Le ministre des Affaires étrangères affirme que les groupes terroristes, activant dans la bande sahélo-sahélienne et plus, en Afrique de l'Ouest, manipulent des moyens financiers accrus, butins de connexions entre le terrorisme et le crime organisé transnational. Le chef de la diplomatie a soutenu, à cet effet, que «la région à laquelle appartient mon pays, connaît, à la fois, le terrorisme et le crime organisé transnational.» Abdelkader Messahel l'affirmait, hier, devant des représentants politiques, militaires et experts du royaume des Pays-Bas qui se réunissaient au CIC Abdelatif Rahal' (Club des Pins) avec leurs homologues algériens, dans le cadre d'une première réunion régionale, sur la relation entre le terrorisme et le crime organisé transnational, tenue dans le cadre du Forum mondial de Lutte contre le terrorisme (GCTF). «La fédération de certains de ces groupes terroristes augure de projections portées par la maîtrise de moyens financiers accrus,» a-t-il noté. Le MAE estime qu'«il y a, donc, un fort besoin de mieux connaître et mieux comprendre l'évolution de la relation et des mutations qui naissent et qui se développent entre ces deux menaces, dans toute la région.» Besoin qui, dit-il, est «d'autant plus pressant que ces deux fléaux sont de portée globale et s'alimentent de ramifications internationales.» Il appelle les partenaires de l'Algérie à «trouver des moyens de lutte plus adaptés à la complexité de la relation entre ces deux fléaux et de ses conséquences sur la sécurité et la stabilité régionale et internationale.» «Les solides interconnexions» du crime organisé Le MAE précise que «cette thématique n'est pas nouvelle.» Elle préoccupe, indique-il, les Etats, l'ONU et les Organisations régionales, dont l'Union Africaine, «depuis de très longues années maintenant.» La résolution 1.373 du Conseil de Sécurité avait, d'ailleurs, rappelle-t-il, établi, en 2001 déjà, un lien étroit entre le terrorisme et le crime organisé transnational. La bande sahélo-saharienne, en particulier, est aujourd'hui, une zone meurtrie et menacée par le développement de ces deux fléaux, par, affirme Messahel, «la densification de leurs canaux de collaboration, par la solidité des interconnections de leurs intérêts et par la mutualisation progressive de leurs moyens, pour la conduite et la protection de leurs activités criminelles respectives.» Le MAE revient sur les trafics qui alimentent et ravitaillent le crime organisé transnational, dans cette même région entre autres, la prise d'otages contre paiement de rançons, le trafic de cocaïne, d'héroïne, de psychotropes et surtout de haschich, le trafic d'armes, en tous genres, la traite des êtres humains, l'exploitation de la migration illégale, le blanchiment d'argent, l'orpaillage illégal, le trafic de cigarettes et de contrebande de toutes sortes, le trafic de biens culturels, le vol de bétail Il relève la dangerosité et la gravité d'un contexte où «ces activités illégales drainent des sommes considérables, dans une région pauvre (et) où les Etats manquent dramatiquement des capacités et des ressources requises pour les combattre et pour protéger leurs populations respectives des dangers que celles-ci font peser sur leur sécurité, leur stabilité et leurs aspirations légitimes au développement et au bien-être.» L'Algérie insiste sur une définition commune du terrorisme Pour lutter contre le crime organisé et ses ramifications internationales, l'Algérie propose, par la voix de son MAE, des pistes à explorer, à travers «la relation entre la délinquance ordinaire, sa radicalisation et le terrorisme, le lien entre le financement du terrorisme et du crime organisé transnational, la spécificité de leurs sources et modes de financement, le phénomène de l'appropriation des services criminels par les groupes terroristes, le concept de «ghanimah», dans la relation entre les deux types de criminalités, la fusion des réseaux sociaux des deux groupes pour la propagande et surtout le recrutement, La liste est malheureusement longue,» avoue-t-il. Alger appelle en outre, les Etats à «contribuer au renforcement des instruments nationaux, régionaux et internationaux de lutte contre ces fléaux.» L'Algérie ne se lassera pas d'insister, encore et toujours, sur «la nécessité de parvenir à une définition commune du terrorisme, comme c'est le cas avec le crime organisé transnational, d'organiser l'échange d'informations et de données, de renforcer la coopération judiciaire régionale et internationale, de renforcer aussi les institutions régionales et internationales de lutte contre le crime organisé transnational telles que la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale ou la Convention arabe de lutte contre le commerce illicite des drogues, et réfléchir, aussi, à la création de cordons sanitaires autour des zones de production de drogues, de psychotropes » En troisième lieu, la lutte contre ces deux fléaux, dit Messahel, nécessite, aussi, la promotion de programmes de coopération bilatéraux, régionaux et même internationaux ainsi que le développement de la coopération entre les organismes régionaux et internationaux. L'Algérie déclare sa disponibilité «à apporter sa contribution à toutes les initiatives bilatérales, régionales, en particulier, précise son chef de la diplomatie, avec les pays de notre espace sahélo-saharien et de toute l'Afrique de l'Ouest, ainsi qu'au niveau international, allant dans le sens du renforcement de la lutte commune contre ces fléaux, qui constituent des dimensions importantes de potentielles agressions hybrides dirigées contre la sécurité, la stabilité, la cohésion et le développement de nos pays.»