Plusieurs semaines avant le putsch avorté en Turquie, Moscou et Ankara dont les relations se sont tendues des suites il y a neuf mois de la destruction d'un chasseur russe par l'aviation turque près de la frontière syrienne, un processus de réconciliation s'est amorcé entre les deux capitales après que le président Recep Tayyip Erdogan eut adressé à son homologue russe Vladimir Poutine une lettre de regret et d'excuse pour l'incident en question. Geste auquel Moscou a répondu en levant toutes les mesures de rétorsion russes édictées à l'encontre de la Turquie dont les effets ont sérieusement affecté son économie. Pourtant, il paraissait inimaginable à moyen terme que le processus de réconciliation engagé entre les deux Etats donne lieu à une rencontre Poutine-Erdogan tant les deux hommes sont en divergence sur des dossiers que chacun d'entre eux estime concerner l'intérêt national et la sécurité de son pays. L'inimaginable s'est produit du moment que Poutine et Erdogan vont se rencontrer demain à Saint-Pétersbourg. Le putsch avorté qui s'est produit en Turquie est cause du spectaculaire rapprochement que les deux présidents ont décidé d'opérer entre leurs pays. Recep Tayyip Erdogan en a été demandeur au constat que ses alliés occidentaux dont il a probablement attendu le soutien franc dans l'épreuve qui l'a opposé aux putschistes ont fait montre d'équivoque dans leur position. Non sans raison il s'est fait la conviction qu'ils n'auraient pas été mécontents que la tentative de coup d'Etat contre lui réussisse. Probablement que leur « trahison » lui a inspiré l'idée qu'il y a nécessité pour la Turquie de rééquilibrer ses relations internationales jusque-là privilégiant les liens avec l'Occident et épousant ses querelles et conflits avec la Russie. Pour autant, il ne faut pas attendre que la rencontre de Saint-Pétersbourg entre Poutine et Erdogan se conclue par un pacte anti-occidental qui lierait la Russie et la Turquie. Il est néanmoins certain qu'elle débouchera par une entente des deux hommes d'Etat sur l'intérêt qu'ont leurs pays à ménager leurs intérêts respectifs bilatéraux ou dans la région. En acceptant de recevoir Erdogan, Vladimir Poutine savait que le président turc ne viendrait pas en Russie poser les fondements d'un revirement turc d'alliance mais pour que leur rencontre serve à faire comprendre aux Occidentaux qu'ils devraient cesser de considérer la Turquie comme un auxiliaire subalterne dont l'indépendance et la souveraineté ne sont respectées que tant que ce qu'ils dictent à son Etat n'est pas en contradiction avec leurs plans et desseins. Il suffira probablement à Poutine que la démarche du président turc le conduise à se montrer plus conciliant à l'égard de certaines positions russes et ouvert à des concessions réciproques. La méfiance sinon la rupture qui s'est installée dans les relations de la Turquie avec ses alliés de l'OTAN, Poutine ne va pas tenter de la dissiper en se montrant inaccessible aux demandes que le président Erdogan lui présentera lors de leur rencontre. En lui accordant satisfaction pour certaines d'entre elles, il en résultera très sûrement une recomposition du rapport de force qu'a la Russie au Moyen-Orient et en Syrie particulièrement avec les puissances occidentales qui sont partie prenante dans les conflits que vit cette région.