L'eau, la prise en charge des réseaux d'assainissement et la protection des agglomérations de la déferlante des eaux en furie ont constitué les axes essentiels autour de la conférence tenue à la maison de la presse Malek-Bennabi à Tébessa, en présence des responsables du secteur des ressources en eau, l'hydraulique, ADE et ONA. Les intervenants ont essayé d'apporter des explications et éclaircissements à la problématique du jour. Le directeur de l'unité de l'ADE de Tébessa, Lakhdar Hadhoud, a dit que la situation de la gestion du secteur de la production, transfert et distribution de l'eau potable demeure délicate pour des raisons objectives. Présente dans 16 communes jusque-là, l'agence gère quelque 58 forages et 81 réservoirs d'une capacité de stockage de 100.000 m3. Est-ce suffisant pour répondre à la demande de la population ? Non, rétorque le directeur, dans la mesure où le débit des forages ne cesse de s'affaiblir, de 2.200 litres/seconde dans les années 2000-2006, il n'est plus aujourd'hui que de 700 litres/seconde. Du coup, les responsables de la wilaya ont dû recourir au forage de deux puits albiens, à la zone industrielle au chef-lieu et à Berzgane. Même pour les 6 communes du nord de la wilaya, l'apport du barrage d'Aïn Dalia (W/Souk Ahras), qui les alimentait habituellement et dont le débit était de 20.000 m3/jour, passe à seulement 14.000 m3/jour. Pire, ces 4 derniers mois, le tarissement est devenu total. La solution passera-t-elle par le forage de puits albiens (profonds) à Dokane et Hammamet, pour résoudre la question récurrente de l'instabilité de la distribution en AEP ? Des points noirs à travers la wilaya, il en existe dans les communes à forte densité de population, telle Cheria, 47.000 foyers et 22.000 m3/jour distribués. De même à Bir El Ater (110.000 âmes) ou encore à El Kouif, qui pour 5.000 abonnés recensés dispose de seulement 800 à 1.000 m3/jour attribués. Le centre-ville du chef-lieu de la wilaya est souvent lourdement pénalisé à cause de multiples chantiers de divers intervenants, simultanément ouverts, au moment où la rénovation, la pose et la mise à l'essai de la nouvelle canalisation sont en cours d'où la perturbation dans la distribution en AEP. A signaler qu'uniquement 12% des habitants de la ville de Tébessa ont le privilège de recevoir l'eau H24. En prévision de la saison estivale, plusieurs mesures ont été prises, parmi lesquelles, l'adduction au réservoir (5.000 m3) de Bir Salem, dans le programme de distribution des quartiers déficitaires. D'autres programmes d'urgence toucheront durant l'été les localités de Boukhadra, El Meridj, El Kouif Ouenza et Cheria, notamment cette dernière commune (100.000 habitants) qui reste alimentée en eau potable 1 jour/3 de 4 à 6 heures. Concernant le volet de l'assainissement, selon la DHW, le taux de raccordement au réseau a atteint 85% en milieu urbain et 64% en zones rurales, soit une distance linéaire de 1.446 km. Par ailleurs, afin de préserver les ressources souterraines et de surface des effets de la pollution, les services de la direction de l'hydraulique ont prévu la réalisation d'une station d'épuration des eaux usées, projet en cours d'achèvement (6 milliards de dinars), pour le traitement de l'équivalent de 300.000 habitants. L'eau obtenue sera destinée au renforcement des capacités d'irrigation de parcelles de terre d'arbres fruitiers et céréales, a indiqué Salah Saoud, du service de l'hydraulique agricole. Le responsable du service assainissement à la DHW, Tahar Rouabhia, a, quant à lui, annoncé la réalisation de 3 stations de lagunage à Bouchebka, Oum Ali et Saf Saf Ouesra. Certaines contraintes d'ordre technique ou financier ont retardé ces opérations. S'agissant du programme intempéries initié en 2009 et dont le pourcentage de réalisation avoisine les 100%, avec le lancement d'un programme complémentaire, les opérations initiées ont dû être révisées à cause des dégâts subis par les travaux au cours des inondations subies. A travers ces programmes, les responsables du secteur ont mis en avant l'impact des projets, éradication des MTH, élimination systématique des fosses septiques, protection du milieu environnemental de la pollution, mais surtout la préservation des villes des inondations qui malheureusement continuent d'engendrer des dégâts parfois importants. Enfin, le service de l'hydraulique agricole a révélé l'existence d'un projet de réalisation de 14 retenues collinaires dont trois ont une capacité théorique de stockage estimée à plus de 2,4 millions/m3. Le taux de remplissage moyen calculé jusqu'à la fin 2016 est de 33%. Parmi les contraintes soulevées dans la construction de ce genre d'ouvrages hydrauliques, le manque de laboratoires dans les analyses géotechniques, retard dans les études effectuées par l'Agence nationale des barrages et transferts (ANBT), ainsi que l'opposition des agriculteurs et les conditions climatiques défavorables. Le service de l'hydraulique agricole a programmé également la réalisation de 4 nouvelles retenues collinaires et ce, au titre du programme des Hauts-Plateaux, dans les communes de Bekkaria, El Houijbet, El Kouif et Bir Dheb, avec la création de 4 périmètres d'irrigation, sur une superficie totale de 531 ha. En projet, l'étude de création de 3 périmètres supplémentaires, soit en tout 7 périmètres de parcelles de terre irriguées sur une surface globale de 895 ha. En attendant la réception et la mise en service du barrage de Oued Mellague (150 millions/m3) qui doit régler le problème du déficit en eau, les gestionnaires des ressources en eau appellent à plus de rationalité dans son utilisation, pour moins de gaspillage d'autant plus que le taux des déperditions reste assez élevé (25%).