Il serait naïf de lier la destination marocaine du premier déplacement du président français au Maghreb à un quelconque penchant «affectif», ou autre préférence pour ce pays aux dépens de ses voisins. En attendant confirmation officielle, Macron devrait effectuer une visite au Maroc les 14 et 15 juin prochains, selon des sources attribuées à l'Elysée, qui soulignent qu'il réserve à plus tard son second déplacement à Alger, sans plus de détails quant à la date précise de ce voyage à Alger. Dans quelques semaines, dira-t-on vaguement à propos de ce voyage décidé, semble-t-il, lors d'un entretien téléphonique entre Abdelaziz Bouteflika et Emmanuel Macron. Ce dernier aura cassé une tradition instaurée par les coutumes diplomatiques des présidents français qui se sont succédé à l'Elysée ces dernières années. Jacques Chirac a visité l'Algérie au mois de mars 2003, avant de se rendre au Maroc en octobre de la même année. Nicolas Sarkozy a également réservé sa première visite à l'Algérie au mois de juillet 2007, trois mois avant de se rendre au Maroc, soit en octobre la même année. Egalement, François Hollande réservera sa première visite dans la région du Maghreb à l'Algérie au mois de décembre 2012, il se rendra au Maroc en avril 2013. On voit bien que ce rythme a été respecté par les présidents de la gauche et de la droite française. L'Algérie a toujours été leur première destination, avant qu'Emmanuel Macron ne bouscule cette tradition non déclarée. Anticonformiste de vocation, le président français ne cache pas ses ambitions de faire bouger les lignes partout où il passe. Peut-être que cela s'inscrit dans cette nouvelle vision. Peut-être aussi que l'agenda présidentiel a fait que les choses soient ainsi, sans calcul aucun. Emmanuel Macron s'était déjà rendu en Algérie et en Tunisie au moment de la campagne présidentielle, sans avoir le temps nécessaire de continuer sa tournée jusqu'au Maroc. En ces moments-là, on trouvait à Alger que Macron est «un ami de l'Algérie». Maintenant, à Rabat, on souligne le «caractère spécial» dans les relations entre la France et le Royaume marocain, bien sûr après l'annonce de cette visite d'Emmanuel Macron au Maroc, les 14 et 15 prochains. On présente la France comme l'un des premiers investisseurs étrangers au Maroc. C'est surtout cela ce qu'il faut retenir dans les relations entre les deux pays, les intérêts économiques qui régissent les relations entre les pays à travers le monde, pas seulement au niveau maghrébin. Le président américain a bien choisi de se rendre en premier lieu en Arabie saoudite lors de son dernier déplacement au Moyen-Orient. Avant de se rendre en Israël, allié stratégique des Etats-Unis dans la région. Doit-on dire que Donald Trump accorde plus d'importance aux Saoudiens qu'aux Israéliens ? Les Israéliens se sont-ils pour autant offusqués de voir Trump passer d'abord par Riyad avant de rejoindre Tel-Aviv ? Bien sûr que non, chez ces gens on comprend et on pratique la diplomatie comme elle se doit, avec l'art d'insulter gentiment ses vis-à-vis. Il faut relever dans ce contexte que l'Algérie n'a jamais tiré un quelconque profit de ces premières visites des présidents français, de Chirac à Hollande. Bien au contraire, c'est le Maroc, second pays à être visité par ces présidents, qui tirait son épingle du jeu, sur le plan économique notamment. Quelque part, donc, il est écrit qu'il ne faut pas s'attendre à de grands changements avec Macron. Ce dernier, à son honneur, travaille pour l'intérêt de la France, en attendant que d'autres en fasse de même et pensent à leurs pays avant de bomber le torse sous l'impulsion d'un souffle qui n'est pas le leur.