Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales proposera au 1er ministre de mettre en place une commission gouvernementale qui devra se charger de suivre la mise en œuvre des recommandations retenues par la réunion gouvernement-walis. C'est ce qu'a déclaré hier Noureddine Bedoui au cours de la conférence de presse qu'il a animée à la fin de la réunion gouvernement-walis qui s'est tenue pendant deux jours au Palais des nations de Club des pins. « Nous allons proposer au 1er ministre de mettre en place une commission gouvernementale, avec un mécanisme à trois volets, législatif, organisationnel et de formation », a-t-il dit, en précisant que « cette commission sera chargée du suivi de la mise en œuvre des recommandations retenues par les trois ateliers issus de la réunion gouvernement-walis ». Des recommandations, il y en a eu en grand nombre et ont été lues hier par les porte-parole des ateliers où walis, cadres, élus locaux et nationaux ont débattu jusqu'à une heure tardive de la soirée l'ensemble des questions qui se posent aux collectivités locales. « Il y a des actions urgentes que nous devons entreprendre tout de suite et d'autres auxquelles on devra donner les moyens et les mécanismes pour les mettre en œuvre », explique Bedoui. A ceux qui pensent que les choses n'ont pas beaucoup évolué depuis que ce genre de réunion a lieu, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales s'en défend : « La première réunion a eu lieu en 2002 avec le président de la République, on avait commencé par parler de la mise à niveau du développement national, sans les objectifs qui ont été fixés et que nous avons atteints, on ne serait pas arrivés à ce stade d'échanges d'avis, de visions et de propositions ». Pour lui, «les choses ont nettement évolué, pour preuve, aujourd'hui, on parle d'un développement local qui garantit l'eau, l'école, l'habitat et autres besoins sociaux à toutes les régions du pays, on a beaucoup avancé dans la couverture sociale du pays». «La gestion des ordures doit devenir un métier» Bedoui indique même que « pour la première fois, le gouvernement a dégagé une enveloppe de 6 milliards de dinars exclusivement pour le transport public, il prend aussi en charge la santé et les cantines scolaires dans ces moments de perturbations financières, il y a certes des problèmes de mise en œuvre de ces décisions parce que nous voulons travailler dans un cadrage légal sur la base d'un cahier des charges précis ». Il poursuit son plaidoyer en soutenant qu'« on ne permet à personne de jouer avec la sécurité de nos enfants, nous voulons l'assurer avec des normes universelles avec des moyens appropriés au transport scolaire. D'ici à la fin du mois, un point de situation sera fait sur l'accompagnement social et les besoins des enfants scolarisés ». La gestion des ordures ménagères doit devenir, selon lui, « un métier, nous travaillons pour le parfaire et le professionnaliser mais l'hygiène doit être l'affaire de tous ». Il interroge « comment sensibiliser le citoyen ? Qui des citoyens paie la taxe de l'environnement ou de l'assainissement ? Pour répondre : « Personne et ce n'est pas normal ! » Il tiendra cependant à rendre hommage « aux associations qui se chargent du nettoiement parce que le véritable porteur de cette question de salubrité doit être la société civile, il faudra inculquer cette culture du civisme aux citoyens, des jeunes ont fait un travail magnifique dans certains quartiers, nous devons les accompagner même au plan de l'organisation ». Rébarbatifs les travaux et les discours de cette 7e réunion gouvernement-walis ? Bedoui réfute ce constat et affirme que «tout ce qui a été dit, examiné et proposé découle des discussions que nous avons eues avec les walis du territoire national durant nos nombreuses sorties sur le terrain, nous les avons beaucoup écoutés, ils sont notre priorité ( ). Il estime ainsi que « 90% du contenu de la plateforme élaborée par cette réunion proviennent du travail que nous avons effectué avec les autorités locales dans leur wilaya ». Il rappelle que pour la première fois « la réunion s'ouvre en plus des walis, aux 48 chefs de daïra, aux P/APC, aux responsables locaux et centraux ainsi qu'aux élus locaux et nationaux et représentants de la société civile ». Sans compter, fait-il remarquer, « la retransmission des travaux de la réunion par visioconférence aux cadres de toutes les wilayas du pays ». C'est pour lui « une manière de créer la passerelle entre ce qui est central et ce qui est local sur l'ensemble du territoire national ». «Plus de mandat de dépôt avant le verdict final» Interrogé sur la nécessité d'avoir avant toute chose, un code communal et un code de wilaya pour tracer le cadre d'intervention des autorités locales, le ministre de l'Intérieur affirme encore que « nous travaillons sur le projet, nous allons le présenter au gouvernement dans les prochaines semaines ». Il note que « les projets des deux codes sont adaptés à la nouvelle Constitution, et toutes les recommandations des ateliers sont conformes aux codes en projet qui accordent de très larges prérogatives aux P/APC pour qu'ils puissent travailler avec les autres institutions de l'Etat ». Les secrétaires généraux seront chargés d'exécuter sur le terrain les décisions des APC. «Un très grand nombre d'entre eux ont suivi un recyclage », fait-il savoir. « Plus de 200 sur les 500 des fonctionnaires incriminés par la justice ont été réhabilités et remis à leurs postes », dit-il. Il souligne que « dans le nouveau code communal, aucun fonctionnaire ne sera mis sous mandat de dépôt avant le verdict final de la justice, nous tenons à ce que la présomption d'innocence soit respectée ». A propos de la police de proximité que son ministère s'est engagée à créer pour les besoins impératifs de la sécurité dans les quartiers, le ministre fait savoir que « le projet est prêt, nous allons le soumettre prochainement au gouvernement ». Il estime même qu' «il est opportun de poser ce genre de questionnements dans les projets que nous allons soumettre au gouvernement». Il rendra un hommage appuyé aux services de sécurité et aux troupes qui sont sur les bandes frontalières du pays qui, dit-il, « travaillent jour et nuit, nous avons aujourd'hui des patriotes citoyens qui complètent les actions des services de sécurité ». Il en veut pour preuve « la récupération des armes et moyens de nuisance dans plusieurs régions du pays ». «Nous avons besoin d'être soutenus» Des effets de la décentralisation, il soulignera que «les walis délégués ont de très larges prérogatives au plan financier et administratif, y compris celles que les pouvoirs publics ont centralisées dans une période donnée en raison de l'insécurité ». Il regrette que « les années précédentes, nous avons eu plus de 30 mesures réglementaires contenues dans le code que nous n'avons pas pu appliquer, ce n'est pas normal ». Il conçoit que la décentralisation au niveau des communes se fait lentement et progressivement «parce que c'est nouveau, nous avons commencé depuis une année à décentraliser de nombreuses actions et prises de décisions grâce à des jeunes compétences sorties des universités algériennes, nous avons un potentiel important de fonctionnaires et de techniciens sur lesquels nous comptons beaucoup pour remettre les pendules à l'heure et permettre aux autorités locales de faire leur travail ». Il rappelle à cet effet que « pour la première fois, l'année dernière, les communes ont collecté durant la saison estivale plus de 500 milliards de dinars ». La réforme de la fiscalité locale a d'ailleurs pris pratiquement la part du lion dans la réunion de Bedoui en ces temps de baisse drastique des revenus du pays. « C'est un groupe intersectoriel qui s'occupe de cette réforme, il doit sortir avec un code sur la fiscalité locale à la mesure des défis économiques qui se posent à nous tous », dit le ministre. « Nous avons besoin de managers pour bien gérer, nous travaillons pour l'inculquer à nos collaborateurs et au reste des autorités locales », dit-il. Pour réussir la décentralisation, Bedoui affirme que « nous avons besoin d'être soutenus, il faudrait qu'on se donne un peu de temps pour évaluer les décisions prises et mises en œuvre à cet effet ». Les wilayas déléguées du Sud et du Nord se préparent ainsi, selon lui, à avoir le statut de wilayas dans les années à venir. « Nous sommes en train de préparer les dossiers pour la création des wilayas déléguées dans les Hauts-Plateaux », dit-il. Interrogé sur un éventuel découpage des territoires « en régions ou en fédérations », le ministre répond sans hésiter : « Ce n'est pas à l'ordre du jour ».