L'accord sur son nucléaire signé par l'Iran en juillet 2015 avec les grandes puissances regroupées dans le club dit des cinq+1 a permis la levée en 2016 des sanctions internationales dont il faisait l'objet. La reprise pour ce pays de ses exportations de pétrole conjuguée avec les effets d'une politique économique ambitieuse a fait qu'en 2017 il pouvait sereinement envisager avec optimisme l'avenir au vu de l'amélioration relevée au plan macro-économique d'une croissance repartie et d'une inflation passée de 40% à 10%. Paradoxalement, c'est dans ce contexte plein de promesses qu'ont éclaté depuis le 28 décembre des manifestations dont les slogans de départ leur ont donné un caractère de protestation exprimant le mécontentement populaire économique et social. Les politologues qui s'escriment sur les plateaux des médias occidentaux à expliquer l'explosion survenue en Iran avancent qu'elle serait due à la colère des citoyens qui n'ont rien vu venir pour eux au plan économique et social avec la signature de l'accord sur le nucléaire. Ce qui n'est pas impossible ramené à l'aune de l'impatience légitime des Iraniens à voir leurs gouvernants satisfaire leurs aspirations sociales et économiques dont ils n'en ont pas fait des revendications pour la satisfaction desquelles ils auraient accepté de descendre dans la rue alors que leur pays était soumis à sanctions et menacé d'intervention militaire étrangère. Pour aussi réelles que sont les motivations économiques et sociales que les manifestants ayant lancé le mouvement de protestation mettent en avant, il faut se garder de croire en la spontanéité de celui-ci. Il y a en effet une très forte probabilité que l'on est en présence d'une opération de déstabilisation ayant eu initialement pour inspirateurs les conservateurs du régime iranien dont l'influence a été amoindrie par la popularité grandissante dont a bénéficié le président modéré Rohani qui lui a permis de remporter haut la main sa réélection pour un deuxième mandat qu'il s'est engagé à vouer à l'amélioration de la situation économique du pays et partant celle des conditions sociales des Iraniens et surtout de desserrer pour eux la chape étouffante que les conservateurs ont imposée à la société iranienne. De même qu'il est probable que ce faisant les apprentis sorciers ont été dépassés par le mouvement qu'ils ont inspiré dès lors qu'après avoir au début conspué le président Rohani et son gouvernement, les manifestants s'en sont pris au régime dans son ensemble. La confusion qui règne en Iran est de ce fait pain béni pour les ennemis étrangers de ce pays auxquels elle donne prétexte à leur ingérence dans ses affaires. Ils ne s'en privent d'ailleurs pas et s'échinent à jeter de l'huile sur le feu en exprimant sans vergogne leur soutien au mouvement de protestation en appelant ses animateurs à renverser le régime. Etrangement les mêmes politologues qui ressassent le caractère économique et social de la protestation de la rue iranienne se font très évasifs pour ne pas dire négateurs sur la part qu'ont certainement ces milieux dans l'entretien de sa poursuite. Ils taisent de même et totalement que ces mêmes milieux qui se disent solidaires du peuple iranien qui conteste le régime politique auquel il est soumis n'ont pas eu le même sentiment à l'égard des citoyens de Bahreïn ou du Yémen qui eux aussi tentent d'en finir avec leurs régimes oppresseurs et certainement plus rétrogrades et répressifs que celui de Téhéran. Tout cela fait qu'il faut se garder de prendre pour argent comptant les décryptages qu'ils font de la crise iranienne.