Ce dimanche, les Algériens avaient un œil sur l'Espagne du football et une oreille attentive en direction de la France politique. Si le Classico a tenu toutes ses promesses, le premier tour de la présidentielle française a mis fin au cycle des formations classiques bicéphales qui avaient trusté les locations à l'Elysée. Exit les socialistes et les républicains alias la droite, le pouvoir pour les cinq prochaines années sera soit entre les mains du jeune Macron, soit entre celles de Marine Le Pen. Le second tour le dira. Les Français ont fait leur choix à travers un vote sanction qui sonne comme un divorce avec l'ancien régime politique et s'inscrivent désormais dans l'inconnu. Macron ou Le Pen, le prochain locataire de l'Elysée devra rompre avec les programmes traditionnels de la gauche et de la droite portés, ces deux dernières décennies, par un discours populiste centré sur l'immigration et la sécurité. Si tous les indicateurs donnent l'ancien ministre de l'Economie de Hollande gagnant, il serait peu judicieux que de croire la fille à Jean-Marie perdante à plate couture, comme ce fut le cas pour son père en 2002. En effet, l'une des spécificités de ce premier tour est la déroute cinglante de la gauche au pouvoir et la montée de Mélenchon, de cette France insoumise de moins en moins silencieuse. Le grand écart s'est creusé et à l'inverse d'avril 2002, les consignes de vote pour le second tour ne sont pas aussi explicites comme attendu du reste. En effet, si les deux tendances classiques appellent à voter contre Le Pen, plusieurs acteurs de la politique française ont préféré zapper Macron. Mélenchon, lui, avec ses 19,2% de voix s'est abstenu de toute consigne de vote en direction de ses partisans, les appelant à voter en leur âme et conscience. Ce qui veut tout dire et son contraire même si l'essence du parti est cette volonté de faire barrage au Front national. Macron va certainement devenir le futur président de la France mais le grand gagnant de ces élections restera le parti d'extrême droite qui gagne à chaque échéance électorale ses galons jusqu'à devenir la deuxième force politique du pays. Si la question de la course à l'Elysée est française, il n'empêche qu'elle affecte directement les Algériens pour toutes les raisons qu'on connaît. Si Macron, en théorie, est le candidat le mieux adapté aux relations bilatérales, d'autant qu'il a fait preuve de courage en dénonçant la colonisation, il n'est pas dit qu'une fois intronisé il tiendra ses promesses électorales. Un peu à l'image de son mentor Hollande qui a grandement déçu Alger.