Le drame des réfugiés syriens bloqués, depuis le mois d'avril, dans la région frontalière du Maroc avec l'Algérie, plus précisément dans une butte désertique et inhospitalière près de la ville marocaine de Figuig, se poursuit. L'Algérie qui avait, à titre humanitaire, décidé d'accueillir ces réfugiés, n'a pu le faire du fait des blocages des autorités marocaines, qui, selon des ONG locales (marocaines), empêchent sciemment ces réfugiés d'aller soit au Maroc, soit en Algérie. Jeudi denier, c'était au tour d'Amnesty International (AI) de déplorer cette situation et de dénoncer l'attitude incompréhensible des autorités marocaines. Dans un long communiqué sur ce drame, 'AI'' a indiqué qu' « en refusant aux réfugiés syriens la possibilité d'entrer en contact avec le HCR, les autorités marocaines bafouent leurs obligations internationales.» «Ces personnes ont fui des massacres et des bombardements en Syrie et sont venues chercher la sécurité dans un autre pays, les autorités marocaines doivent leur accorder le droit de demander l'asile », a affirmé Heba Morayef, directrice des Recherches pour l'Afrique du Nord à Amnesty International. Ces ressortissants syriens, parmi lesquels figurent 10 enfants, sont bloqués, depuis deux mois, dans une zone tampon située sur le territoire marocain et ils ont jusqu'à présent survécu grâce à l'aide et aux denrées fournies de manière informelle par des habitants de Figuig, envers et contre les militaires marocains qui surveillent la zone. Un humanitaire franco-marocain, médecin de son état, Zouhair Lahana, a expliqué de son côté à Middle East Eye' (MEE) que des militaires marocains maintiennent ces réfugiés dans la zone tampon, entre l'Algérie, côté Beni Ounif, et le Maroc, côté Figuig. « Il faut comprendre à quoi ressemble la zone, explique Zouhair Lahana : Figuig est une oasis avec des montagnes et derrière, une vallée avec le désert. Cette vallée est une zone tampon, un no man's land. C'est là que se trouvent les réfugiés. » 'MEE' poursuit': 's'ils (les réfugiés) ont pu tenir depuis six semaines dans des conditions humanitaires extrêmes, c'est en grande partie grâce à la solidarité des habitants (de Figuig) qui, en bravant les autorités et en prenant de très gros risques, donnaient, chaque jour, des rations alimentaires et 50 litres d'eau aux passeurs de la frontière pour qu'à leur tour, ils les acheminent jusqu'aux migrants. » Pis, les gardes frontières marocains, souligne par ailleurs 'AI'', ' n'ont, pour l'instant, autorisé aucun groupe marocain de défense des droits humains, ni aucune organisation humanitaire, y compris le HCR, à se rendre sur place ». En outre, « le HCR n'est pas présent dans cette zone frontalière et n'est pas autorisé à enregistrer directement les demandeurs d'asile que dans un seul bureau, situé à Rabat, capitale du Maroc ». D'autre part, Amnesty indique que certains de ces réfugiés souffrent de plusieurs maladies, «mais les autorités marocaines ne leur ont offert aucun soin et ne leur ont pas permis de rencontrer les médecins qui accompagnaient les organisations marocaines de défense des droits humains qui ont tenté de se rendre sur place». En fait, les réfugiés syriens vivent sous une tente de fortune faite de morceaux de tissus et confortée de branchages pour se protéger de la chaleur et du soleil, avec des températures qui atteignent les 45 degrés, alors que la nuit la butte est infestée de serpents et de scorpions. «Au lieu de renvoyer de force les réfugiés syriens dans une zone tampon aride et désertique, où leurs conditions de vie se dégradent, les autorités marocaines doivent de toute urgence leur apporter une aide humanitaire et autoriser les organisations humanitaires à se rendre, sur place, pour évaluer leurs besoins», affirme 'AI'', qui prévient que «les autorités marocaines ne doivent pas mettre en danger la vie des réfugiés en les laissant piégés, à la frontière, dans des conditions difficiles et sans aide humanitaire», et «doivent immédiatement leur permettre d'entrer dans le pays et d'exercer leur droit de demander l'asile auprès du bureau compétent du HCR, au Maroc». De son côté, l'Algérie, qui avait annoncé qu'elle consentait à accueillir, pour des raisons humanitaires ces réfugiés, parmi lesquels une femme enceinte, n'a pas pu accomplir ce geste humanitaire, les autorités marocaines ayant refusé de remettre à l'Algérie les réfugiés syriens bloqués dans la zone tampon, et a donc dû lever provisoirement ce dispositif d'accueil de ces réfugiés. « En dépit de toutes les dispositions prises pour accueillir ce groupe de migrants, le HCR n'a pas été en mesure d'aboutir à une solution », indique-t-on à Alger. Selon les dernières informations parvenues de Figuig, une dizaine de réfugiés syriens qui avaient pu atteindre, la semaine dernière, la ville et s'y réfugier, avaient été rattrapés par les services de sécurité marocains et renvoyés dans la zone tampon, sans eau ni vivres. Le problème est le fait du Maroc, qui empêche depuis avril dernier, ces réfugiés syriens d'entrer et d'aller s'enregistrer auprès de la délégation du HCR, au Maroc, située quartier Hassan, à Rabat, à quelques dizaines de mères de l'ambassade US et à seulement moins de 300 mètres du siège des ministères marocains des affaires étrangères et de l'Intérieur.