Le mouvement Mouwatana descendu, dimanche dernier, dans la rue pour protester symboliquement contre un cinquième mandat pour Bouteflika a appris que même si l'action est pacifique, limitée dans le temps et l'espace, elle n'en est pas moins interdite par les pouvoirs publics. L'interpellation des manifestants par la police et la célérité des services de sécurité à intervenir contre toute action publique de l'opposition renseignent sur la nervosité d'un pouvoir qui craint que la contestation ne prenne racine à travers ces regroupements. Les organisateurs dénoncent, pour leur part, cette répression policière et s'élèvent contre l'illégalité de l'interdiction de leur sit-in puisqu'étant anticonstitutionnelle. Si Mouwatana a allié la parole à l'acte, en sortant manifester dans la rue, le pouvoir s'arc-boute sur ses positions et défend sa logique qui l'autorise à réprimer toute voix contraire au programme officiel. Ayant appris ses leçons du «Printemps arabe», le régime ne tolérera jamais une occupation d'une place symbole à Alger, ou dans d'autres villes du pays, qui puisse servir de rampe de lancement à un mouvement citoyen plus large quitte à charger dans le tas. Si le mouvement n'a pas compris cela, c'est qu'il doit impérativement changer de stratégie dans son action contestatrice. Malheureusement, il est clair que les dés, pipés par ailleurs, sont jetés et que les jeux sont déjà faits. Les membres de Mouwatana ne le savent que trop, eux, qui ont accusé le gouvernement et les partis «clients du pouvoir» d'être entrés «de leur propre aveu» en campagne électorale anticipée au profit du candidat Bouteflika. Plus que cela, tous les événements qui ont secoué le pays ces derniers temps sont en étroite corrélation avec 2019 et malin celui qui définira les règles de la partie. Les contre-pouvoirs sautant les uns après les autres, si d'aventure ils ont réellement existé, la route semble dégagée pour un nouveau mandat présidentiel et ne reste qu'à réunir l'argent pour financer une telle campagne. Si certaines voix évoquent quatre milliards à trouver coûte que coûte, il est à parier que tous les mécanismes sont prêts à l'allumage. Les chauffeurs de salle, Ould Abbès, Ouyahia et les autres présidents de partis satellitaires, ont d'ores et déjà voté.