Le scandale du manuel de géographie continue d'alimenter les critiques des syndicalistes qui accusent le ministère de l'Education de 'fuite en avant'', alors que la ministre Nouria Benghebrit reconnaît officiellement 'l'erreur'', mais en l'imputant à l'imprimeur. La ministre avait, dans une déclaration à la presse, confirmé les termes du communiqué de jeudi rendu public par son département, à savoir que l'erreur de la page 65 du manuel de géographie de 1ère année moyenne, qui mentionne Israël à la place de la Palestine, est le fait de l'imprimeur, c'est-à-dire l'ENAG (Entreprise nationale des arts graphiques). « Nous avons demandé une enquête, car la copie validée par le ministère et envoyée à l'ENAG comporte bel et bien la mention Palestine dans la carte portée sur la page 65 du manuel en question. Ce qui indique que l'erreur n'est pas le fait du ministère », a-t-elle précisé. En outre, les services du ministère de l'Education nationale ont précisé que l'erreur contenue dans le livre de géographie a été commise au niveau de l'impression par l'Entreprise nationale des arts graphiques, qui est sous tutelle du ministère de la Culture. « La copie du manuel validée par la commission de lecture et celle des programmes sous la tutelle du département de l'Education ne portent aucune mention d'Israël que ce soit sur les cartes géographiques, ou autres textes », explique-t-on au ministère de l'Education nationale. Selon les premières investigations, l'erreur aurait été commise au moment de l'impression par un infographe de l'ENAG (domiciliée à Reghaïa), qui a eu recours à une carte tirée du moteur de recherche Google au lieu de reproduire celle validée et envoyée par le ministère de l'Education nationale. Le directeur général de l'ENAG, Hamidou Messaoudi, a reconnu, dans une déclaration à Ennahar TV, que l'erreur a été commise par l'ENAG, expliquant cette erreur par « le travail sous pression durant le mois de Ramadhan ». La carte du monde reportée à la page 65 de ce manuel ne mentionne plus la Palestine, qui est remplacée par Israël. « C'est impardonnable! ». Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) estime qu'il faut ouvrir une enquête judiciaire sur cette affaire. Dans une déclaration à Le Quotidien d'Oran, il explique qu' « au début, je croyais vraiment que c'était une autre erreur du ministère de l'Education nationale. Mais, après le mea culpa du directeur de l'ENAG, on se pose la question de savoir comment on change avec cette facilité une carte géographique sur la base de Google, c'est impardonnable». Pour lui, «la politique étrangère de l'Algérie doit être respectée», et qu' «il faut des sanctions sévères et que la justice soit saisie ». «Quant au manuel en question, je pense qu'il est inutile de le retirer, car c'est une occasion pour que les élèves connaissent l'histoire de la Palestine et celle des peuples colonisés», estime-t-il préconisant seulement de «remplacer la page incriminée par une autre corrigée et collée à la même place». Meziane Meriane souligne en outre qu' «il faut laisser l'éducation mener ses réformes». Pour lui, «la question se pose s'il s'agit d'une autre attaque contre la ministre ». Pour Meziane Meriane, il est également inutile de réimprimer ce manuel, dont le coût est de 320 DA et qui a été imprimé à plus de 58.000 exemplaires, soit un coût total de plus de 18 millions de dinars. «Il faut juste réimprimer la page 65, comportant l'erreur», estime le coordinateur national du Snapest. Messaoud Boudiba, porte-parole du CNAPESTE, estime de son côté que «c'est la manière suivie par le ministère qui nous a mis dans cette impasse». M. Boudiba précise que «l'école ne peut supporter ce type de problèmes créés par le ministère» et que «la fuite en avant de ce ministère alors que les enseignants sont mis devant le fait accompli et doivent subir les erreurs et, en fin de parcours, ce sont les élèves qui vont en supporter les conséquences». Il souligne que la démarche suivie par le ministère de l'Education nationale n'associe pas les enseignants et les professionnels dans la gestion du secteur. «La fuite en avant est là», affirme-t-il, «car normalement ce genre de choses, ce genre d'erreurs, ne doit pas se produire. Il y a des erreurs dans les manuels scolaires, mais pas de ce genre!» Pour le porte-parole du Cnapeste, «ce sont des choses préparées, et il y aura à l'avenir d'autres erreurs. Ce n'est pas fini ».