La nouvelle équipe qui dirige la CAF ne semble pas se soucier des intérêts du football africain. Elle est plutôt alignée sur les intérêts du football européen dont les dirigeants imposent leur diktat à ceux de la CAF. Cela s'est vérifié lors du dernier symposium de la CAF, organisé à Rabat, la semaine dernière. Au lieu d'évoquer les problèmes de fond et de manque de moyens dont souffre le football africain qui est en déclin comparativement aux années précédentes, les décideurs au niveau de la CAF se sont alignés sur les injonctions des Européens afin de plaire à ces derniers. Défendant leurs intérêts à outrance, ce qui est de bonne guerre, les Européens, à leur tête le président de la FIFA, ont imposé à la CAF d'organiser la CAN en fin de saison, c'est-à-dire vers les mois de juin ou juillet . L'argument avancé pour ces changements consiste en les préjudices causés aux clubs européens quand la CAN se déroule le mois de janvier. Ceux qui ont pris cette décision ont exigé qu'elle soit appliquée illico presto, c'est-à-dire dès la prochaine édition de la CAN, soit en 2019 au Cameroun. Une décision expéditive qui ne semble pas faire l'objet préalablement d'un débat sérieux au sein des instances de la CAF, lesquelles obéissent à la FIFA et l'UEFA. Pis encore, il a été décidé de passer de 16 à 24 équipes, sachant que la plupart des pays africains qui accueillent les phases finales de la CAN ne disposent pas de moyens à même d'accueillir 24 équipes, avec tout ce que cela suppose comme délégations qui séjourneront plus longtemps que d'habitude. L'augmentation du nombre d'équipe signifie en fait, augmentation des revenus, notamment sur le plan des recettes publicitaires. Des revenus qui ne profiteront pas aux Africains. Pour preuve, lors de ce symposium, le problème épineux des droits de retransmission télévisuelle des matches de la CAN et des compétitions inter-clubs n'a pas été évoqué avec autant de sérieux que le calendrier de la CAN. Les Africains sont privés des matches de leurs sélections et clubs en raison des prix exorbitants des droits de retransmission TV. Le patron de la chaîne qatarie Bein Sport, Nasser Al-Khelaïfi, qui a été invité à ce symposium, a abordé le thème des droits de retransmission TV avec beaucoup de mépris à l'égard des téléspectateurs de la région MENA (Afrique du Nord et Moyen-Orien) où il détient l'exclusivité de la retransmission des matches de la CAN et des compétions inter-clubs. Il a prétendu que les prix prohibitifs imposés par le diffuseur exclusif de la CAN dans le monde arabe ont empêché Bein Sport de réaliser des bénéfices, d'où les prix exorbitants imposés par cette chaîne aux pays de la région MENA. Poussant son mépris plus loin, il a indiqué que «Bein Sport couvre juste les frais du rachat des droits télé de la CAF et ne réalise pas de bénéfice pour le moment», sans que la CAF ou la FIFA n'émettent la moindre réserve. Les tarifs imposés aux pays africains en ce qui concerne les droits de retransmission TV des matches de la CAN ne gênent aucunement les Européens qui ne se soucient que de la périodicité des matches de la CAN. Ils ne se soucient pas aussi de la périodicité de déroulement des matches des compétitions africaines inter-clubs. C'est dire que la CAF ne défend plus les intérêts du football, mais ceux des clubs européens.