S'il y a une usine de montage de voitures qui pose problème c'est bien celle de Peugeot qui n'arrête plus de comptabiliser les ajournements. A ce propos, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb a, ainsi, déclaré à Ennahar TV' que «l'aboutissement de ce projet ne se fera qu'une fois les conditions du gouvernement algérien acceptées par le groupe français», sans pour autant préciser la nature de ces exigences. Si les appréhensions nourrissaient la présence de Peugeot, en Algérie, après l'annonce de la création de son usine dans une zone franche de Kénitra, à 45 km au nord de Rabat, avec une production de 90.000 véhicules, à l'horizon 2019 et un investissement estimé, en interne, entre 500 et 750 millions d'euros, avec la possibilité de passer à 200.000, selon le marché, Bouchouareb avait rassuré, en affirmant que le gouvernement allait imposer des exigences dans ses négociations, avec Peugeot, qui doit aboutir à un vrai partenariat industriel. «Nous sommes, aujourd'hui, à un stade où on devient, de plus en plus exigeants, avec le partenaire» avait-t-il, notamment, déclaré. Si on évoque en parallèle la présence d'au moins 5 sous-traitants pour accompagner le projet, les conditions algériennes sont vraisemblablement liées à cet angle du dossier. En effet, si pour tous les projets programmés, cet aspect est, théoriquement admis, pour l'usine de Peugeot-Citroën, la donne est tout autre comparativement à la marque au Losange. Alors que les préparatifs s'accélèrent au site d'El-Hamoul (daïra d'Es Senia), où devra être implantée la future usine de montage de PSA Peugeot- Citroën, la création d'un bassin de sous-traitance automobile revient au-devant de l'actualité. Et pour cause, les deux constructeurs français, implantés à Oran, Renault Algérie Production (RAP) et Peugeot Algérie, semblent avoir fait des choix, diamétralement, opposés pour ce qui est du recours à la «sous-traitance algérienne». Lusine de montage Peugeot d'Oran, projet pour lequel plusieurs actionnaires se sont engagés, va faire appel à des sous-traitants tunisiens, comme annoncé par des officiels de ce pays. La Tunisie a, depuis plusieurs années, largement développé ce segment industriel avec quelque 250 entreprises spécialisées dans la câblerie, la plasturgie, l'électronique, le textile et les accessoires reléguant loin derrière leurs homologues algériens. Et c'est apparemment, sur ce point que les divergences entre Algériens et Français se font les plus profondes. Le dossier Peugeot n'a eu de cesse de créer des zones de tension, au sein même du gouvernement, dès l'annonce même de l'implantation d'une usine de la marque au Lion, en Algérie. En effet, certaines voix affirment même qu'il aurait valu le scalp du ministre du Commerce, Amara Benyounes. On se rappelle que ce dernier avait déclaré, moins d'une semaine après l'annonce de Hollande, concernant cette fameuse usine de Peugeot, que «le gouvernement algérien n'était pas au courant du contenu du projet d'implantation d'une usine Peugeot, en Algérie.». Il sera repris moins de 24 heures plus tard, par ce même Abdeslam Bouchouareb, qui le contredit, publiquement, en affirmant que le projet du constructeur français avance bien. En 2015, et à partir de Paris, Bouchouareb persiste et signe, affirmant que le projet est «presque finalisé», indiquant qu'un pacte d'actionnaires allait être signé, lors de la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), co-présidée par les Premiers ministres des deux pays. S'il ne reste qu'«un ou deux petits points à régler», précisera le ministre, ils ne concernent, en rien, le choix du site d'implantation puisque l'usine sera installée, dans la région d'Oran, au même titre que Renault et qu'une assiette de 25 ha a été, aussi dégagée, pour la sous-traitance. Pourtant, ce pacte ne sera finalement, pas paraphé, en avril dernier, lors de la rencontre du CIHN, à Alger. Si une vingtaine d'accords a été signée entre les deux parties, celui de Peugeot sera ajourné, sans autre forme de procès. En effet, le CIHN est plombé, en amont, moins d'une semaine plus tôt, par l'illustration maladroite de la Une du quotidien français Le Monde' traitant du scandale des Panama papers' où le nom du ministre algérien de l'Industrie et des Mines avait été cité. La photo de Bouteflika pour illustrer le papier avait fait, vivement, réagir la diplomatie algérienne devant le silence de Paris. Le report de la signature du pacte, selon un des partenaires algériens du projet, est inattendu dans la mesure où la signature de l'accord était toujours officiellement prévue, avant d'être reportée sine-die, quelques heures, plus tard. Le président du groupe Condor' expliquait avoir été contacté, la veille de la tenue du sommet algéro-français, par Bouchouareb pour l'informer de ce report. L'explication veut que le ministère de l'Industrie n'ait pas eu le temps d'étudier le projet. Au final, l'usine PSA en Algérie devra produire 4 modèles (Peugeot Pick-up, Peugeot 208 et Peugeot 301, ainsi que la Citroën C-Elysée) pour une capacité annuelle de 25.000 unités, dans un premier temps, puis 75.000 et 100.000 unités par la suite, loin très loin des prévisions de son usine marocaine où l'entreprise vise également, la fabrication de moteurs sur place.