Israël se gausse de la solidarité arabe. Et a même rendu ridicules les monarques du Golfe avec leur accueil sans précédent et outrageusement obséquieux du président américain Donald Trump qui, au passage, est reparti chez lui avec une valise pleine de milliards de dollars de contrats d'armement. Contre quoi ? Le silence des pays du Golfe et la majorité de ceux de la Ligue arabe devant les excès et les agressions quotidiennes contre le peuple palestinien par les autorités d'occupation israéliennes. Après une fatwa saoudienne interdisant le soutien aux Ghazaouis ensevelis sous un déluge de bombes en 2014, c'est un silence assourdissant que l'on enregistre ces jours-ci par rapport aux événements douloureux à Al Qods occupée. Les manifestations de protestations des habitants d'Al Qods et dans toute la Cisjordanie et les territoires occupés en cours contre une nouvelle restriction à la liberté de circuler imposée aux jeunes Palestiniens, n'a pas suscité de réaction, ni une quelconque compassion des monarchies du Golfe. Cela confirme en fait que ces monarchies sont à chaque fois mal à l'aise devant l'impérieuse nécessité de manifester leur soutien à la cause palestinienne face à leurs «obligations» avec Washington qui les rend complices de toutes les décisions iniques et inhumaines, barbares, d'Israël contre les Palestiniens. Dans le cas des manifestations d'Al Qods depuis le 16 juillet denier contre les nouvelles restrictions imposées par la police israélienne aux musulmans pour se rendre à l'Esplanade des mosquées, il semblerait que l'Arabie saoudite et ses satellites ne soient pas concernés par la protection et la défense du plus sacré des lieux saints de l'Islam. La décision belliqueuse de la police d'Al Qods de ne laisser entrer dans la vieille ville et au mont du Temple que les hommes de 50 ans et plus a outré les Palestiniens, qui se sont mobilisés contre cette décision. Bien sûr, la Ligue arabe a réagi par la voie de son SG, l'Egyptien Abou El Gheit, mais tout le monde sait que ce regroupement de pays arabes n'a plus aucune influence sur les événements et a depuis longtemps perdu sa crédibilité avec les dissensions internes alimentées par les monarchies du Golfe. Et, plus que tout, les pays arabes du Golfe semblent éprouver une urticante réaction lorsqu'il s'agit des Palestiniens et de leur juste combat contre Israël. L'une des raisons de cette attitude révoltante est à rechercher dans leur aversion contre certains groupes de combattants palestiniens, comme le Hamas, qui est catalogué par le Département d'Etat américain comme étant une organisation terroriste. Suffisant pour que Riyad et ses satellites ne bougent pas le petit doigt ne serait-ce que pour protester «pour la forme». L'autre raison qui explique cet immobilisme et cette moue des pays du Golfe est que le Qatar, devenu leur ennemi à moins qu'il ne redevienne docile et obéissant, soutient le Hamas et tous les groupes paramilitaires palestiniens et offre en même temps le refuge à leurs dirigeants. Cela est inadmissible pour Riyad et les pays du Golfe qui voudraient clore le dossier palestinien sans prendre en considération toutes les résolutions onusiennes et la volonté du peuple palestinien. C'est ce qui explique en grande partie l'alignement de ces monarchies avec la politique américaine dans la région et en particulier sa vision du processus de paix israélo-arabe. L'Egypte, depuis Sadate, est dans le même panier, et les positions affichées par Al Sissi ces derniers temps montrent qu'il s'est lui aussi, dès le début, désolidarisé de la cause palestinienne. Alors, est-il encore utile de chercher une impossible solidarité arabe face à l'ennemi commun ?