Le village d'El Bordj dans la wilaya de Mascara se particularise non seulement par sa position géographique mais aussi par son histoire riche en évènements, notamment sur le plan de la résistance à l'occupation coloniale de notre pays. Une succession de faits historiques actent que cette contrée est un lieu symbolique qui rime avec combat. Déjà, en 1832, dans la bataille de Karguentah à Oran, au cours de laquelle les grandes tribus d'El Bordj ont participé au premier combat contre le colonialisme français, à côté de l'Emir Abdelkader, sous l'égide de son père, le Noble Sidi Mohiedine. Nombreux héros bordjis sont tombés aux champs d'honneur. Les populations d'El Bordj, les Blagha, les Zrarda, les Ouled Slama, les Bastioua, les Ouled Sidi Abd Rahim, les Ouled Abbess, les Zlamta, les Habouchi, les Ouled Riah, les Sadjrara, les Beni Chougrane, les Ouled Rafâa se sont illustrés par leur bravoure et leur patriotisme, jusqu'au déclenchement de la lutte de libération nationale. D'ailleurs, c'est avec l'aide et la solidarité de tous les Bordjis, que les Beni Chougrane ont livré bataille à l'ennemi colonial. Pour l'empêcher de mobiliser leurs enfants pendant la Première Guerre mondiale. El Bordj, grenier du militantisme En effet, le village d'El Bordj et ses alentours a été le phare des batailles farouches, aussi bien des actions opérées par l'ALN que par les Fida ! La grande bataille du djebel Menaouer en est l'exemple. Ceci grâce à l'organisation de la révolution qui s'est dotée, en ces lieux, d'un commandement dirigé par Ben Kablia Si Medjehed, un érudit de la madrassa karaouine de Fès, secondé par Daoud Boudaoud et Laid Ben Abdallah dit Saïd, natif d'Oran, qui a rejoint El Bordj, son village d'origine et d'enfance, pour les besoins de la révolution en gestation. C'est lui qui a été chargé d'entraîner les futurs moudjahidine de l'ALN comme il était le premier à rejoindre dès 1955, promptement, le maquis avec trois personnes. En l'occurrence Benkhaled Djilali, Djalti Kaddour et Abdelkader Ould Bent Lahouel. Par la suite, les jeunes Bordjis, pour leur part, se sont particularisés, en rejoignant en masse le maquis dès le commencement de la grande révolution qui a donné, définitivement, l'Indépendance. Plus de 400 d'entre eux, la fine fleur de la jeunesse et du patriotisme, sont morts pour leur pays. C'est beaucoup pour une population réduite à peine à quelques milliers de personnes. Pour rappel, les populations d'El Bordj, conservatrices et révolutionnaires, figurent en bonne place dans l'histoire de l'Algérie martyre. La stèle dédiée aux chouhada, qui ont payé un lourd tribut lors de l'insurrection contre l'occupation française et ce n'est pas un hasard si les noms y figurent en bonne place. Les rares rescapés de la période de feu, comme Saïd Benabdallah, qui a pris une part active, avec ses frères de combat, dans l'organisation politico-militaire de la révolution, vous conteront les faits d'armes accomplis par les fils d'El Bordj en mettant en avant le rôle de Si Medjahed Benkablia, le vétéran chahid. Ainsi, le village d'El Bordj qui a donné ses meilleurs enfants à la patrie, est fier de son passé, truffé d'actes héroïques qui font de la génération montante, qui se rappelle au souvenir de ses aînés là-haut sur la montagne où sont gravés à jamais les exemples éternels de la résistance et les faiseurs de l'indépendance. *Maître - Docteur en droit, moudjahid, officier de l'ALN, blessé plusieurs fois au combat, écrivain et historien.