La nouvelle APN est entrée officiellement en fonction hier, lors d'une séance plénière regroupant la majorité des députés issus des élections législatives du 4 mai dernier. Si les députés des partis du pouvoir, notamment le FLN et le RND, ont exprimé leur détermination à défendre et appliquer à la lettre le programme du président de la République, ceux de l'opposition négocient la possibilité d'unifier leurs rangs. Le but étant de créer une synergie entre les partis ayant la même vision, qui consiste à mettre «l'intérêt du pays et du peuple au-dessus de toutes les considérations». Le Parti des travailleurs, par la voix de sa secrétaire générale, Louisa Hanoune, a affirmé sa disposition et son accord pour travailler avec d'autres formations politiques, à l'exception de ceux du pouvoir. «On est prêts pour un travail en commun au sein de l'APN et en dehors de l'APN avec d'autres formations de l'opposition, pour défendre les acquis sociaux et acquis nationaux». Elle affirme que la ligne de démarcation en ce moment, ce n'est pas l'idéologie. «Nous sommes un parti socialiste, mais nous sommes prêts à travailler avec un parti de droite, pour peu qu'il soit patriotique et milite pour l'intérêt de l'Algérie». Mais pour Louisa Hanoune, la priorité du parti est d'abord le soutien aux luttes syndicales, car seule la force syndicale est capable aujourd'hui d'ouvrir de véritables horizons, bien évidemment avec le soutien des partis politiques. Le Parti des travailleurs a même été invité par le Mouvement de la société pour la paix (MSP) pour travailler ensemble sur des dossiers qui privilégient l'intérêt du pays. A noter que le MSP s'est dit favorable à travailler avec certaines forces de l'opposition au sein de l'APN. Le parti a proposé l'ex-ministre Smaïn Mimoun pour la présidence de l'APN pour concurrencer Saïd Bouhadja désigné par le parti majoritaire FLN. Le but, selon les députés du MSP, est de donner une vision démocratique à l'installation du président de l'Assemblée nationale populaire. «On veut démarrer sur de bonnes bases non pas pour arriver à présider cette assemblée, mais pour consacrer le principe de la démocratie dans l'installation de la nouvelle assemblée, pour donner une crédibilité à cette assemblée». Les députés du MSP se disent pour une désignation du président de l'APN par la voie de l'urne au lieu d'une désignation d'office décidée d'en haut qui ne peut que remettre en cause la crédibilité du Parlement. Le parti de Louisa Hanoune a, pour sa part, soutenu le MSP pour ce choix. D'autres formations politiques ont-elles aussi désigné leur candidat pour la présidence de l'APN. Le parti de l'Alliance Adala-El Bina-Ennahda a présenté Lakhdar Benkhalef et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a présenté la candidate Nora Ouali. Les partis de l'opposition n'ont pas critiqué la personne de Saïd Bouhadja, mais ils se sont dits contre la manière de vouloir désigner celui qui préside l'APN. Abdelmadjid Menasra, président du Front du changement (FC), a tenu à préciser que cette candidature est juste pour le principe car les résultats sont connus d'avance et la balance est favorable au candidat de la majorité parlementaire. Louisa Hanoune a précisé dans ce sens : «Ce qui nous préoccupe, actuellement, n'est pas celui qui doit présider cette assemblée mais que va-t-il se passer demain et après-demain, notamment, par rapport à cette guerre sociale imposée au peuple algérien». Sachant, dit-elle, que pas moins de 1.000 entreprises du BTPH sont en voie de faillite. Elle a tenu à affirmer au même titre que d'autres formations de l'opposition que «nous n'avons rien contre l'homme lui-même, on reconnaît qu'il s'agit d'un homme respectable, un moudjahid, un ancien militant avec qui nous avons déjà travaillé». Mais, dit-elle, «il y a un problème politique et un problème de légitimité parlementaire, car cette Assemblée populaire ne représente pas le peuple». Les députés du RCD ont exprimé leur détermination pour être très actifs et efficaces afin de porter la voix du peuple au sein de cette assemblée. «On luttera au sein de cette assemblée, on posera des questions, on proposera des lois et on sera très actifs au niveau de l'APN», dira le chef du parti, Mohsen Belabbes. Et de préciser que le RCD prépare déjà deux projets qu'il juge prioritaires, l'un porte sur «le rétrécissement ou la limitation de l'immunité parlementaire» et l'autre sur «une enquête sur la résidence de l'Etat de Club des pins». «Le recul du PT n'a rien à voir avec son soutien au général Toufik» La secrétaire générale du PT a affirmé qu'il n'y a aucun lien entre le recul de son parti lors de ces législatives et le soutien du PT au général Toufik. Louisa Hanoune a affirmé que son parti «est la première victime de la fraude massive» du 04 mai dernier. Pour elle, il s'agit d'une punition de la part d'une mafia. « Ça n'a rien à voir avec notre soutien au général Toufik», précise-t-elle. Et de souligner : «Nous étions la première force politique si ce n'était pas le bourrage des urnes, et s'il n'y avait pas de fraude». La première responsable du parti accuse. «Ils ont fait un putsch contre le PT, c'est une punition due à notre lutte historique au sein de l'APN lors du dernier mandat. Et suite à notre travail commun et solidaire que nous avons mené avec d'autres formations politiques au sein de l'Assemblée nationale». Elle poursuit : «On a été punis parce que nous avons soutenu les syndicats autonomes dans leur lutte contre la précarité sociale et professionnelle». C'est aussi, dit-elle, « une punition par rapport à notre campagne électorale que nous avons menée et parce qu'on a dit la vérité du peuple». Louisa Hanoune dénonce encore une fois la fraude. «Le 04 mai, nous savons tous ce qui s'est passé. A Alger à 18 heures, le PT avait 16 sièges établis et après, il se retrouve avec 6 seulement, c'est un putsch qui a eu lieu sur tout le territoire national». Et de poursuivre en affirmant : «Ils ont augmenté le taux de participation d'une manière falsifiée, avec le bourrage des urnes». Louisa Hanoune a également évoqué le Conseil constitutionnel. «Nous avons vu la tête que faisait monsieur Medelci et ses collaborateurs, c'était des têtes d'enterrement, il s'est passé quelque chose, qu'est-ce que c'est ?», s'interroge la SG du PT. «On ne sait pas ce que c'est, mais on finira par le savoir», dit-elle. Elle conclut : «Il faut savoir raison garder, si jamais le pays sombre dans le chaos, personne ne sera président ni élu, donc il faut chercher comment faire en sorte avec d'autres partis, avec d'autres syndicats et la jeunesse pour dresser un rempart pour éviter l'irrémédiable à notre pays».