Plus que jamais, les pays africains doivent hâter une solution démocratique au Sahara Occidental. Ils doivent appuyer plus franchement les efforts de l'ONU pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination dans l'ancienne colonie espagnole, envahie en 1975 par le Maroc qui ne veut plus lâcher prise. Au sommet de Nouakchott, les chefs d'Etat et de gouvernement africains, maintenant que le Maroc a été réadmis au sein de l'organisation, ne doivent plus tergiverser ou attendre des signaux de quelques pays-lobbies du Maroc pour mettre fin au dernier dossier de décolonisation en Afrique. Les pays africains ont mis trop de temps à s'investir dans une question pourtant frontale, essentielle et symbolisant tous les combats des peuples africains pour la fin de l'asservissement, de la colonisation et la chute des empires coloniaux. Ne reste que cette épineuse question sahraouie qui divise les Africains au gré des ralliements, là à l'ancienne puissance coloniale, ici au lobbying financier, ailleurs aux appuis politiques du Maroc. Maintenant que le SG de l'ONU a désigné un nouvel envoyé personnel au Sahara Occidental, qui a terminé ces derniers jours une mission dans la région, l'Union africaine doit être plus ferme et ses pays membres plus solidaires pour aider l'institution onusienne à trouver rapidement la voie vers l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara Occidental et, surtout, la reprise sincère des discussions maroco-sahraouies pour une solution politique et démocratique à ce conflit qui n'a que trop duré. C'est la mission en fait assignée au Tchadien Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l'Union africaine, qui a présenté hier dimanche lors d'une session à huis clos, avant même l'ouverture officielle du sommet, un rapport très attendu sur le Sahara Occidental. Au-delà des aspects protocolaires, techniques et diplomatiques de ce rapport de l'UA, il est attendu en fait des pays africains qu'ils collaborent un peu plus solidairement à la résolution de ce conflit et, surtout, à mettre un terme aux souffrances du peuple du Sahara Occidental. Après le passage dans la région de Horst Köhler, et son rapport qu'il doit présenter au SG de l'ONU, l'UA doit également, de son côté, progresser dans ce dossier et ne plus perdre de temps, car la résolution démocratique de ce conflit mettra définitivement l'Afrique à l'abri des tentatives de domination d'une nation par une autre et l'affranchira de l'un des systèmes politiques les plus honnis. A Nouakchott, il s'agira pour les pays africains de rester concentrés et unis pour une solution consensuelle définitive du conflit au Sahara Occidental et, surtout, d'accompagner les efforts de l'ONU pour dépasser les pièges que ne manque pas de poser le Makhzen pour rendre difficile le parcours de toutes les bonnes volontés qui travaillent pour un rapprochement des positions. Et, surtout, pour que les grandes puissances qui cautionnent ouvertement la colonisation du Sahara Occidental et l'asservissement de son peuple, avec leur soutien pour « la troisième voie », évoluent vers des positions plus conformes au droit international et le droit des peuples à l'autodétermination. Car il est vital pour l'Afrique, si elle veut rester fidèle à ses grands révolutionnaires, ses icônes politiques, ses martyrs broyés par les empires coloniaux, de parler d'une même voix. Et de dénoncer cette injustice faite au peuple du Sahara Occidental de ne pouvoir s'exprimer librement sur son avenir. A Nouakchott, il n'est pas attendu, certes, une évolution extraordinaire du dossier, mais il est permis d'espérer que les pays africains fassent mieux que de regarder un peuple mourir à petit feu.