Alger et Berlin ont passé en revue leur coopération en matière d'immigration clandestine qu'ils ont qualifiée de «très bonne», indiquant qu'elle a évolué «grâce à l'échange d'information entre les services de sécurité des deux pays». Un échange évoqué lors de la visite du ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, accompagné du directeur général de la Sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel, dans la capitale allemande, ce jeudi. Bedoui s'est entretenu avec son homologue allemand, Thomas de Maizière, avant que la délégation ne visite le Centre de situations du ministère fédéral de l'Intérieur allemand qui «recense et centralise toutes les informations à caractère sécuritaire» de l'Allemagne, chargé «de gérer les crises internes qui peuvent survenir (attentats terroristes, catastrophes naturelles, accidents graves, prises d'otages...)». Le sujet des sans-papiers algériens présents en Allemagne a été l'un des dossiers brûlants entre les deux pays, discuté au plus haut niveau de responsabilité. Le cas a été notamment abordé lors de la visite, en janvier 2016, du Premier ministre de l'époque en Allemagne où la chancelière Merkel, durement confrontée aux événements de la Saint Sylvestre de Cologne, avait clairement demandé à Sellal de s'occuper sérieusement des sans-papiers algériens en Allemagne. Steffen Seibert, porte-parole de la chancellerie, était revenu sur cette question indiquant qu'il existe «un accord de rapatriement» mais que «dans la pratique, il reste des cas problématiques», rappelant les discussions bilatérales avec l'Algérie qui doit étudier quelque 2300 dossiers puisque Sellal, tout en condamnant les violences de Cologne, a fait savoir qu'avant tout renvoi en Algérie, «il faut naturellement s'assurer qu'il s'agit bien d'Algériens». En mai de la même année, Hamel avait confirmé la coopération de son institution avec son homologue allemande. «La police algérienne est disposée à coopérer avec la police allemande afin de trouver une solution au problème des Algériens installés clandestinement en Allemagne», avait-il indiqué à l'issue de l'audience accordée au directeur général de la police fédérale allemande, Dieter Romann, précisant la nature «technique» de cette solution. Le DGSN a évoqué la «réadmission» des clandestins algériens établis en Allemagne, rappelant les accords en vigueur «à respecter». La chancelière allemande avait plaidé l'accélération du renvoi vers leur pays des ressortissants algériens déboutés du droit d'asile en Allemagne, mais le problème qui se pose est de les détecter. Une fois arrivés en Allemagne par les filières turques et grecques, les Algériens se débarrassent de leurs papiers et essaient de se faire passer pour des Syriens ou des Irakiens pour bénéficier du droit d'asile. Pour mettre le droit de son côté, Berlin a placé l'Algérie, tout comme ses deux voisins, le Maroc et la Tunisie, sur la liste des pays «sûrs». En inscrivant les trois capitales maghrébines sur cette liste, Merkel voulait une caution politique et surtout humanitaire pour renvoyer ces contingents de harraga chez eux sans même avoir à motiver le refus d'accorder l'asile. Pourtant, la chambre haute du Parlement allemand a rejeté le projet de loi visant à débouter plus facilement les demandeurs d'asile algériens, marocains et tunisiens. Adopté l'an dernier par les députés de la chambre basse, le Bundestag, cette décision est perçue comme un revers pour la chancelière Angela Merkel, en difficulté sur ce dossier. L'opposition du Bundesrat était prévisible dans la mesure où les Verts et la gauche radicale, Die Linke, avaient déjà signifié leur veto à ce texte controversé. Après les harraga en Espagne, assisterons-nous à un retour massif des sans-papiers algériens en Allemagne ?