La Centrale syndicale a conclu avec 8 organisations patronales un pacte de stabilité et de développement de l'entreprise dans le secteur privé que Sidi Saïd a qualifié de «première» en Algérie. C'est avec le FCE, la CIPA, la CNPA, la CAP, l'UnI, l'AGEA, la CGP/BTPH et le CGEA que le patron de l'UGTA s'est allié pour convenir, lit-on dans le document contenant le pacte en question, que «les droits individuels et sociaux dans l'entreprise, notamment la négociation collective ainsi que l'équité sociale, requièrent une attention particulière et des actions concrètes nécessaires à leur approfondissement et à leur promotion ». C'est d'ailleurs l'esprit de cette disposition qui fait dire à Abdelmadjid Sidi Saïd que la conclusion d'un tel pacte est « une première en Algérie ». D'autant qu'elle en appelle à d'autres bien en faveur des travailleurs. On en trouve une plus bas qui souligne que «les négociations salariales s'effectuent dans le cadre des dispositions de la convention collective». Bien placé pour savoir que le droit syndical au sein de l'entreprise privée n'est pas toujours conforme aux lois en vigueur, voire inexistant, il pense qu'en paraphant ce pacte, les employeurs privés, notamment ceux les plus en vue, permettront à leurs travailleurs de « négocier leurs droits individuels et sociaux ». D'ailleurs, comme deuxième disposition, le pacte consacre « l'attachement et le respect de l'exercice du droit syndical et des droits sociaux des travailleurs par les partenaires du Pacte national économique et social de croissance». Pacte qui lie le gouvernement, l'UGTA et les organisations patronales publiques et privées depuis 2005 mais dont l'opinion publique peine à en voir les résultats sur l'économie nationale, son développement loin de la rente des hydrocarbures et sa modernisation. Le nouveau pacte UGTA-patrons privés veut, nous disent les syndicalistes, «faire mieux et commencer à établir des relations saines entre employeurs et employés, ce qui réhabilitera la notion du travail qui a été complètement dévalorisée ces dernières années en raison du gain facile, de l'informel et de l'absence de l'Etat de droit ». Le donnant-donnant UGTA-patrons privés La liberté de constituer la représentation syndicale UGTA au sein des entreprises affiliées aux organisations patronales, conformément aux dispositions législatives et réglementaires est alors consacrée. Elle constitue ainsi la troisième disposition du nouveau pacte de stabilité liant UGTA-privés. C'est dans cet ordre d'idées que Sidi Saïd a tenu à faire admettre à « ces alliés » privés « le respect des ratifications des conventions et recommandations de l'OIT ». Et comme les patrons donnent d'une main pour reprendre de l'autre, ils consacrent dans leur alliance «l'encouragement du rôle du secteur privé national, créateur de richesse et d'emploi, dans la concrétisation des objectifs de développement économique national». Entendre par là plus de facilitations, d'encouragement par le gouvernement en leur faveur pour qu'ils puissent décrocher sans contrainte des projets d'investissements « juteux ». Le secrétaire général de l'UGTA revient à ses anciennes amours et leur inscrit à son tour «la résolution énergique pour la concrétisation des concepts de la «production nationale» et du «consommons algérien», sources certaines de la croissance et de l'indépendance économiques». Les signataires du pacte de stabilité rappellent que «la conclusion du Pacte national économique et social de croissance constitue une plateforme adéquate à la jonction des potentialités du pays, des opportunités qui s'offrent à lui et des défis qu'il doit relever». Pour souligner tout de suite que « les parties prenantes s'accordent à considérer le pacte comme un cadre de partenariat stratégique autour d'objectifs et d'actions visant à projeter le futur commun de la société dans le domaine économique et social ». L'on lit ainsi que « les parties prenantes se mobilisent pour instaurer un climat social serein et stable, établir un cadre consensuel basé sur des engagements mutuels et une démarche participative, élargie à toutes les parties pour impulser durablement la croissance ». Le clin d'œil à Sellal Et comme pour aider le 1er ministre dans sa quête d'une économie diversifiée, les parties prenantes promettent « d'œuvrer à la création de conditions propices à la croissance économique et au développement humain durable » à travers notamment, inscrivent-ils dans leur pacte de stabilité, «un partenariat effectif entre les parties, des ressources humaines bien formées, motivées et imprégnées de bonne gouvernance, le droit des salariés à la négociation collective, conformément aux dispositions législatives et règlementaires, une responsabilité sociale assumée par les deux parties, une réduction du niveau du chômage, en particulier celui des jeunes et des femmes, tout en veillant à une redistribution juste des résultats de la croissance pour améliorer le pouvoir d'achat des travailleurs et satisfaire leurs besoins fondamentaux, une amélioration de l'employabilité et d'insertion des jeunes diplômés dans le monde du travail, notamment par l'adaptation permanente des profils et des qualifications aux besoins réels de l'économie, une amélioration de l'environnement du travail et du pouvoir d'achat des travailleurs en tant qu'instrument d'équité et de stimulation de la productivité de la croissance économique et de valorisation du travail comme élément d'épanouissement des salariés ». UGTA et patrons privés s'entendent en outre sur «un respect des normes et de la législation économique et sociale au sein de l'entreprise, la création de conditions décentes et l'amélioration constamment des méthodes de travail, la promotion de la santé et la sécurité au travail, une participation active aux actions de lutte contre le chômage et le soutien aux programmes liés à l'emploi des jeunes diplômés, à l'apprentissage, à la mise en adéquation de la formation aux besoins de l'économie, une valorisation continue de la ressource humaine par la formation et le développement des compétences et la contribution à la création d'écoles de formation professionnelle et de perfectionnement propre à chaque branche d'activité». Ils ont retenu en parallèle « l'élaboration d'une charte de l'emploi et d'une nomenclature des métiers, l'élaboration d'une charte des entrepreneurs afin de défendre les valeurs citoyennes et éthiques de l'entreprise en tant que noyau central du développement». Ils affirment «promouvoir des cadres de concertation et de partenariat interprofessionnels appropriés au niveau des branches d'activités, favoriser le partenariat public-privé, et encourager les compétences nationales établies à l'étranger à participer au développement national, par des actions attractives. » Un pacte pour 5 ans Ils font beaucoup d'autres promesses, « la détermination au renforcement du dialogue avec les pouvoirs publics et avec l'ensemble des partenaires économiques et œuvrer à la réalisation d'une jonction performante entre l'action du gouvernement et les efforts des entreprises pour réunir les conditions de confiance pour créer les synergies nécessaires à l'accélération de la croissance de l'économie nationale, mobiliser les chefs d'entreprises en vue de relever le défi d'une croissance partagée et celui plus stratégique de l'emploi et faire ainsi de notre pays une terre de créateurs d'entreprises, d'entrepreneurs, de développeurs et de bâtisseurs, déployer tous les efforts nécessaires pour donner vie et envergure au tissu industriel, condition sine qua non pour valoriser nos ressources plurielles et capter toutes les opportunités d'une intégration performante basée sur la sous-traitance entre entreprises algériennes sur une insertion harmonieuse dans les chaînes de valeur internationales, promouvoir l'entrepreneuriat féminin, traduire dans les faits l'immense intérêt que les organisation patronales portent au développement des capacités entrepreneuriales de la jeunesse algérienne ». Dans leur nouveau pacte, Sidi Saïd et les patrons privés approuvent encore « le renforcement du dispositif de contrôle aux frontières des marchandises pour lutter efficacement contre les pratiques frauduleuses en matière de qualité et de la valeur, la protection de certaines branches industrielles par l'intensification de la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles, la contrefaçon et les activités informelles, l'allégement et l'assouplissement des procédures de création d'entreprises de production, la réduction de la facture des importations à travers la substitution des importations par la production locale ». Ils font savoir que « l'évaluation du présent pacte est réalisée périodiquement dans le cadre des réunions regroupant l'UGTA et les organisations patronales. » A cet effet, écrivent-ils, il est mis en place un comité bipartite de suivi en associant les fédérations nationales de l'UGTA et les entreprises affiliées aux organisations patronales ». Ils notent en dernier que « le présent pacte est conclu pour une période de cinq (5) ans à compter de la date de sa signature ». Et qu'il peut être reconduit pour une nouvelle période, « après accord des parties ».