La dépréciation continue du dinar par rapport aux principales devises pénalise les fabricants de médicaments, et surtout, rend plus chers leurs produits. Un «warning» a été ainsi lancé mercredi, par les professionnels du secteur, au gouvernement, notamment aux ministères du Commerce et de la Santé. Les produits entrant dans la fabrication des médicaments, en fait les génériques, étant importés, il est, dès lors, facile de comprendre les inquiétudes des industriels du médicament, trois fois pénalisés par la baisse de la valeur du dinar, la hausse des coûts de production, et le maintien des prix sur une durée de cinq ans, des médicaments. Dès lors, il s'agit pour les professionnels du secteur, de trouver un compromis avec le gouvernement pour concilier entre les exigences du marché et la rentabilité de fabriquer, sur place les médicaments les plus usités, à défaut de les importer en l'état et maintenir à flots la jeune industrie nationale du médicament. Du fait de «la dévalorisation de la monnaie nationale, il devient plus onéreux pour les industriels de la branche de produire des produits de soins », estime Nadir Abderrahim, directeur général des Laboratoires IMC. Mais, «en dépit de cette dévaluation de plus de 40% (du dinar), les fabricants de produits pharmaceutiques ne sont pas autorisés à réajuster leurs prix en conséquence », explique-t-il dans une déclaration à la radio Chaîne 3. Lorsqu'un médicament est mis sur le marché, « sont coût demeure inchangé durant cinq années », a-t-il précisé, pour expliquer le coût de cette dévaluation du dinar pour les fabricants de médicaments, qui ne peuvent augmenter leurs prix, et donc des pertes de trésorerie importantes. «Les industriels du médicament ne veulent pas produire à perte », a signalé le DG d'IMC, qui a affirmé que le ministère du Commerce « a promis d'examiner la question d'autant que les prix des médicaments n'ont connu aucun changement depuis 1998. » Le Dr Hafidh Hammouche, directeur au ministère de la Santé, confirme cette situation, avant de relever que « les préoccupations des industriels du médicament vont être attentivement, étudiées par un Comité économique interministériel », car, selon lui, « qui dit prix, dit remboursements ». De son côté, le président de l'Association de pharmaco-économie Nagui Hadjadj, propose d'introduire le même mode de calcul de prix, tant pour ce qui concerne le produit fabriqué localement, que pour celui importé. Estimant que la détermination du prix (du médicament) se fait en euros pour les produits pharmaceutiques importés, ce qui les protège de la fluctuation des changes, il s'interroge «s'il ne faudrait pas fixer les prix de la production locale, au même niveau que ceux des produits importés en devises.» La question reste posée, d'autant que les industriels du médicament doivent faire appel aux marchés internationaux pour l'importation des produits entrant dans la fabrication du médicament. Il est clair que le secteur de la fabrication de médicaments, le secteur privé surtout, traverse une période difficile, que résume, dans de récentes déclarations à la presse, le président de l'UNOP, M. Abdelouahab Kerrar, qui signale le danger de « l'absence de révision des prix du médicament fabriqué localement, qui sont figés administrativement pour une période de cinq années. » « Avec l'inflation qui a touché les coûts salariaux et les coûts des intrants, et avec les retombées négatives des fluctuations du taux de change du dinar, ce gel de nos prix équivaut à une mise à mort programmée de la production nationale », estime le dirigeant des Laboratoires Biopharm, l'une des plus importantes sociétés du secteur. Et, il y a, à ce rythme, un gros danger sur l'avenir des 151 unités de fabrication, en cours de réalisation. « Il s'agit du devenir des immenses investissements qui sont, actuellement, en phase de réalisation », a-t-il dit, soulignant qu'il y a au moins 151 usines qui sont, actuellement, en phase de construction et qui devraient entrer en production au cours des prochaines années. « En l'absence d'une vision beaucoup plus affûtée du développement à long terme de notre filière, une grande part de ces investissements serait vouée à la casse », a prévenu le président de l'UNOP. Selon le cabinet d'études britannique «Oxford Business Group» (OBG), l'Algérie, « deuxième marché pharmaceutique sur le continent africain après l'Afrique du Sud, avec des ventes annuelles totalisant 3 milliards de dollars, l'Algérie, est particulièrement attrayante pour les groupes pharmaceutiques internationaux. » Le marché algérien du médicament pèse 4 milliards de dollars, et beaucoup de groupes internationaux, comme Pfizer, Novonordisk, Aventis, ont déjà « les deux pieds » sur le marché algérien, avec une partie de la production réalisée en Algérie qui est exportée.