Le marché pétrolier, en baisse, attend des gestes concrets et des signes positifs des pays producteurs, en particulier les pays de l'OPEP, pour se stabiliser et trouver un nouvel équilibre. C'est du moins l'avis des experts, à moins de deux semaines de la réunion ministérielle, tant attendue, de Vienne, qui devrait entériner le préaccord de réduction de la production trouvé in-extrémis, à Alger, à la fin septembre dernier. Tous les regards sont, dorénavant, tournés vers certains pays membres de l'Organisation, dont l'Arabie Saoudite et l'Iran, le premier étant le plus gros producteur et soupçonné de pomper plus que son quota, le second ayant clairement manifesté sa volonté de revenir à son ancien niveau de production de 4 millions barils/j. Les prix du brut ont terminé, la semaine, en baisse à 44 dollars, en moyenne, à Londres et New York, exprimant l'inquiétude des marchés non pas par rapport à la victoire quelque peu surprenante de Donald Trump, à la présidentielle aux Etats-Unis, mais face à l'incertitude d'un accord de gel de production à Vienne, à la fin du mois de novembre. Car les nouvelles en provenance de l'OPEP ne sont pas bonnes, avec un rapport de l'Organisation, pour le mois d'octobre, qui a vu la production atteindre un nouveau record de hausse, depuis 2008. L'OPEP a produit 33,64 mbj, soit 240.000 bpj de plus qu'en septembre 2016, et le volume d'octobre est le plus élevé depuis au moins 2008. Or, sur la base d'une demande de brut attendue de l'OPEP de 32,69 millions b/j, en moyenne en 2017, le rapport de l'Organisation conclut à un excédent moyen mondial de 950.000 b/j, cette année-là, si la production de l'organisation reste stable. Le rapport de septembre donnait un excédent de 800.000 b/j. Des données qui ont inhibé les marchés et conduit les opérateurs de marchés et analystes à conclure que les pays de l'OPEP ne vont, certainement, pas arriver à un accord de gel, sinon de réduction de la production d'au moins 750.000 bj, comme cela avait été convenu à la réunion extraordinaire d'Alger, de septembre dernier. Mais, dans le camp des pays membres de l'Organisation, notamment l'Algérie, qui prépare activement la réunion ministérielle de Vienne, du 30 novembre prochain, on croit fermement à un accord qui conduirait autant les pays OPEP que les pays non-OPEP, qui vont être présents à Vienne, à entériner une baisse globale de la production et de l'offre de brut sur les marchés. Ryadh veut «jouer le jeu» Dans cette perspective, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, devrait se rendre, en Arabie Saoudite (mardi), et en Iran pour ouvrir la voie à un accord global de réduction de la production à Vienne. Une visite de travail qui prendrait les contours d'une mission de bons offices, car les clivages et antagonismes politiques, entre les deux pays, bloquent tout accord possible à Vienne. Même si, pour le moment Ryadh veut « jouer le jeu » pour aller dans le sens d'une solution globale. Téhéran, de son côté, veut revenir à son quota de production, après la levée des sanctions économiques, dans le sillage de l'accord sur le nucléaire avec Washington et Bruxelles. C'est un peu dans la perspective d'un consensus global que le ministre saoudien de l'Energie, de l'Industrie et des Ressources minières Khalid Abdelaziz al-Falih a appelé, samedi, à Alger, les pays membres de l'OPEP à trouver un accord consensuel pour activer l'accord historique d'Alger. Cet accord prévoit de ramener la production de l'OPEP à un niveau oscillant entre 32,5 et 33 millions de barils par jour. « Dans cette conjoncture, marquée par une perturbation des marchés pétroliers, il est impératif d'aboutir à un consensus entre les pays de l'OPEP et de s'entendre sur un mécanisme efficace et des chiffres précis pour activer l'accord historique d'Alger », a-t-il dit à l'issue de ses entretiens, samedi avec le ministre de l'Energie Noreddine Bouterfa. Le ministre saoudien, qui s'est dit optimiste sur l'évolution du marché, estime que les pays membres de l'OPEP devraient aboutir à un accord juste et équilibré. Pour lui, cet accord devrait permettre à la Libye et au Nigeria de relever leur production, après le retour de la stabilité sécuritaire, et un gel de la production à un seuil convenu pour l'Iran. « Nous sommes sur la bonne voie. La réunion de Viennes sera un succès », a-t-il affirmé. De son côté, M. Noureddine Bouterfa s'est dit, lui aussi, « optimiste » sur les résultats de la réunion de Vienne. « Pour stabiliser les marchés, il est nécessaire de mettre en œuvre l'accord historique d'Alger », a-t-il souligné, avant de préciser que : « je reste confiant et optimiste de voir la raison l'emporter. Je suis optimiste. Nous allons, je l'espère, parvenir à un accord collectif, à Vienne, qui mettra en œuvre la décision d'Alger. » Cet accord, ajoute-t-il, dans un communiqué commun, « démontrera que l'OPEP est encore une organisation opérante et active, en vue de stabiliser les marchés ». Le ministre Saoudien a indiqué, par ailleurs, que « nous arriverons, nous l'espérons, à un accord juste et équilibré qui prenne en considération les événements exceptionnels survenus dans quelques pays membres de l'OPEP et auxquels tous contribueront, y compris les pays non membres.» Selon des prévisions de spécialistes, un gel de la production de pétrole de l'OPEP d'un niveau d'un million de b/j est capable de faire remonter les cours à 60 dollars, et à 74 dollars/baril dans le cas d'une réduction de 2 mbj. D'autre part, les deux ministres « ont jugé pertinente l'idée d'avancer la réunion du Haut comité d'experts (prévue initialement le 25 novembre) au 21 novembre, afin de donner le temps aux ministres de mieux examiner et d'apprécier les propositions du comité et, éventuellement, de se concerter afin de mieux préparer la réunion ministérielle du 30 novembre 2016 », précise le communiqué commun. Cette démarche « permettrait de réunir les bonnes conditions pour assurer sa réussite », ajoute la même source. Le Haut comité d'experts, présidé par l'Algérie, doit définir le niveau de réduction de quotas de production de chaque pays membre de l'OPEP.