Toute nation digne de ce nom, doit faire de son patrimoine culturel et immatériel, l'élément fondateur essentiel, pour renforcer son hégémonie et son identité. C'est pourquoi, en plus de la question des crânes de nos vaillants résistants du XIXème siècle qui, à croire le jeune président français, semble connaître un heureux dénouement, nous devons maintenir coûte que coûte la pression et la vigilance, pour enfin récupérer nos archives, c'est-à-dire, l'essentiel de notre mémoire, sans se suffire des pâles et simples copies ! Nous sommes dans une situation où notre droit le plus légitime et absolu doit être non seulement respecté, mais suffisamment rappelé à nos vis-à-vis, sans craindre la lassitude ! N'en déplaise à certains de nos compatriotes vivant en France, qui peuvent considérer ces demandes pourtant légitimes, comme un simple combat d'arrière-garde et un acte sans signification par crainte d'agacer ou de fâcher les autorités du pays qui les accueille oblige, et même d'autres vivant ici parmi nous et, ont besoin de faire de l'appel du pied à l'ex-puissance colonisatrice pensant de la sorte, pouvoir préserver leurs intérêts étroits et égoïstes. Cette exigence au lieu de paraître aux yeux de certains compatriotes « Raz murs » comme une «H'chouma», est plutôt à considérer, comme une constante, dans la quête de notre identité. C'est pourquoi, elle ne devrait être entachée d'aucune attitude laxiste, ni d'aucune négociation ouverte à un quelconque marchandage et, de quelque nature que ce soit. Ces demandes correspondent tout simplement, au souci de permettre la restauration de l'honneur d'une nation algérienne profondément bafouée et ébranlée dans son intégrité morale, cherchant à recouvrir sa complète et totale souveraineté. Nous ne demandons, ni plus, ni moins ! Alors, oui ! Il faut aussi chercher à récupérer de façon déterminée, sans complaisance ni négligence synonyme de faiblesse, l'essentiel de nos biens volés par une soldatesque coloniale pour s'enorgueillir de ses « hauts faits » d'armes, auprès de la gent féminine. Celle fréquentant les grands bals des salons feutrés de la haute société parisienne, de cette époque impériale des va-en-guerre, de ces généraux d'opérette sans honneur mérité, en vulgaires coupeurs de têtes d'indigènes, en spécialistes des enfumades de pauvres et paisibles villageois du Dahra, en sanguinaires et de surcroît, voleurs de biens du patrimoine d'autrui, légitimant tous leurs crimes par cette nécessité disaient-ils, d'apporter la civilisation à un peuple vivant jusqu'à leur arrivée, dans les ténèbres de la barbarie. Alors que ce sont eux, les barbares et les hommes non civilisés qui, en tenue militaire impériale, ont commis les exactions, les crimes les plus abjectes et les plus abominables! Pourtant, aux côtés de ces criminels d'une guerre imposée au peuple algérien et à ses victimes expiatoires, existait et même aujourd'hui, une autre France ! Celle des gens d'honneur, dont la voix est à chaque fois étouffée ! Hommage à celles et ceux nombreux parmi les françaises et les français, honnêtes et courageux, qui ont fièrement jalonnés toutes les étapes de notre histoire commune, en refusant l'injustice et, en condamnant les crimes et les exactions commises en leurs noms ! Que l'on se rappelle bien de ces braves, de ces justes qui ont su à chaque fois rejeter l'injustice, pour éviter l'amalgame et, la tentation de mettre les bons et les mauvais dans un même sac, chaque fois qu'on est tenté de généraliser en passant par des raccourcis, par des simplifications ! Non, cette attitude est loin d'être correcte et, nous devons apprendre à faire la part des choses, entre nos amis et les autres. Particulièrement, ceux qui sont venus pour un seul but : nous asservir, nous déshonorer, nous spolier de nos terres et de nos biens, nous affamer, détruire notre organisation sociale, réduire à néant notre culture et, nous voler tous nos symboles de peuple fier et digne! Comme le canon « Baba Merzoug » cette magnifique pièce d'artillerie pesant douze (12) tonnes, de sept (7) mètres de long et d'une portée de tir exceptionnelle de 4,8 kms pour l'époque. Cette fierté de la puissance maritime algérienne qui donna à Alger, la réputation de citadelle inexpugnable. Pour la petite histoire, ce canon a été conçu de 1536 à 1542 à la fonderie de « Dar Ennahas » à Alger, sous l'autorité d'un fondeur vénitien, suite à la commande du Pacha Hassan, celui qui avait succédé à Kheireddine. Ce canon, est le premier d'une très longue liste d'objets que nos deux peuples se doivent de connaître, s'ils veulent exorciser définitivement les « démons » qui hantent leurs relations faites de petits « flirts » et de beaucoup de « désamours », d'une histoire commune évoluant en dents de scie faut-il le déplorer, au détriment de leurs intérêts stratégiques et à long terme ... Après la chute d'Alger, en juillet, ce canon fût ramené en France, plus précisément en Août 1830 à Brest par le baron Guy Duperré, amiral de la marine française, comme un trophée de guerre de l'armée française , commandée par le général Bourmont. Cette arme redoutable baptisée par les français, du nom de la « Consulaire » en réponse sans doute au « bluff » du coup d'éventail en plumes de paon, pour ne pas dire, du geste anodin du Dey d'Alger pour indiquer la porte de sortie au représentant officiel d'une France qui tardait, ou n'a carrément pas voulu, jusqu'à 1830, honorer ses dettes d'achat de blé à l'Algérie. Ils l'ont surmonté d'un coq en guise de « cocorico » gaulois, maintenant avec fierté sous sa patte, un globe, rappelant plutôt un boulet, en signe arrogant de la puissance impériale de la France. Il fût exposé au public français trois (3) années après son arrivée à Brest, après que ces modifications lui furent apportées et, gît sur son emplacement depuis le 27 juillet 1833 dans l'enceinte même de l'arsenal militaire de cette ville maritime. Après 187 années de « détention de Baba Merzoug », la Fondation Casbah que préside depuis 1999 Mr Belkacem Babaci, n'a de cesse de réclamer son retour sur le site de l'amirauté d'Alger. En 2011, sous la pression de la société civile, la France et l'Algérie se sont mis d'accord sur le principe de sa restitution. Mais comme nous sommes habitués par les voltefaces et les entourloupettes du côté français, Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la défense sous la présidence de Nicolas Sarkozy, avait déclarée : « ce canon fait partie intégrante du patrimoine historique de la Défense », et que « le personnel de la Marine lui manifeste un attachement particulier ». Voyez-vous ça ! Nous sommes donc passés de l'acte de spoliation d'un symbole algérien, à l'expression très touchante et d'une extrême sensibilité romantique, manifestée par une cohorte de marins français ! Oui madame ! Ce que vous dites là, relève du pur délire ! Vos « pauvres » gentils petits marins « Rabaw el kebda ala Baba Merzoug », comme on dit chez-nous ! Mais pensez-vous sincèrement madame la ministre que, cet attachement manifesté à l'égard de notre canon a nettement plus de valeur que, celui exprimé par tout le peuple algérien ? Et puis, pourriez-vous nous expliquer par quel tour de magie, un objet spolié à un pays souverain peut devenir subitement, la propriété patrimoniale du pays qui le lui a subtilisé ? Est-ce là, une règle établie par un pays soucieux de légaliser ses nombreux vols cachés dans ses musées, ou carrément, exposés au milieu de ses jardins et espaces publics ? Ou est-ce plutôt, qu'un simple tour de magie que nous « pauvres colonisés », n'avons pas su convenablement décrypter ? Faut-il alors vous présenter toutes nos excuses pour l'insistance, et « l'insolence » de notre demande, nous qui ne savons « rien de rien », malgré l'effort de la France durant plus d'un siècle, effort chaque fois claironné et, rappelé avec insistance ? Coup de théâtre, en 2012, des voix officielles se sont élevées en France pour saper l'initiative engagée par le comité algérois de la Fondation Casbah, par crainte, disent-ils, de voir toutes « leurs » anciennes colonies demander la restitution des vestiges et pièces archéologiques de valeurs inestimables Et pourquoi pas ? Pourquoi les autorités françaises s'entêtent-elles à garder dans leurs musées, des objets et pièces archéologiques volés à des peuples de la Méditerranée et de l'Afrique? Ont-t-elles consulté le peuple de France, par voie référendaire à ce sujet ? Jusqu'à quand la France officielle devra-t-elle continuer à regarder d'un air méprisant, les populations de ses anciennes colonies chaque jour humiliées, y compris dans les longues chaînes qu'elle leur impose devant les portes d'entrée de ses services consulaires à l'Etranger, que ce soit pour le visa chèrement payé sans que son obtention ne soit garantie, ou pour n'importe quel autre papier de l'administration française ? Oui ! Nous aurons au moins compris que les razzias pratiquées de façon violente, au déni des droits des peuples colonisés et sans considération de toute morale, sont tellement considérables qu'il est à craindre que la France ne devienne le pays aux musées à moitié vides et dont les fonds culturels et historiques vont s'appauvrir, lorsqu'elle aura décidé de faire, sous la présence des femmes et hommes d'honneur, ce geste sans lequel, aucune relation durable ne peut-être considérée comme apaisée et par conséquent, comme fructueuse. Entre une France « repentie » de ses exactions et méfaits commis en terres étrangères et celle, « arcboutée » à son passé colonial et impérial, il faudra bien finir par trancher. Et il ne suffit pas que le président Emmanuel Macron, interrogé par les journalistes sur la question de notre mémoire et s'adressant à nos jeunes qui ne connaissent pas pour la plupart l'histoire de leur pays, leur dise : « Il faut regarder vers l'avenir !» Mais de quel avenir parle-t-il et, fait-il référence ? Ne serait-il pas, celui indexé aux risques d'une traversée périlleuse de la Méditerranée, dans une embarcation de fortune, pour finir englouti ou rejeté par la Mer ? Dans le meilleur des cas, monsieur le président, notre « Harrag » sera emprisonné lorsqu'il sera arrivé péniblement sur l'autre rive, pour être rapatrié par la suite ? Ne leur suggère-t-il pas de se délester de cette mémoire encombrante pour son pays ? Ce serait-il permis de dire la même chose à de jeunes françaises et français, sans voir sa côte chutée au plus bas ? N'est-il pas entrain de nous suggérer de nous défaire de nos racines pour qu'on puisse d'après lui, devenir plus fréquentables ? Trêve de plaisanterie, de bouffonnerie ! Pour ce qui nous concerne, nous devons savoir vers où orienter notre regard, pour tisser de saines relations durables, pour avancer d'un pas résolu vers l'avenir avec ceux qui le souhaitent vraiment et nous respectent, même si, ils ne sont pas forcément français ! Il n'y a plus de temps à perdre pour nous ! Nous avons pris trop de retard sur les autres ! Tout doit se concevoir dans un climat serein et apaisé, d'une authentique coopération délestée des incompréhensions, des tares et arrières pensées trainées jusqu'à présent et, bâtie sur l'intérêt mutuel de relations décomplexées et contractées dans un climat empreint de respect et de considération d'égal à égal. Tout le reste, n'est que palabre et pure hypocrisie, tous deux synonymes de perte de temps, plus pour nous que pour la France. Alors ! Attention aux « terrains truffés de mines » et aux « propos mielleux » de la diplomatie française de la « valse à deux temps » : on dit une chose à Alger et, on la corrige très vite, dès son retour à Paris ! Nous devrions apprendre à mieux défendre et préserver nos intérêts, ainsi que l'honneur de notre pays ! Nous ne devons plus tolérer et accepter d'être considéré comme seulement, un marché protégé pour avoir été une ex-colonie française ! Ça suffit ! Ce manège n'a que trop duré ! On doit maintenant veiller à ce que nos propres intérêts soient défendus et sans concessions ! Après tout, si on en est là pour constater l'échec dans nos relations avec la France, ce n'est nullement la faute de l'Algérie ! Tout a commencé par ce coup de « bluff » ! Une conquête qui a été menée dans le but exclusif de s'approprier les immenses trésors de la Régence d'Alger ; c'est ce que révèle le livre : « Main basse sur Alger, enquête sur un pillage » écrit par Pierre Péan, célèbre journaliste et écrivain français, paru chez Plon à Paris et, réédité par les éditions Chihab à Alger. Nos compatriotes gagneraient énormément à le lire, ou à le relire ! L'auteur de ce livre très documenté, nous apprend que Charles X avait besoin de fonds secrets importants, en vue de se maintenir au pouvoir et d'y faire accéder la bourgeoisie montante pour corrompre les consciences, afin de disposer d'une majorité absolue qui accepterait de retourner le corps électoral et le retour de la monarchie absolue! C'est là, un « scoop » d'une extrême importance, puisque nous savons maintenant, que la « Chkara » est plus une découverte de la monarchie française, qu'algérienne, dont on soupçonnait la naissance dans les souks de l'informel et de l'économie bazarie ! La seule différence étant, dans le contenant ! Chez-eux, il s'agissait d'une bourse en cuir ou en tissu dotée d'un cordon et chez-nous, d'un vulgaire grand sac en plastique noir, réservé à l'origine à mettre des déchets destinés à la poubelle et, devenu le moyen idéal pour tasser de grandes quantités d'argent sale, mal acquis ! Mais rassurez-vous, dans les deux cas, c'est soit de l'or volé ou, de l'argent sale mal acquis! Pierre Péan écrit qu'il est : « Difficile d'expliquer au bon peuple que les défenseurs de la Chrétienté, censés être venus à Alger punir les pirates barbaresques, s'étaient livrés à un pillage éhonté »! Et d'ajouter : « tout à donc été fait pour que ce scandale fût étouffé » ! Après une longue enquête, Pierre Péan a retrouvé les traces très embrouillées de l'or découvert dans les caves de la Casbah d'Alger, où étaient entassés pêle-mêle, des monceaux de quadruples d'Espagne et du Portugal, des mocos, des piastres fortes d'Espagne, des boudjous d'Alger et d'autres monnaies. Ce butin est chiffré à plus de 500 millions de francs de l'époque, soit l'équivalent de quatre (4) milliards d'euros. L'auteur nous dit que : « Louis-Philippe, la duchesse de Berry, des militaires, des banquiers et des industriels, comme les Seillière et les Schneider, ont tous profité de cette manne ». Il estime que : « le développement de la sidérurgie française doit ainsi beaucoup à l'or d'Alger... ». Dans cette chasse à la vérité, Pierre Péan fait revivre de grands aventuriers, donnant une place particulière à Jean-Baptiste Flandin, un homme d'honneur qui s'est battu pour dénoncer les pilleurs, ainsi qu'au maréchal de Bourmont, authentique maître d'œuvre de toute cette aventure. Alors ! Qui a dit que la France est venue pour nous civiliser ? Nous pouvons dire que le grand poète Victor-Hugo, Jules Ferry, Alexis De Tocqueville et tous les autres adeptes et ou théoriciens si nombreux de la colonisation française de l'Algérie, nous ont menti, à la fois nous et, à leur peuple ! Et même aujourd'hui ! Ne cherche-t-on pas à mettre main-basse sur les réserves énergétiques de notre immense Sahara ? Pour mémoire, rappelons à nos lectrices et lecteurs que, la question de la souveraineté du Sahara, fût il y a plus de 56 ans, le point d'achoppement des négociations algéro-françaises et, la cause de la rupture des discussions des rencontres d'Evian, du 20 mai au 13 juin 1961, puis de Lugrin, du 20 au 28 juillet 1961. Il a fallu attendre les négociations d'Evian, de mars 1962, pour que l'Algérie fasse admettre à la France, sa souveraineté sur toute l'immensité de son Sahara. Aujourd'hui, c'est beaucoup plus, des multinationales et grands groupes financiers et économiques que, des armées avec leurs hauts gradés, qui sont le fer de lance des nouvelles conquêtes et des dominations néocoloniales dans l'ère de la mondialisation du capitalisme sauvage. Les Bugeaud, Bourmont, Saint Arnaud et tous les autres militaires conquérants, ont été remplacés par les stratèges et économistes de Total ! Alors, il est peut-être utile de se poser au moins deux questions ! Pourquoi ce grand groupe français qui pourtant ne maitrise par la technique américaine d'extraction du gaz de schiste par fracturation hydraulique, se montre si disposé et capable d'exploiter nos grandes réserves du Sahara ? Pourquoi la France qui interdit l'exploi-tation du gaz de schiste sur son territoire, comme tout le reste d'ailleurs d'autres pays européens, pousse-t-elle le Gouvernement algérien à s'engager dans une politique aléatoire et dangereuse, tant le risque par rapport à la durabilité de nos réserves en eau de l'albien, est trop important ? Cette question d'exploitation du gaz de schiste a été largement développée dans deux de mes articles parus sur le Quotidien d'Oran (les 5 février 2015 et 12 octobre 2017). Dans le même temps, la France, qui elle défend ses intérêts stratégiques à long terme, programme l'équipement de 30.000 ha pour le développement de l'énergie solaire, afin de réaliser 30 MW, soit l'équivalent de la production de trente (30) de ses stations nucléaires. Voilà les politiques suivies par ceux qui nous poussent à exploiter le gaz de schiste et qui trouvent chez-nous, des échos favorables parmi bon nombre de nos responsables ! Oui, le groupe Total est chez-nous, dans la position de ce « coiffeur novice » qui cherche à se faire la main sur les têtes des enfants orphelins ! Il est venu comme dit le dicton populaire:«Yet alem el h'sana fi ras el yatama »! Alors ! Ne peut-on pas demander à la France d'investir chez-nous, dans le cadre de politiques économiques mutuellement avantageuses, au moins pour l'équivalent de ce qui a été spolié en juillet 1830 par les troupes conquérantes, soit quatre (4) Milliards d'euros ? Sinon ! Devons-nous continuer à être ainsi toujours, les dindons de la farce ? *Professeur