32 morts et 22 blessés à divers degrés de gravité, tel est le macabre bilan de l'accident de la route survenu dans la nuit de vendredi à samedi dernier sur la RN23 dans la wilaya de Laghouat. Il était presque 2 h du matin, lorsqu'une collision s'est produite entre un bus de transport de voyageurs, venant d'Oran à destination de Ouargla et un poids lourd, au lieudit Idjder entre les daïras de Aflou et Oued Mera. Selon les premières constatations de la Protection civile, 30 personnes sont mortes carbonisées, surprises dans leur sommeil par les flammes qui ont ravagé l'autocar, projeté sous le choc de la collision contre des rochers. L'enquête des services de sécurité déterminera certainement les causes et circonstances de cette tragédie. Ce drame, probablement le plus coûteux en vies humaines dans l'histoire de l'Algérie, vient derechef interpeller les consciences. Celle d'un gouvernement incapable de juguler le terrorisme bitumeux, des conducteurs des bus et poids-lourds, responsables en grande majorité des tueries de masse sur les routes de l'Algérie profonde mais aussi de la société civile et des citoyens, désarmés face à ce fléau. Cette énième tragédie convoque également les consciences et trahit l'obsolescence de la politique gouvernementale dans sa lutte contre les accidents de la route qui font, bon an mal an jusqu'à 4 000 morts en Algérie. Mais tout semble indiquer que pour cette année, le triste record est en passe d'être battu alors que le ramadhan et l'été n'ont pas encore été entamés, des mois traditionnellement propices à la folie meurtrière sur nos routes. En février dernier, l'autoroute Est-Ouest, sur le territoire de la wilaya de Aïn Defla, avait connu un drame lorsqu'un camion-citerne transportant un liquide inflammable (vraisemblablement de l'acide sulfurique) a subitement pris feu avant de percuter de plein fouet six véhicules touristiques, tuant trois personnes sur le coup, complètement calcinées, une quatrième victime décédera après son admission au service des urgences de l'hôpital Mekkour Hamou de Aïn Defla, et blessant six autres dont certains grièvement touchés. L'accident, qui s'est produit sur le tronçon autoroutier qui longe la commune de Zeddine au sud du chef-lieu de wilaya, intervenait quelques heures seulement après la mort de quatre personnes dans un accident de la route survenu sur l'autoroute Est-Ouest, à hauteur de Hammam El Bibane, sur le territoire de la wilaya de Bordj Bou Arreridj. L'accident, qui a également fait quatre blessés graves, s'est produit entre un camion tractant une remorque et une voiture légère dont les quatre occupants ont trouvé la mort sur place. Les trois occupants du véhicule lourd ont été gravement atteints. Trois jours auparavant, 13 personnes étaient décédées sur la RN 06 au sud de Naâma dans la collision entre un minibus et un camion semi-remorque. L'accident s'était produit au lieudit Draa Essaa, à une quinzaine de kilomètres de la commune de Moghrar en allant vers Ain-Sefra, suite à une violente collision frontale entre un camion semi-remorque et un minibus de transport de voyageurs assurant la liaison Moghrar-Ain Sefra avec à son bord 13 passagers. Cette série noire impliquant autocars et surtout des camions repose avec acuité le problème de la sécurité routière laminée par le comportement criminel de certains conducteurs de poids-lourds et de bus. Il faut aussi impliquer la complicité passive des pouvoirs publics incapables pour une raison ou une autre d'arrêter cette hémorragie meurtrière. Les causes et les conséquences sont connues depuis longtemps mais les solutions tardent à être trouvées. Pourtant, malgré toutes les bonnes volontés, les campagnes stériles de sensibilisation et le renforcement des dispositifs sécuritaires routiers, la route continue de tuer par milliers des innocents par la faute d'écervelés au volant. Des détenteurs de nouveaux permis, inexpérimentés, amateurs des grandes vitesses sans en posséder la maîtrise, sèment une véritable terreur sur les routes de l'Algérie. L'absence d'une volonté politique d'imposer des chronotachygraphes, ajournée depuis des années malgré l'existence du texte de loi qui stipule que «tout véhicule de transport de marchandises dont le poids total autorisé en charge est supérieur à 3,5 tonnes et de transport de personnes de plus de 15 places doit être équipé d'un dispositif de contrôle et d'enregistrement de la vitesse». La seule façon de contrôler ces véhicules de gros tonnage et de suivre à la trace le temps de travail de leurs chauffeurs.