Les revendications des médecins résidents, si elles ne sont pas encore toutes satisfaites du côté de leur tutelle, le ministère de la Santé, enregistrent cependant une avancée importante sur le terrain de leur formation et la poursuite de leur cursus universitaire. Un accord obtenu mardi avec le ministère de l'Enseignement supérieur a permis de baisser de plusieurs crans la tension, après les interrogations quant à l'avenir des résidents, qui n'avaient pas terminé l'année du fait de la grève observée par le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). Cet accord a pratiquement sauvé l'année pédagogique pour la plupart des résidents, entrés en grève dès novembre dernier. Selon l'accord obtenu mardi, l'année universitaire 2018 sera prolongée jusqu'à février 2019. Des cours de rattrapage seront donnés pour l'ensemble des années de résidanats, et les examens se tiendront en janvier, puis seront suivis par une session de rattrapage prévue en février 2019. Quant à l''évaluation pour les années intermédiaires, elle est prévue en janvier 2019, indiquent des membres du Camra. La décision de prolonger l'année universitaire 2018 jusqu'à février 2019 a été décidée pour répondre aux nombreuses anomalies et irrégularités 'enregistrées dans les différents services à travers les régions'', selon un responsable au ministère de l'Enseignement supérieur. 'Ces étudiants n'ont pas été traités de façon équitable. Il y a un écart important d'un service à un autre, où il y a zéro validation'', a indiqué le président national d'un comité pédagogique de spécialité, qui a expliqué que 'nous proposons une prolongation de l'année jusqu'au mois de décembre et la mise en place d'un planning des épreuves intercalaires pour les 2e, 3e, 4e et 5e années et une évaluation en janvier pour les étudiants en 1re année de résidanat sous forme d'examen''. Il a rappelé que 'pour plus de dix jours d'absence non justifiée, l'étudiant est recalé, alors que les résidents ont observé sept mois de grève.'' Il ajoute: 'ces étudiants n'ont rien appris. Comment peut-on valider une année universitaire sans qu'ils aient pris connaissance de tout un programme qui s'étale sur 12 mois ?''. D'où cette décision du ministère de prolonger l'année universitaire 2018, avec des cours de rattrapage, jusqu'en février 2019, d'autant que des services avaient validé l'année pour des étudiants, alors d'autres services dans d'autres régions avaient recalé les étudiants. Une décision du ministère de l'Enseignement supérieur bien accueillie par les membres du Collectif, qui l'ont saluée. Pour tous les résidents, c'est 'une bonne chose'', même si 'le processus de nos revendications est maintenu'', a déclaré au « Le Quotidien d'Oran » un membre du Collectif. D'autres membres du Camra ont également salué'' la décision du département de M. Hadjar, qui va éviter aux résidents 'une année blanche''. Pour ceux qui ont obtenu leur DEMS (diplôme d'études médicales spécialisées) au mois de juillet dernier, ils ont déjà reçu leur affectation pour le service civil, nous a indiqué de son côté un membre du Camra de Blida, Nabil Kellal. Le professeur Salah Bendib, doyen de la faculté de médecine d'Alger et membre de la commission de coordination du ministère chargée de discuter avec le Camra, a salué l'initiative du ministère de l'Enseignement supérieur, estimant, dans une déclaration de presse, que 'le ministre a pu convaincre les différentes parties d'aller vers une sortie honorable de cette situation complexe.'' Revendications maintenues Après l'accord avec le ministère de l'Enseignement supérieur, l'année universitaire 2019 débutera au mois de mars, c'est-à-dire après les séances de rattrapage. Mais elle s'étalera jusqu'au mois de septembre. Un des membres du Camra, joint par Le Quotidien d'Oran, qui a requis l'anonymat, a indiqué par ailleurs que 'nous acceptons la décision (du ministère de l'Enseignement supérieur) telle quelle'', ajoutant qu'il y a ' le problème de ceux qui ont échoué au DEMS, et là, eux ils n'ont rien eu.'' 'Nous, on continue dans notre processus de revendications, et nous attendons surtout la concrétisation du PV du mois d'avril avec le ministère de la Santé'', a-t-il expliqué, avant de préciser que 'nous attendons de voir sur le terrain, s'il a été appliqué''. Le collectif attend également la réaction des médecins résidents sur leurs conditions de travail après leur affectation dans le cadre du service civil, qui a commencé en septembre. Par ailleurs, les examens pour l'obtention du DEMS pour les recalés de la session de juillet sont prévus au mois de mars. Environ 820 étudiants doivent refaire leur examen fin mars prochain, après avoir échoué lors de la session de juillet dernier. Le ministre de l'Enseignement supérieur avait refusé, rappelle-t-on, qu'il y ait une session de rattrapage pour ceux qui ont échoué à leur examen, et doivent donc refaire cet examen en mars. Des sources proches du Camra indiquent que près de 50% des étudiants qui ont passé leur DEMS en juillet avaient raté leur examen, contre seulement 30% annoncés par le ministère de l'Enseignement supérieur. Quant aux résidents, qui seront admis en octobre prochain, ils auront un cursus normal et leurs examens sont prévus en juin 2019. Sur le front des revendications, le Camra campe toujours sur ses positions, et attend l'application du PV signé au mois d'avril dernier avec le ministère de la Santé. La protestation avait repris début septembre après un gel de deux mois. Les revendications portent notamment sur l'abrogation du caractère obligatoire du service civil et son remplacement par un autre système de couverture sanitaire, le droit à la dispense du service militaire, le droit à une formation de qualité, la révision du statut général du résident, le droit aux œuvres sociales, ainsi que le droit à l'agrément d'installation à titre privée de spécialistes en biologie clinique.