Les pays producteurs de pétrole, membres de l'Opep ou non, s'accrochent au plus petit détail pour croire à un regain des prix du baril même si la guerre froide que se livrent Téhéran et Riyad de l'intérieur même du Cartel interdit tout accord pouvant freiner la spirale des prix. Si pour les profanes l'Opep continue de naviguer à vue, il existe cependant des phares de référence dans la mer du pétrole et l'un d'eux est la prochaine réunion des pays producteurs d'Alger qui doit se tenir le mois prochain. Une rencontre qui focalise toutes les intentions du marché pétrolier et permet des prévisions des prix à la hausse qui se vérifient à chaque déclaration «optimiste». Pourtant, on est toujours loin d'un signal fort des pays producteurs et c'est le ministre du Pétrole nigérian qui vient d'enterrer les derniers espoirs possibles d'un accord symbolique. «Une réduction de la production de l'Opep est peu probable», priant que le rendez-vous d'Alger puisse au moins «aider à consolider les prix du brut». Pourtant les Russes avaient clairement affiché leur disposition à prendre part à des discussions sur un gel de la production de pétrole si l'Organisation discute de la question, avait indiqué le ministre russe de l'Energie. La réalité des prix entre 40 et 50 dollars le baril qualifiés de «niveau plus ou moins normal» n'encourage pas pour le moment une telle option ni pour les pays du Cartel encore moins pour Moscou, Washington ou Mexico. Il est clair que tant que les gros producteurs ne décident pas de réduire leurs volumes, il serait illusoire de parler d'une hausse conséquente du prix, le minimum syndical étant de les maintenir à un niveau appréciable qui arrange certains pays mais affecte durablement d'autres comme le Venezuela, le Nigéria et l'Algérie. A ce propos, Alger joue gros sur cette question et sait pertinemment que tant que la guéguerre continue entre Iraniens et Saoudiens, alimentée par des lobbys politico-financiers, les prix du pétrole ne pourront jamais redécoller. La solution est d'abord politique et l'Algérie, qui doit faire face aux prévisions pessimistes du FMI et de la Banque mondiale sur son avenir, n'ignore pas qu'une part de son indépendance est intimement liée aux prix des hydrocarbures. Si le marché mondial s'écroule, c'est toute l'économie algérienne qui se retrouve à terre, proie des accords forcés régionaux et internationaux. L'effet domino, dévastateur pour une économie aussi fragile que la nôtre, peut à tout moment se déclencher actionné quelque part non loin de nous. En attendant, le marché reste toujours tributaire des éléments de conjoncture.