Une trentaine d'enseignants universitaires ont observé hier un rassemblement devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique en solidarité avec leurs collègues agressés par des étudiants le 16 février dernier à l'université Alger III. «Halte à la violence», «Notre dignité est une ligne rouge», «Rassemblement de la dignité» ou encore «absence de sécurité dans les universités» étaient quelques slogans écrits dans des feuillets et brandis par les manifestants qui reprochaient aux responsables du ministère leur «passivité» devant des faits qu'ils ont qualifiés d'extrêmement graves. Constitués en collectif, les enseignants affirment qu'en dépit de la gravité des faits, l'administration de l'université Alger 3 n'a pas encore déposé plainte contre les étudiants qui avaient agressé les enseignants alors que ces derniers étaient en réunion. «Nos agresseurs sont même en train de nous narguer à l'intérieur des facultés», nous dira Louiza Ait Hammadache, enseignante et membre du collectif. Selon elle, les agresseurs ne sont jamais venus d'une manière spontanée. Elle sous-entend clairement que «l'opération» a été savamment orchestrée et planifiée. Son collègue, Naim Zaidi est pareillement catégorique. Selon lui, même les caméras de surveillance étaient hors service le jour de l'agression alors que cela ne s'est jamais produit par le passé. Les deux enseignants qui soutiennent qu'ils ont confiance en la justice algérienne, appellent solennellement le ministre de l'Enseignement supérieur à mettre sur pied une commission d'enquête et à procéder à un dépôt de plainte contre les agresseurs. D'après Mohamed Rezig, coordinateur de la section CNES à l'université Alger 3, les agresseurs sont en majorité des étudiants recalés qui collectionnent des notes catastrophiques et qui ont été instrumentalisés par l'administration. «Nous sommes arrivés à un stade où nous avons besoin de protecteurs pour exercer notre métier à l'intérieur de l'université», dira le coordinateur du CNES qui s'interroge à son tour sur le silence de l'administration sur cette agression. A noter qu'une délégation d'enseignants a été autorisée hier à accéder au ministère pour rencontrer les responsables du département et leur remettre un rapport détaillé sur ce qui s'est passé le jour de l'agression. Selon le rapport dont nous détenons une copie, «l'agression était conduite par le responsable de la sécurité à l'université qui était épaulé par 25 étudiants de différentes facultés». Le rapport stipule que cette «attaque» est survenue au moment même du dépouillement des voix pour l'élection du bureau du CNES. Ce dernier avait, dans un communiqué, accusé le président de l'université Alger 3 d'avoir fait appel à des étrangers «baltaguia» et à des agents de sécurité pour empêcher que ne se déroule leur assemblée générale au sein même de l'université. Les enseignants des différentes facultés ont également observé trois jours de grève (20-21-22 février) pour exiger que toute la lumière soit faite sur cette affaire. En dépit de toutes ces actions, le ministère de l'Enseignement supérieur garde encore le silence. Ce qui soulève de nombreuses interrogations, sachant que les victimes ont clairement identifié leurs agresseurs.