'une quinzaine d'accidents de travail mortels. Le secteur pourvoyeur des accidents de travail reste toujours celui du bâtiment», nous a confié, hier, cette responsable qui anime les journées portes ouvertes sur la prévention des risques professionnels organisées par l'agence CNAS de Constantine durant les journées des 3, 4 et 5 mai en cours au niveau de son siège du boulevard Rabah Bitat. Selon notre interlocutrice, les causes de cette progression résultent principalement de la relance de l'activité économique qu'a connue la wilaya au sortir de la décennie noire et de la période de la liquidation des entreprises, avec l'ouverture de grands chantiers de construction de logements et la création des grands centres urbains comme Ali Mendjeli, Massinissa, le lancement des grands chantiers de construction de routes, d'ouvrages comme le grand pont, le tramway, les trémies, les chantiers de rénovation engagés à l'occasion de l'évènement «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», etc. Déplorant l'absence de culture de la prévention chez la plupart des employeurs nationaux, ce cadre de la CNAS a déclaré que cette culture n'est pas encore ancrée au niveau de nos entreprises publiques ou privées, à cause notamment du manque de formation des responsables d'une part, et d'information et de sensibilisation des travailleurs d'autre part. Cet aspect qui participe au rendement économique d'une entreprise est diversement apprécié par les concernés dont certains confondent souvent la fonction hygiène et sécurité avec celle du simple gardiennage et de surveillance. Aussi, la commission paritaire d'hygiène et de sécurité instituée par la loi n'existe pas souvent dans nos entreprises. «Nous constatons souvent, hélas ! a poursuivi Mlle Birouk, que dès le premier jour de son recrutement, le travailleur est envoyé directement au charbon. Or, on ne doit jamais laisser un travailleur seul dès le premier jour. Il faut qu'il soit encadré par un plus ancien. On se souvient que l'année dernière nous avions enregistré trois accidents mortels sur un seul chantier et en l'espace de 3 jours. Il s'agissait de jeunes âgés de 20 à 22 ans qui n'avaient comptabilisé pas plus de quatre journées de travail sur le site. Lors de nos visites d'inspection sur les chantiers, nous insistons aussi sur le passage de chaque travailleur nouveau par le médecin du travail». Sur cet aspect, elle a révélé que les brigades mixtes d'inspection et de contrôle formées d'agents de la Cnas et de l'inspection du travail qui passent périodiquement dans les chantiers, constatent souvent que des travailleurs sont affectés à des tâches en hauteur alors que leur état de santé ne les prédispose pas à ce genre de travail, car ou bien qu'ils souffrent de vertige, de diabète, d'épilepsie, ou qu'il s'agissait de cardiaques, d'hypertendus que l'on fait travailler dans les hauteurs par une chaleur de 42 degrés en été, etc. Signalons pour terminer qu'au programme de la 3ème journée des portes ouvertes, le 5 mai, des spécialistes ont été invités pour donner des conférences sur les risques liés à la manutention manuelle et mécanique qui seront suivies de débats.