« Aucun contrat n'a été conclu avec aucune partie dans le domaine de l'exploitation du gaz de schiste ». C'est la réponse « catégorique » de Mustapha Guitouni à une question qui lui a été posée lundi à Oran lors d'un point de presse. « Nous sommes encore à l'étape de l'étude », a expliqué le ministre de l'Energie. Thème encore et toujours d'actualité, le gaz de schiste était au centre de certaines précisions apportées par le premier responsable du secteur de l'Energie au détour d'une conférence de presse tenue en marge de la 11e édition des journées scientifiques et techniques de Sonatrach, qui s'est ouverte lundi au Centre des Conventions d'Oran. « Aucun contrat n'a été conclu ». Cela s'entend, le ministre voulait dire « jusqu'ici », étant donné que la question du recours de l'Algérie à l'exploitation du gaz de schiste est déjà tranchée et il suffit pour s'en convaincre d'écouter la suite de la réponse du ministre de l'Energie : « Il est inconcevable que des moyens et des ressources énergétiques importantes ne soient pas exploités », en référence notamment au gaz roche-mère dont l'Algérie possèderait le 3e plus grand gisement au monde. M. Guitouni a ajouté que « pour exploiter le gaz de schiste, nous devons attendre dix ans au moins, car il y a différents dispositifs à prendre, notamment les études et les analyses », précisant que « plusieurs études sont menées pour examiner les moyens d'exploitation des différentes ressources énergétiques, notamment l'exploitation des hydrocarbures en off-shore ». La précision du ministre infirmant la conclusion de contrat en matière d'exploitation de gaz de schiste intervient, il est vrai, sur fond d'informations convergentes faisant état d'un regain d'intérêt -et même de démarches déjà entreprises en ce sens auprès de Sonatrach- de la part de nombre de multinationales, dont BP, Total, Shell, ENI et Anadarko, pour l'investissement dans ce domaine au niveau du sud algérien. LE CONTEXTE DES PRECISIONS DE GUITOUNI Lesquelles compagnies pétrolières étaient d'ailleurs très emballées en 2012-2013 pour décrocher des contrats avec Sonatrach dans la foulée des amendements de la loi sur les hydrocarbures de 2005, mais qui ont vu leurs ardeurs refroidies par la fameuse opposition au gaz de schiste de cette époque-là. Cependant, ce que cherche Sonatrach dans cette « phase d'étude », c'est surtout la confirmation du potentiel gaz de schiste, le transfert de savoir-faire et le partage du risque. Or il faudra attendre la promulgation de la loi sur les hydrocarbures en 2019 avec sans doute des incitations pour développer les ressources non conventionnelles, pour assister au lancement de l'appel d'offres en matière d'exploration et, partant, à une nouvelle dynamique partenariale. A ce sujet, on ne peut que faire un lien avec les messages en interne et en externe véhiculés par le ministre de l'Energie lors de l'évènement international organisé par Sonatrach à Oran en présence de quelque 1.500 délégués représentant 27 pays, dont des représentants de firmes pétrolières de renom déjà installées sur le marché algérien ou en quête d'un premier contrat avec Sonatrach. « Les conditions d'investissement et l'amélioration de l'environnement général dans son ensemble pour les activités hydrocarbures devraient se traduire par une meilleure visibilité pour nos partenaires et assurer un partage équitable des risques et des bénéfices », a en effet souligné M. Guitouni dans son allocution d'ouverture. «Ces conditions, en cours d'amélioration, permettront notamment l'adoption de mesures plus incitatives pour les activités d'exploration et de production de gisements avec les partenaires de l'Algérie», a-t-il ajouté, réaffirmant la détermination de l'Algérie à «renforcer ses relations avec ses partenaires et tout investisseur potentiel». Le ministre a évoqué à ce titre la réflexion engagée pour «l'introduction de nouvelles mesures d'encouragement du partenariat» dans le cadre du projet de refonte de la loi relative aux hydrocarbures, actuellement au stade de projet, notant que ces mesures permettront «une meilleure attractivité du domaine minier national». SONATRACH A BESOIN DE DIGITAL Pour sa part, le P-DG du groupe Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, a indiqué que de nombreux chantiers pour développer l'énergie solaire ont été ouverts par son groupe, qui a investi plus de 1.6 gigawatts d'énergie solaire. «Nous avons besoin de technologies et de savoir pour développer l'industrie de l'énergie solaire», a-t-il lancé, expliquant que «l'Algérie a besoin de solutions pour augmenter ses réserves et Sonatrach a besoin de digital, devenu un outil de travail incontournable pour améliorer le rendement et le coût». «L'une des clés importantes pour le développement du groupe Sonatrach et ses partenaires, c'est l'utilisation du digital pour l'amélioration du rendement», a-t-il estimé. «L'Algérie demeurera debout et Sonatrach aussi», a-t-il clamé, ajoutant que Sonatrach œuvrera pour drainer des investisseurs étrangers. Le P-DG de Sonatrach a par ailleurs affirmé que le groupe a fixé la date du 30 avril pour annoncer le bilan de l'année 2017 et présenter sa stratégie de l'horizon 2030. Au début de sa visite à Oran, dans la matinée, le ministre de l'Energie s'était rendu notamment au projet d'une centrale électrique à gaz de combustion implantée Boutlélis, qui sera intégrée au réseau national et fournira notamment pour Oran et les wilayas limitrophes 446 MW dès juillet prochain puis 223 MW supplémentaires à la fin septembre. L'occasion pour le ministre d'annoncer que l'Algérie ambitionne de produire environ 25.000 MW d'électricité à l'horizon 2025 au moyen des centrales électriques classiques, ainsi qu'un apport de 2.000 MW à partir des stations d'énergie solaire. 10 MILLIONS DE DOLLARS POUR 25.000 MEGAWATTS EN 2025 M. Guitouni a ajouté que l'exportation de l'électricité sera envisagée lorsque les besoins du marché national seront satisfaits et se fera, en premier lieu, vers la Tunisie et la Libye, précisant que des échanges se font déjà à la demande lorsque la nécessité se fait sentir. Par ailleurs, M. Guitouni a affirmé qu'un pic de consommation de l'ordre de 15.000 MW est atteint le mois de juillet de chaque année, alors que le reste de l'année celui-ci ne dépasse pas les 8.000 MW. De son côté, le P-DG de la Compagnie de l'Engineering de l'électricité (PCEE), Chikhaoui Mohamed, a indiqué que les centrales électriques en cours de réalisation produiront quelque 8.000 MW. Le même responsable a ajouté que dans le secteur de l'électricité quelque 1.500 projets, dont des centrales, des transformateurs et des réseaux de transport d'électricité, sont en cours de réalisation, pour un budget de 10 millions de dollars.