Après un scénario qui fait envie à de nombreuses villes communes du pays, dans les actes d'installation, de concertation interne, de mise en place de l'organe exécutif et de répartition de tâches pour les délégués, l'APC d'Oran émet un autre signe révélateur et intéressant, à plus d'un égard : l'instauration d'un « rituel » qui consiste en la participation du chef de daïra aux réunions du Conseil exécutif et à l'Assemblée générale. Le baptême du feu de cette nouvelle « tradition », qui veut que le chef de la daïra tutelle de la commune assiste aux rendez-vous majeurs de celle-ci, a été donné, jeudi, à l'occasion d'une réunion du Conseil exécutif municipal, tenue au cabinet du maire, boulevard de La Soummam. En vérité, ce n'est pas une prouesse dont il faut s'enorgueillir et tirer vanité outre mesure. Ce n'est, ni plus ni moins, qu'une consécration du principe de la tutelle administrative liant la commune, en tant que collectivité territoriale décentralisée, cellule fondamentale et entité de base de l'Etat, à la daïra qui aide l'Administration dans ses fonctions comme étant un service externe de la wilaya qui la représente dans les activités des communes et assiste, ces dernières, dans leurs tâches. Cependant, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on n'a pas l'habitude de croiser le regard avec nos chefs de daïra, dans les salles de réunions des mairies, à l'occasion des conseils exécutifs et des sessions APC. C'est au maire et à son SG de se rendre au bureau du chef de daïra. Qu'il s'agisse d'une réunion inscrite sur les éphémérides locales, d'un comité de pilotage, d'une séance de travail, d'un fait prévu ou imprévu lié à la gestion quotidienne de la cité, le plus souvent Il y a, quelque part, dans ce sens unique de rendez-vous daïra-commune, un certain « complexe » de prépondérance, de supériorité hiérarchique, de primauté, de transcendance, de la tutelle personnifiée et personnalisée. Exécutif communal, 24 heures après l'exécutif de wilaya C'est en ce sens, celui ayant une connotation d'une volonté de se décomplexer par rapport à ce vrai-faux « a priori » et de donner l'exemple d'une relation objective, impersonnelle et décomplexée, entre autorités, que l'invitation par le maire d'Oran Noureddine Boukhatem du chef de daïra Mourad Rahmouni, jeudi à l'exécutif communal, en guise d'un premier acte d'un rituel à perpétuer, est une action à souligner et à mettre en gras. Timing choisi ou simple coïncidence de calendrier, ce qui est sûr c'est que cette réunion de l'exécutif communal est venue, à point nommé, pour la répercussion de l'information à l'échelon municipal et la prise en compte des directives du wali, données 24 heures auparavant, lors d'une réunion du Conseil exécutif, dans l'élaboration du Plan d'action communal. Bien qu'il ait noté et pris acte des orientations, mais aussi des mis en garde, émises par le wali, notamment en qui concerne les segments et les dossiers qui touchent, directement, la commune chef-lieu de la wilaya - et ils sont légion- Boukhatem avait, certes, besoin de la présence à ses côtés du chef de daïra, à la réunion élargie de son équipe exécutive. Il avait besoin des éclairages de celui que la loi a conféré le rôle d'assistant du wali, dans ses missions concernant le contrôle, le suivi et l'animation des communes rattachées à la daïra, et l'a chargé des tâches d'animation, orientation, coordination et contrôle de l'activité des communes qui lui sont rattachées, tout en lui attribuant le rôle d'encourager toute initiative, individuelle ou collective, des communes qu'il anime. De ses éclairages, certes, mais également de ses critiques, quand il le faut, ses rappels à l'ordre, ses délimitations, en marqueur rouge, des frontières de l'autorité municipale Le cas Oran-Propreté : c'est pareil aux autres Dans le dossier Environnement', sur lequel l'exécutif s'est attardé le plus, Boukhatem n'y est pas allé par quatre chemins pour faire grief, par-devant le chef de daïra, à l'EPIC Oran- Propreté, d'une « défaillance dans la prestation des services d'enlèvement et d'évacuation des déchets ménagers et assimilés dans les trois secteurs urbains, relevant de son champ d'intervention, en vertu d'un contrat-marché avec la commune d'Oran ». « Ecoutez, Oran-Propreté c'est comme tous les autres prestataires. Vous n'êtes tenus par aucun traitement de faveur envers cet opérateur public. Si vous estimez qu'elle n'est pas à la hauteur de l'objectif qui lui est assigné dans le contrat, vous avez toute latitude de prendre toutes les dispositions que vous jugez nécessaires. C'est pareil pour les concessionnaires privés », a mis au point le chef de daïra. Il a, dans un autre registre, appelé à un redéploiement plus rationnel et plus efficace des personnels communaux, talon d'Achille de la commune d'Oran qui bouffe 90% de son budget de fonctionnement dans les salaires pour une armée de travailleurs, fort mal répartie et rongée par les injustices inter-secteurs urbains/divisions et les disparités entre la classe des titulaires et la cheville ouvrière, en régime saisonnier « perpétuel ». Dans ce registre, le SG du conseil syndical de la commune, Ahmed Mentfakh, n'est pas allé par le dos de la cuillère pour déplorer cette situation de précarité d'emploi qui dure depuis plus de vingt ans, pour certains travailleurs, non sans appeler de tous ses vœux, le chef de daïra d'intervenir dans ce dossier pour la titularisation au moins d'une partie des saisonniers, par ordre de mérite. Le poids des dossiers des travailleurs et du recouvrement Une situation a été présentée, par ailleurs, sur l'état financier et comptable de la commune d'Oran, au lendemain de la clôture de l'année budgétaire 2017 et l'ouverture de l'exercice 2018. Il est vrai qu'Oran a, nettement, amélioré ses recettes via une série de délibérations valorisant ses produits communaux producteurs et mettant à jour les tarifs de baux, mais le chiffre d'affaires de 87 milliards (montant des ressources propres à la communes, recouvré par la trésorerie communale et les 25 régisseurs communaux, nouvellement, mis en place au titre du budget 2017) reste à mille lieues du potentiel de la ville, sommier de consistance, biens et services inclus. Encore que le chiffre prévisionnel des recettes, au titre du BP 2018, reste loin devant, puisqu'un déficit de 30 milliards est enregistré, au 31 décembre 2017. Une situation due en partie, selon l'analyse faite par le SG de la commune Benaoumer Fekha, à l'absence d'un compte de gestion à la Trésorerie communale. Quoi qu'il en soit, maire et chef de daïra se sont donné rendez-vous, dans la même salle de réunion du cabinet, boulevard de La Soummam, pour mettre à plat le dossier de la finance locale et tous les «dossiers qui fâchent» qui vont avec, pour reprendre Boukhatem.