Dans la nuit du 24 avril 2016, les services de sécurité de la daïra de Bir El-Djir sont alertés sur la présence dans un établissement hospitalier d'un homme grièvement blessé au ventre et à la gorge par arme blanche. Lorsqu'ils se rendent sur les lieux, les policiers sont informés par l'accompagnateur du blessé que l'homme a été agressé au couteau par un certain A.O. Karim, employé sur un chantier où la victime travaille comme chef d'équipe. Les policiers se déplacent sur le chantier en question et trouvent A.O. Karim, en état d'ébriété, le visage ensanglanté. Le suspect est également en possession d'un couteau portant des traces de sang. Interrogé, il avoue être l'auteur des coups portés à son chef d'équipe, A. Abdelkader, et explique qu'ils se sont battus parce que son chef avait refusé de lui payer son salaire et l'avait frappé à la tête avec une brique. Dans sa déposition, Abdelkader confirme les dires de son agresseur en précisant toutefois avoir frappé Karim avec un bout de bois et non pas avec une brique rouge. Une fois dégrisé, le suspect apportera plus de détails : «Abdelkader m'a frappé à la tête avec une brique et, alors que j'étais à terre, s'est acharné sur moi en tentant même de me casser le bras. C'est pour cela que j'ai ramassé ce que j'avais trouvé sous la main et frappé à l'aveugle. Je n'ai fait que me défendre.» Trois semaines plus tard, A. Abdelkader décédera des suites d'une hémorragie à la poitrine. Le magistrat instructeur inculpera O.A. Karim sous le chef d'accusation d'homicide volontaire. A la barre ce mercredi 15 novembre, l'accusé réitérera avoir agi en légitime défense: «C'est la victime qui m'a frappé en premier, moi, j'ai réagi en légitime défense», dira-t-il en substance en soutenant ne pas avoir eu l'intention de tuer son adversaire. Déclarations que le représentant du ministère public qualifiera de «tentative de l'accusé de fuir ses responsabilité», affirmant que les éléments constituant le crime sont établis dans le dossier d'accusation et requérant la prison à perpétuité, soit la peine maximale prévue par la loi. L'avocat de la défense, lui, plaidera la légitime défense en développant les arguments présentés par l'accusé dans sa déposition : «C'est la victime qui a porté le premier coup et mon client a agi en légitime défense», a-t-il notamment déclaré en soulignant l'absence d'intention de tuer et en demandant au tribunal de requalifier les faits en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Mettant en avant que son client est père de cinq enfants, il priera le tribunal d'accorder à Karim les circonstances atténuantes. A l'issue des délibérations, le tribunal criminel déclarera l'accusé coupable des faits reprochés et le condamnera à purger une peine de 20 ans de réclusion et à verser la somme de 300 millions de centimes à la partie civile, soit la mère et l'épouse de la victime.