La filière boisson subit de plein fouet les conséquences de l'interdiction d'importation des matières premières de production de cette industrie. Dans un communiqué, l'Association des producteurs algériens de boissons (APAB) a dénoncé hier cette situation qui met, selon elle, en danger la viabilité des outils de production. « Au nom de l'ensemble des membres, nous souhaitons vous soumettre une contrainte majeure que nous subissons depuis le début de cette année et qui met en danger la viabilité de nos outils de production. Il s'agit des matières premières de production de notre industrie qui se retrouvent listées parmi les produits soumis à la suspension temporaire à l'importation, et ce malgré le fait indéniable qu'elles ne bénéficient, à court terme, d'aucune équivalence locale, ni en qualité ni en quantité », indique l'APAB dans un communiqué. L'Association affirme avoir transmis diverses correspondances au ministère du Commerce, et ce dès l'annonce de la publication d'une liste de produits qui seront suspendus à l'importation, dans lesquelles l'APAB a souligné la nécessité de préserver ses unités de production en maintenant leur approvisionnement régulier en matières de production lorsque celles-ci ne sont pas disponibles localement. « Toutes ces correspondances sont restées sans retour à ce jour », précise l'Association. Aussi, l'APAB a saisi la Commission Intersectorielle Chargée du Suivi et de l'Evaluation des mesures de sauvegarde, une séance de travail, s'est tenue le 15 février dernier. A l'issue de celle-ci, il a été recommandé, selon la même source, que la filière se réunisse avec les acteurs producteurs d'arômes, ce qui a été fait avec le Consortium des fabricants d'arômes, en date du 19 février dernier. Ces derniers ont clairement reconnu, selon l'APAB, qu'ils n'étaient pas en mesure, dans l'immédiat, de fournir notre industrie avec nos besoins complexes et variés en arômes. « Toutes ces données ont été communiquées à la Commission intersectorielle comme au ministère du Commerce mais, à notre grand désarroi, aucune réaction ne nous est parvenue ni aucune mesure n'a été prise. Notre association, à travers ses nombreux acteurs, a toujours œuvré à collaborer avec les autorités compétentes dans un esprit de dialogue et de concertation», ajoute le communiqué, en ajoutant «Il nous semble utile de souligner que nous avons toujours encouragé le développement des activités en amont de notre filière et avons même œuvré à la structuration de nombre d'entre elles en faisant appel à leurs produits et services ». La filière a toujours consommé national, tient à préciser l'association, lorsque ce même produit national est conforme et régulier en termes de qualité et de disponibilité. Malheureusement, regrette l'APAB, ceci n'est pas encore le cas pour certains intrants de base « dont l'impact qualitatif est conséquent sur nos produits ». « Nous avons, parmi nos membres, des entreprises de notoriété qui ont épousé ce métier depuis des décennies et qui auraient, très certainement, favorisé la matière première locale si cette dernière était satisfaisante. Les entreprises de production de boissons sont des acteurs de la production nationale,tout autant que tous les autres producteurs algériens, que nous souhaitons tous sauvegarder et développer», indique-t-on. Quelles que soient les assurances qui ont pu être apportées par certains fournisseurs des matières premières citées, l'APAB affirme assumer ses propos en affirmant qu' «aucun producteur local n'est en mesure pour le moment de nous les fournir dans les quantités et qualité exigées par notre filière dont la notoriété des produits a dépassé nos frontières». «Comme souligné plus-haut, et de l'aveu même des producteurs algériens d'arômes, ces derniers sont aujourd'hui dans l'incapacité de satisfaire tous les besoins de notre industrie en termes d'huiles essentielles et d'arômes et que cela nécessitera du temps. En cette période de préparation des besoins du marché pour le mois du ramadhan et pour la saison estivale, constituant une période sensible durant laquelle toute pénurie est à exclure, la situation pour nous devient très tendue et met en péril la pérennité de notre filière », conclu l'APAB.