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Saadani est parti, la «guerre» est finie ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 01 - 11 - 2016

Saadani est parti. L'ancien secrétaire général du FLN est parti comme il est venu… sur la pointe des pieds.
Jamais un homme politique, depuis l'indépendance de l'Algérie, n'a provoqué autant de dégâts par un discours d'une extrême virulence dont le but était, selon toute vraisemblance, de détruire tout sur son passage. A telle enseigne que l'opinion publique avait franchement l'impression d'assister, impuissante, à une véritable politique de la terre brûlée. Les dommages causés par Amar Saadani, qui était à la tête du parti qui détient encore tous les pouvoirs, auront probablement des répercussions sur la vie politique et même économique du pays pendant des années, voire des décennies. On peut remonter loin, très loin dans l'histoire mais jamais des hommes au pouvoir et dans un même pouvoir ne se sont attaqués d'une manière aussi indigne contre une partie de leurs propres services de sécurité. C'est un véritable précédent à travers l'histoire. Les « sorties » de Saadani et le traitement médiatique, souvent entretenu autour de l'ancien patron du DRS, le général major Toufik, n'a pas encore cependant livré tous ses secrets. Poussé finalement à la porte après son tir croisé contre Abdelaziz Belkhadem, Louisa Hanoune, la presse, l'opposition, les détracteurs du FLN, le général Toufik et tout ce qui bouge, Saadani a été à l'origine durant plus de trois années d'un marasme politique inédit dans toute l'histoire contemporaine de l'Algérie. S'il restait un peu de crédibilité au plus ancien des partis politiques algériens, avant 2013, date de l'élection de Amar Saadani à la tête de ce parti, cela s'est évaporé.
Les assurances de Djamel Ould Abbès sur l'avenir du parti et ses appels à la réconciliation adressés aux anciens responsables du FLN n'en changeront rien. Bien évidemment, il faut être naïf pour croire que le FLN disparaîtra à cause du passage de Saadani. Le FLN restera encore pour longtemps, grâce au système, cette machine qui dispose de tous les leviers pour sortir miraculeusement vainqueur des élections. Mais la « légitimité historique » qui constituait le socle de ce parti en a pris un coup fatal. En accusant Abdelaziz Belkhadem, ancien secrétaire général du FLN et ex-chef du gouvernement d'être un pion à la solde des Français et de n'avoir jamais combattu le colonialisme, Amar Saadani a donné le coup de grâce à son propre parti. « Les systèmes de pouvoir en Egypte, en Tunisie et en Algérie se prévalent tous d'une façade démocratique clinquante et empêchent, en pratique et par de multiples moyens, de très larges catégories de citoyens de participer effectivement à la gestion des affaires du pays. Cette marginalisation et cette exclusion nourrissent en permanence les ressentiments et la colère. Elles alimentent la conviction que tout ce qui est lié au régime ou émane de lui leur est étranger ou hostile. Quand s'ajoute à ce terreau de la colère le poids des difficultés économiques, qu'elles soient durables ou conjoncturelles, les conditions de l'explosion sont réunies », écrivait le défunt Abdelhamid Mehri, une année avant son décès, au président de la République. Abdelhamid Mehri, tout comme les victimes qui lui ont succédé, à savoir Boualem Benhamouda et Ali Benflis, n'a jamais appartenu à ce type d'individu capable de naviguer dans un concert de regroupement où ne règne pas la confiance. L'ancien ministre du GPRA (Gouvernement provisoire de la république algérienne), qui a tenu les rênes du FLN après la révolte de 1988 (88-96), avait su donner un sens à la chose politique et au parti dans les pires moments de son existence. Le FLN aurait pu être aujourd'hui, grâce aux hommes de la trempe de Mehri, un parti rassembleur autour d'un idéal national. En décidant de mettre un Amar Saadani, chef alambiqué, à la tête du FLN, le système, ou ceux qui le représentent, a encore une fois gagné un temps grâce à une formation politique payée au compte courant législatif. La « guerre » est pour autant terminée après le départ de Saadani ? Rien n'est moins sûr malheureusement… !


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