La FAF sous l'ère Zetchi sera mise à rude épreuve aujourd'hui à l'occasion la tenue de son assemblée générale ordinaire. Zetchi et son équipe sont appelés à défendre leurs bilans moral et financier qu'ils avaient transmis auparavant aux membres de l'AG, sachant que l'actuelle FAF a été élue le 21 mars 2016. En ce sens, il s'agit pour la fédération de présenter son premier bilan d'activités, marqué par des bourdes et des maladresses commises par la FAF, dont la composante du bureau fédéral est très contestée à cause de son manque d'expérience ou de son incompétence. Les 48 présidents des Ligues de wilaya et les neuf présidents des ligues régionales ainsi que les 32 présidents des clubs des Ligues 1 et 2 auront à se prononcer sur le bilan de la FAF qu'ils doivent approuver ou refuser. L'approbation du bilan de la FAF signifie la poursuite de la mission de Zetchi, alors qu'en cas de rejet, Zetchi et son équipe seront appelés à démissionner et organiser une AG élective. C'est dire tout l'enjeu de l'assemblée d'aujourd'hui. Aussi, l'AGO de la FAF intervient dans un contexte très sensible. La haine entre les supporters algériens provoqués par les derniers actes de violence et les dernières sanctions de la FAF, risquent de se retourner contre cette instance. Les membres de l'AG ne manqueront certainement pas d'interpeller la FAF sur ces événements qui n'honorent pas le football national et l'Algérie. Vers un débat houleux et l'adoption des bilans A la veille de cette AGO, on a laissé entendre que des membres de l'assemblée contestent le bilan de la FAF et devraient de ce fait le rejeter. Il reste à savoir à présent si ceux qui rejettent le bilan de la FAF sont majoritaires ou non au sein de l'assemblée. Du fait des expériences du passé, il ne faut pas s'attendre à ce qu'il y ait des changements lors de cette AG. Les membres de l'AG de la FAF ont toujours fait allégeance au président quel que soit son nom. Il s'agit pour les membres de l'AG de préserver leurs intérêts et d'assurer leur maintien dans les postes respectifs qu'ils occupent. Ceux qui osent contester les bilans de la FAF sont pour la plupart des membres qui font du chantage, alors que les opposants authentiques, animés de la volonté de défendre et de préserver les intérêts du football national se comptent sur les doigts d'une seule main. En ce sens, il faut s'attendre à ce que les bilans de la FAF soient approuvés par les membres de l'AG. Ces mêmes membres avaient approuvé en 2016 à l'unanimité les bilans de l'ancienne FAF dirigée par Raouraoua avant d'élire Zetchi. C'est le sport favori des membres de l'AG de la FAF, passés spécialistes en matière de retournement de veste. Cela dit, un débat houleux devrait marquer cette AGO. Cependant, Zetchi a tout fait pour éviter qu'il y ait dérapage en contraignant les intervenants à faire parvenir à la FAF leurs interventions ainsi que le sujet sur lequel ils comptent intervenir. Une manière de brimer les débats pour ne pas dire de les annihiler, comme cela se passait au temps de Raouraoua. Ce dernier ne devrait pas assister à l'AGO en raison de ses engagements à l'Union arabe de football, le tirage de la coupe arabe des clubs étant prévu demain à Djeddah en Arabie saoudite. Le dur apprentissage de Kheireddine Zetchi Malgré un bilan mitigé, pour ne pas dire négatif, il est attendu que les membres de l'AG donnent le quitus à Zetchi afin de poursuivre son mandat. Ils comptent lui accorder un sursis et des circonstances atténuantes du fait de son manque d'expérience, sachant que Zetchi était habitué à gérer le paisible club du Paradou AC avec zéro pression, le club n'ayant pratiquement pas de supporters. Pourtant, Zetchi avait débuté son mandat par la bourde du sélectionneur national, l'Espagnol Lucas Alcaraz, limogé à peine quatre mois après son recrutement. Une maladresse suivie par une autre maladresse, celle d'avoir engagé Rabah Madjer qui ne fait pas l'unanimité, surtout qu'il a pris la décision controversée de boycotter la presse nationale tout en continuant de s'exprimer dans les médias publics et étrangers. La deuxième faute commise par Zetchi concerne la désignation de Fodil Tikanouine à la tête de la direction technique nationale (DTN) avant d'être limogé suite à ses disputes avec des membres de la DTN. Le président de la FAF a également provoqué une crise au sein du bureau fédéral quand il avait désigné un responsable à la tête de la commission fédérale d'arbitrage, alors que celle-ci devait être présidée par Messaoud Koussa qui est un membre élu du bureau fédéral. Cet épisode avait provoqué une crise suite au limogeage de Koussa par Zetchi avant qu'il ne décide de le réintégrer au sein du bureau fédéral. Les litiges entre Zetchi et des membres du bureau fédéral ont également nui à la FAF qui avait commencé à perdre progressivement sa crédibilité. Du fait du manque de solidarité entre les membres du bureau fédéral et l'incompétence de certains d'entre eux à gérer la FAF, cela avait amené Jahid Zazaf à démissionner, alors qu'il devait s'occuper de l'équipe nationale, comme il le faisait au temps de Raouraoua. Sa démission a été suivie par celle de l'ancien président de la Ligue de football nationale et ancien vice-président de la FAF, Mohamed Mecherara, qui occupait le poste de conseiller bénévole de Zetchi. Ces démissions ne sont pas faites pour ramener la sérénité à la FAF qui a été ébranlée par l'affaire de la candidature du vice-président de la fédération, Bachir Ould Zmirli au comité exécutif de la CAF. Sa candidature n'était jamais parvenue à la CAF en raison d'une erreur administrative de la FAF, ce qui avait provoqué l'ire d'Ould Zmirli qui s'en était pris à la FAF et à son secrétaire général. Parallèlement à ces maladresses, le clan de Raouraoua, représenté par la ligue de football professionnel que présidait Mahfoud Kkerbadj, exploitait la moindre faille pour saquer davantage la crédibilité de la FAF. Lassé des tentatives de coup d'Etat fomentées par le clan de Raouraoua, Zetchi avait fini par prendre son courage à deux mains pour décider de la dissolution de la LFP. Toutefois, la dissolution de la LFP risque de se retourner contre Zetchi qui a mis en place un directoire, chargé de la gestion des compétitions. Dans ce sens, la FAF a déjà montré ses limites suite à la gestion calamiteuse de la coupe d'Algérie. Cette gaucherie de la FAF a attisé la violence, notamment après le match de coupe d'Algérie JSK - MCA. C'est ainsi que le ministre de l'Intérieur a été contraint d'intervenir pour calmer les esprits en mettant en place une commission d'enquête pour faire la lumière sur ce qui s'est produit lors du fameux match de coupe JSK - MCA. Cumul de fonctions des membres du BF Une année après l'élection de la FAF, des membres du bureau fédéral continuent de cumuler des fonctions. Il s'agit de Messaoud Koussa, qui est toujours président de la ligue de Sétif, Nourdine Bakiri, qui dirige la ligue de Bouira et encore Amar Bahloul, qui est président de la ligue de wilaya d'El Tarf et aussi président du directoire chargé de la gestion des compétitions. Les membres du BF qui sont appelés à veiller à l'application des règlements de la FAF et des lois de la République sont les premiers à les piétiner d'où le manque de la crédibilité de la FAF. Situation financière inquiétante de la FAF La FAF, qui jouissait d'une aisance financière au point de refuser la subvention du MJS, se retrouve dans une situation financière peu reluisante. Les indemnités que la FAF devait verser à Alcaraz et ses adjoints ont affecté considérablement son budget. Les recettes de la FAF ont été également réduites à cause du manque de sponsors, lesquels ne se bousculent pas au portillon de la fédération après l'élimination de l'équipe nationale de la coupe du Monde 2018 et ses mauvais résultats en coupe d'Afrique des nations. A terme, la FAF risque de connaître des difficultés financières qui pourraient avoir des conséquences néfastes sur le développement et la formation. La DTN et les sélections des jeunes catégories: le salut de la FAF La mise en place d'une DTN forte et la structuration des sélections des jeunes catégories pourraient constituer la planche de salut pour la FAF. Cet aspect pourrait être exploité par Zetchi afin de défendre son bilan, d'autant plus qu'il soumettra aux membres de l'AG l'annulation du projet de construction d'un hôtel pour le remplacer par l'édification de quatre centres de formation régionaux. Une carte que Zetchi exploitera pour bénéficier de la confiance de l'AG de la FAF. Il utilisera aussi les recommandations du symposium sur le renouveau du football national, organisé le mois de décembre dernier. Une de ces recommandations, c'est de lancer un championnat amateur dans la région sud-ouest du pays.