Près de 40.000 tonnes d'eaux huileuses sont rejetées chaque année dans les réseaux d'assainissement ou d'autres milieux récepteurs, apprend-on de sources proches de la direction de l'environnement. Selon nos interlocuteurs, une récente étude commandée par la direction a permis de révéler une atteinte flagrante à l'environnement dont les principaux acteurs sont les responsables des stations-service. La quantité de ces rejets représente près de 40% de l'ensemble des déchets spéciaux dangereux de la wilaya d'Oran, estimés à 10.000 tonnes par an. Selon nos sources, l'étude du Plan de gestion des déchets spéciaux (DS) et déchets spéciaux dangereux (DSD), réalisée par le cabinet d'études environnementales et risques industriels (CEERI), indique que l'ensemble des affluents aqueux, provenant des eaux de lavage des planchers, des équipements et des véhicules sont rejetés directement dans le réseau d'assainissement ou en milieu récepteur. Ces rejets représentent un grave danger pour les zones humides de la région, a-t-on souligné dans la synthèse de cette étude, ajoutant que les afflux huileux sont classés comme déchets spéciaux dangereux par le décret exécutif n° 06-104 du 8 février 2006. De son côté, la direction locale de l'énergie avait lancé, au début de l'année 2017, une campagne de contrôle des stations-service de la wilaya. Celle-ci conforte la thèse du rejet directement dans les réseaux d'assainissement. «Cette campagne nous a permis de constater que le minimum pour récupérer les huiles et séparer les huiles usagées de l'eau du lavage ne se fait pas dans la grande majorité des stations», a déploré le directeur local de l'énergie. Il a ajouté que son administration a mis en demeure les gérants de ces stations tout en leur accordant un délai pour mettre à niveau leurs installations. La direction de l'énergie n'est toutefois chargée que du contrôle des stations qui assurent la distribution du carburant et pour lesquelles le lavage-graissage est une activité secondaire. Les stations qui ne font que le lavage dépendent de la commission de wilaya chargée des établissements classés relevant de la direction de l'environnement, a encore rappelé le même responsable, soulignant que son administration a saisi la direction locale de l'environnement pour tracer un programme de contrôle des stations n'assurant que le lavage et relevant de sa compétence. Signalons que la collecte des huiles usagées constitue un gros problème, puisque le seul opérateur assurant cette collecte, l'entreprise publique Naftal, ne récupère que les huiles usagées des stations conventionnées avec elle en tant que fournisseur d'huile de graissage.